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Ysaline tentait de contrôler les tremblements de sa jambe gauche. Elle était assise dans la petite salle d'attende de Par-delà la Tombe, une petite entreprise spécialisée dans la nécromancie. Ysaline avait appelé la nouvelle manageuse fraichement promue, Tania, une vieille copine de fac. Elle n'était pas une très bonne réanimatrice, mais elle était douée pour les affaires. Ysaline qu'Athina forçait littéralement à trouver du travail, avait donc renoué le contacte avec Tania qui lui avait trouvé un rendez-vous extrêmement vite. La nécromancienne attendait donc dans la petite salle d'attente recouverte de mur blanc, au meuble moderne et chique. Le fauteuil de cuir noir était presque trop confortable pour l'était d'anxiété dans la qu'elle Ysaline se trouvait. Elle ne maitrisait plus grand-chose et elle avait peur de ses propres pouvoirs. Sa jambe battait le tempo à un rythme endiablé. Elle devait se calmer. Ysaline fixa la large fenêtre face à elle. Au quinzième étage d'un immeuble du centre-ville, elle avait une vue presque imprenable sur Mirabilis. Les aurores boréales de la frontière se dessinaient dans le ciel pâle de ce lumineux matin d'hivers.

La nécromancienne inspira profondément pour chasser sa nervosité. Athina lui avait proposé de lui prêter un de ses tailleurs pour faire bonne impression. Ysaline avait refusé en riant. Elle flottait littéralement dans les beaux vêtements d'Athina, elle manquait trop de sein et de fesse pour que ça lui aille. Elle y était allée avec un chemisier et un jean taille haute, ses DOC'Martine. Son trench n'avait pas survécu à sa rencontre avec la liche. Elle portait une veste en cuir noir d'homme bien trop grande pour elle. Mais c'était celle de Damien. Anna lui avait donné il a quelque semaine.

Son fils avait disparu depuis plus de six mois en féérie. L'administration centrale l'avait déclaré mort. La famille Sarda s'était bagarrée avec l'aide d'Athina pour demander que Damien soit recherché en féérie, toute leur demande avait été retoquée par la justice et le consulat. Damien était considéré comme officiellement mort quatre mois après sa disparition. Anna avait donc hérité de l'appartement de son fils. Elle y faisait le ménage toutes les semaines, elle s'assurait que tout soit en ordre, que le frigo soit plein des choses que son fils aime. Elle fait tout pour que son appartement reste accueillant. Pour que si un jour, Damien y franchit le seuil qu'il sache qu'elle n'a jamais abandonné, jamais perdue espoir. En rangeant, Anna avait découvert la quantité astronomique de vestes en cuir qu'entassait son fils. Il en achetait en permanence. La première s'était Rayan son beau-père qui lui avait offert. Il avait seize ans à l'époque. Damien s'était bien comporté toute l'année et avait eu de bonnes notes. Sans trop d'explication, Rayan n'était pas très bavard, il avait embarqué l'adolescent dans sa voiture un samedi après-midi et l'avait emmené dans l'immense centre commercial au sud de Mirabilise, avec pour consigne.

« Je t'offre ce que tu veux, budget illimité. »

À ce moment-là, il aurait pu se faire offrir la dernière console, un ordinateur, une moto. Rayan ne lui aurait rien refusé. Damien était rentré dans un magasin de fringue et avait pris un blouson de cuir. Il était aujourd'hui trop grand pour ce blouson, mais il n'avait pas quitté sa penderie. Anna n'avait jamais compris pour quoi son fils était autant obsédé par ses blousons. Aujourd'hui, elle comprenait peut-être un peu. Elle avait regardé un à un chaque blousons. Tous correspondaient à un moment de la vie de Damien. Elle en avait sorti deux de la penderie, celui qu'il portait pour la naissance de Jonas, son neveu et celui pour l'obtention de son diplôme de police. Elle avait oublié un peu à quoi pouvaient correspondre les autres. Elle avait aussi pris le tout premier, le cadeau de Rayan. Elle avait donné le premier à sa fille, Camille, elle avait gardé le troisième pour elle. Pour le second, elle avait débarqué il y a deux mois, un matin, sans prévenir chez Athina. Elle avait longuement discuté avec Ysaline. Les deux femmes savaient que Damien n'était pas mort, que ce n'était qu'une question de temps pour qu'il revienne. Ysaline avait même fait les demandes officielles pour passer la frontière. Mais les autorités n'étaient pas engageantes à lui donner. Il fallait en moyen un an pour les obtenir. Elle se disait qu'elle allait finir par la franchir ilégamment. Anna lui avait offrait la veste. Ysaline avait promis de la rendre dès le retour de Damien que ce n'était qu'un prêt. L'idée avait plu à Anna.

BRIXTIA | Livre II | l'Appel de l'AmarokWhere stories live. Discover now