Chapitre 4

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Lucie s'engaillardit soudainement en rompant le silence.

- Vous travaillez depuis combien de temps pour l'Actral, monsieur De Marilly ?

Axel lui jeta un air amusé.

-J'ai débuté il y a 3 mois. Mon contrat pendra fin dans 2 jours. Normalement, je fais des contrats d'une quinzaine de jours en fonction de la taille de l'entreprise. L'Actral est une multinationale donc je reste plus longtemps.

- Que s'est il passé ensuite ? reprit Axel en jetant une nouvelle fois un œil sur la pendule.

- C'est à ce moment que l'agresseur est entré. Il a poussé la porte des escaliers. C'est une porte qui couine seulement quand elle s'ouvre. Je ne pense pas qu'il ait prémédité son agression. Je pense qu'il voulait à l'origine seulement traverser le parking pour gagner du temps sur son parcours.

- Intéressant ! Mais dites nous ce qui vous conforte dans votre idée. Évitons les conclusions hâtives cher monsieur, lança Axel.

- Son pas était sec et rythmé, il est sorti de l'escalier et il s'est rapproché de moi rapidement. Environ 6 pas avant que j'entende la lourde porte des escaliers claquer sur le montant. Il devait être a deux mètres du pylône où je me trouvais quand deux sons se sont confondus. Le premier son correspondait à l'ouverture du coffre de la voiture de la victime ainsi qu'un trousseau de clés qui chute au sol et immédiatement les pas de l'agresseur se sont fortement ralentis pour s'arrêter juste derrière moi. Il était à un mètre de moi. Il ne pouvait pas me voir car j'étais de l'autre coté de la croix. J'ai tout de suite senti qu'il allait se passer quelque chose. J'ai instinctivement arrêté de respirer. J'étais tétanisé. J'entendais sa respiration qui devenait animal, vous entendez, la situation devenait surréaliste.

La voix d'Enguerrand se chargea d'une évidente émotion. Il essuya une larme non prévue derrière ses lunettes foncées.

- Nous comprenons que cela soit difficile de revivre cette épreuve monsieur De Marilly, dit doucement Lucie, mais nous avons absolument besoin que vous reviviez cette soirée encore une fois pour nous, afin que nous ayons une chance, une infime chance d'arrêter le coupable. C'est d'ailleurs pour cette raison que vous êtes là, n'est ce pas ?

- Oui bien sûr. Il sortit un mouchoir de sa poche, se moucha sans insister. Si cela ne vous dérange pas je souhaiterai appeler ma mère qui doit s'inquiéter de ne pas me savoir rentré. Nous avions rendez vous pour dîner à 20h.

- Profitons de votre appel téléphonique pour faire une petite pause monsieur De Marilly. Restez ici tranquillement nous allons chercher du café, ensuite on terminera votre déposition. J'insiste pour que vous acceptiez ensuite d'être reconduit chez vous. Axel se leva et d'un geste entraîna Lucie dans son sillage.

- Merci Lieutenant, j'accepte votre proposition. Les deux fonctionnaires disparurent rapidement. Enguerrand sortit son téléphone de sa poche. Il chercha dans le répertoire le numéro désiré. Chaque touche qu'il pressait était annoncée vocalement. Appel en cours mamounette.

Enguerrand avait raccroché depuis quelques minutes. Il attendait patiemment le retour des deux policiers, son verre d'eau à nouveau rempli. Il toucha son front légèrement moite. Il avait maintenant hâte de terminer sa déposition, jamais il n'aurait pu imaginer que cela puisse être aussi difficile de revivre ces terribles moments. Les questions se bousculaient dans sa tête. Et si le tueur m'avait vu, ou suivi ? Pourquoi n'ai je pas appeler la police immédiatement ? Il pouvait entendre le bruit de la photocopieuse au loin dans le couloir. Des ricanements approchait.


Le TémoinWhere stories live. Discover now