Chapitre 2

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- Merci lieutenant, c'est toujours un peu difficile quand on ne connaît pas l'endroit, ironisa le jeune homme.

- Oui, surtout que c'est légèrement le bazar dans mon bureau, vous savez ce que sait. Les dossiers...

Axel se retourna pour vérifier que Lucie était toujours là.

- J'aimerais que tu restes dans le coin, au cas où j'aurais besoin de toi ...

- Je suis juste à coté, j'attends le retour des échantillons du labo.

Et elle tourna les talons.

- A nous, Monsieur De Marilly.

Axel se laissa tomber sur sa chaise, attrapa son calepin.

- Avant de commencer, je vais avoir besoin d' informations classiques. Votre nom, prénom, date et lieu de naissance, adresse et profession. Je me permets de noter le jour et il est 19h15. Axel actionna nerveusement le bouton poussoir de son stylo. Je vous écoute !

Le jeune homme blond plia consciencieusement sa canne blanche en 3 morceaux et ajusta ses lunettes teintées tout en se redressant sur sa chaise.

- Je m'appelle Enguerrand De Marilly, je suis né le 30 avril 1990 à Lyons-la-forêt. J'habite le 13 rue Martin loche à Clichy la Garenne. Je suis kinésithérapeute et accessoirement masseur bien-être à mon compte. Les entreprises louent mes services pour une durée plus ou moins longue. En ce moment, je travaille pour Actral Inc, tout comme y travaillait madame Grandain.

Axel avait délaissé son calepin pour son ordinateur.

- Vaille pour Actral Inc, ok. Votre nom et prénom me disent quelque chose...

- Comme il y a peu de chance que vous ayez croisé mon homonyme, interrompit Enguerrand, je vais lever le voile car c'est le fardeau de ma vie dont je ne suis pas vraiment fier. Je suis une excentricité de mon père passionné d'histoire. Philippe le Bel, alors roi de France avait un ministre qui se nommait Enguerrand de Marigny, né a Lyons-la-Forêt en Normandie et mort pendu le 30 avril 1315. D'un simple nom de famille, mon père a fait de sorte que des éléments de la vie de ce ministre Français se rencontrent. D'après lui, je ne pouvais qu'être une réussite.

- Oui, je dois avouer que c'est une histoire assez insolite, lança Garel en souriant. J'aimerai que nous en venions aux faits. Vous avez mentionné à ma collègue, monsieur De Marilly, que vous avez été témoin du meurtre de madame Grandain. Est-ce exact ?

- Je vous confirme lieutenant que j 'étais bien présent le mercredi 11 janvier dans le sous-sol de l'entreprise Actral lorsque Madame Grandain s'est faite agressée.

- Très bien, dit Axel en reprenant nerveusement son stylo. Vous comprenez également que d'ordinaire, et je ne veux pas faire d'exception, mais les personnes qui se présentent à moi comme témoins, vous voyez, sont généralement des témoins oculaires. C'est assez exceptionnel qu'un aveugle se présente comme témoin. Vous me comprenez ?

- Ne soyez pas nerveux lieutenant, je comprends très bien que ce soit difficile pour un voyant de faire confiance à une personne handicapée comme moi, surtout pour une affaire aussi grave que celle ci . Mais voyez vous, continua Enguerrand, la vue n'est qu'un des cinq sens dont nous disposons. Je suis aveugle de naissance mais j'ai su être plus attentif au fil des années aux sens qui sont pour vous moins importants. Enguerrand avança sa chaise et posa ses mains sur le bureau d'Axel. Croyez vous que je n'ai pas remarqué la grimace de votre collègue, lorsque nous sommes arrivés dans votre bureau ?

- Euh oui, effectivement vous avez raison, Lucie a effectivement fait une grimace. Comment avez vous pu ? C'est très impressionnant je dois l'avouer...Je vous présente mes excuses...C'est à se demander si vous êtres réellement aveugle ? Axel termina sa phrase en se grattant la tête d'étonnement.

- Vous réfléchissez comme une personne qui fait une entière confiance en ses yeux et vous occultez le reste. Soyez rassuré, continua Enguerrand je ne suis pas un magicien. Tous les aveugles ont ces qualités. Nous n'avons pas vraiment le choix. Certains sont même capable de lire sur les lèvres !

- C'est une blague, dites, vous me faites une blague ? Je suis peut-être mort de fatigue, mais encore capable de savoir si on se moque de moi, dit en ricanant Axel.

- Vous êtes très attentif lieutenant. Mes félicitations ! vous n'êtes pas tombé dans le panneau. Pardonnez moi, c'est plus fort que moi.

- Trêve de plaisanterie Monsieur De Marilly, vous m'avez convaincu. L'horloge tourne et je dois présenter mon rapport demain matin. Ma première question est simple : Pourquoi avoir mis deux jours pour venir me rencontrer ?


Le TémoinWo Geschichten leben. Entdecke jetzt