Chapitre 8

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Axel était penché sur son bureau, épluchant une nouvelle fois le dossier qu'il avait surnommé le meurtre du parking. Il avait écrit tous les mots clés qu'Enguerrand lui avait donné tout à l'heure et il essayait en retournant le dossier dans tous les sens de trouver un fil conducteur. Le temps jouait contre lui comme souvent dans une enquête criminelle. Il fallait qu'il trouve rapidement une stratégie pour débusquer cet enfoiré. Il regarda machinalement son téléphone portable pour savoir si il n'avait pas raté un SMS important. Il était 23h15, l'excitation était retombée, il bailla plusieurs fois mais il refusait l'idée, de partir maintenant. Le coude posé sur le bureau et la main sur son front, il continuait sans relâche d'entrecouper les indices, espérant qu'une lumière vienne éclairer son esprit. On toqua à la porte. Surpris Axel leva la tête. C'était Raymond qui venait pour le compte rendu. Un instant, il fût étonné de n'avoir pas vu les néons du couloir s'illuminer.

Raymond, comme à son habitude avait une façon bien personnel de signaler sa présence. Il avait le corps en retrait de la porte et il avançait exagérément le bras pour frapper , comme pour dire : « ce n'est pas moi qui veut vous déranger lieutenant, mais mon bras ». Une pudeur qu'appréciait Axel.

- Salut Raymond, merci de m'avoir épargné un appel téléphonique, je crois que je me serais endormi. J'espère que tu viens m'apporter de bonnes nouvelles, j'en ai besoin. Je prépare le sujet pour le divisionnaire demain.

- Bonsoir lieutenant dit timidement Raymond. On a exploré les pistes que Lucie Saint-Alban nous a demandé de vérifier. Il s'avança et s'affala sur une chaise en soupirant.

Raymond, ou plutôt Ramon, avec sa tête de gangster mexicain et sa moustache à la Emiliano Zapata le révolutionnaire, était avant de rejoindre l'équipe d'Axel, un ancien légionnaire qui avait, grâce à ses nombreux faits d'armes pour la France, obtenu la nationalité française. Raymond était un flic modèle, un exemple d'abnégation et de pugnacité. Il était une valeur sûr pour Axel. Un gars qui ne parlait jamais pour ne rien dire. Axel était admiratif de sa moustache. La plus belle du Mexique.

- Vous avez vérifié le périmètre ? Balança Axel pour en venir rapidement aux faits.

- Ouai et pas grand-chose coté réparation automobile. Deux enseignes. Le garage de la vallée verte et un franchisé Midas. Par contre à deux cents mètres de l'Actral il y a deux chantiers, dont un, assez important. Deux grues à tours, des engins en veux tu en voilà. Je pense aussi que ce chantier stocke du matériel derrière L'Actral. On a trouvé des palettes de matériaux. On en aura le cœur net demain . Sinon y'a un autre chantier de construction un peu plus haut sur l'avenue. Ils construisent des logements locatifs.

- On va déjà se concentrer sur ceux là, dit Axel en notant les informations sur son maigrichon calepin. « Et la porte du parking, ça donne quoi ? »

- C'est là que ça devient intéressant. Si vous prenez l'escalier au niveau du parking, vous pouvez descendre encore deux étages, ce qui vous amène au local poubelles. Un local utilisé par la cantine qui se trouve au même niveau. Ce local dispose d'une porte de service à ouverture vers l'extérieur, un peu comme une issue de secours. De dehors il n'y a qu'une serrure sans poignée. Raymond sorti son téléphone de sa poche. Il montra une photo à Axel qui continuait d'écrire sur son brouillon.

- Vous avez essayé de l'ouvrir, interrogea Axel sans lever les yeux.

- Justement, continua Raymond, j'ai remarqué qu'il fallait exercer une force pour la fermer correctement. Le vérin hydraulique qui permet à la porte de se fermer toute seule doit être trop ancien. J'imagine mal le gars qui sort les poubelles, s'en soucier. On a trouvé des cadavres de bouteilles dans le couloir et des mégots de joints. Des lascars doivent s'en servir pour éviter de se faire repérer. On a prélevé tout ce qu'on a trouvé. Gilles est parti au labo pour les faire analysés.


Le TémoinWhere stories live. Discover now