3. Cadeaux

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Loi de Murphy : Les objets sont endommagés en proportion de leur valeur

Pétunia Dursley s'était réveillée aux aurors pour préparer le petit-déjeuner idéal loin de la Loi d'Harry, il se levait chaque matin à 6h50 et la maison était en feu dès 07h. Elle avait profité de sa balade inattendue à Londres, la veille, pour faire le gâteau d'anniversaire parfait mais elle ne pouvait pas cuir le bacon trop tôt alors parfois, il faut faire des sacrifices. Elle s'était levée à 5h pour parer à toutes les éventualités. Quel beau jour que le dimanche, n'est-ce pas ?

Le beurre crépitait joyeusement dans la poêle avec les lardons et la crème fraîche, elle y rajouta de l'huile mais le liquide brûlant sauta comme un athlète loin du feu pour venir s'écraser sur sa main. Surprise, elle recula mais échappa la bouteille qui étala l'huile sur le carrelage. Vous savez ce qui est plus glissant qu'une tartine de beurre ? Une tâche d'huile.

"HARRY ???" cria-t-elle quand ses talons décidèrent de faire coucou au plafond, l'envoyant valser les jambes en l'air sur plusieurs mètres. "Je sens que tu es là !"

"Oh, bonjour tante Pétunia."

L'enfant la regarda quitter la cuisine sur les fesses en se disant que c'était une curieuse façon de nettoyer le sol. Quand elle embrassa la porte d'entrée et perdit une dent, Harry secoua sa tête avec respect avant de s'excuser...

"Qu'est-fe que tu fiffe hors te ton placard auffi tôt ?!" dit-elle en regrettant amèrement son incisive partie trop tôt et si loin.

"Je viens déposer mon cadeau pour Dudley sur sa pile, en espérant très sincèrement qu'il ne prenne pas feu, cette année."

"Tu es bien optimiste." gronda une voix mal réveillée provenant de l'étage.

"Merci, oncle Vernon."

Il retourna dans son placard pour tirer avec beaucoup de difficulté pour ses petits bras trop maigres l'énorme console de jeux qu'il avait réussi à ramener de Londres jusqu'ici ce qui tenait du miracle en ce qui le concerne. Il avait demandé plusieurs papiers cadeau : le vert s'était enflammé, le bleu avait été mangé par les coyotes et il s'était écorché le genou sur le rouge... même si son sang ne se voyait plus tant que ça ton contre ton (sauf sur les fioritures en or), ill avait finit par le retirer car ce n'était pas très présentable. Il trouvait le papier jaune remarquable de ténacité, il l'avait nommé meilleur papier cadeau de l'année mais faut avouer que son cousin Dudley ne fêtait qu'un seul anniversaire par an.

"Où est-ce que t'as déniché ça, toi ?" renifla son oncle avec méfiance.

"Je l'ai échangé contre ton chewing-gum, merci beaucoup pour ça, mon oncle."

L'oncle en question s'appuya nonchalamment sur la rambarde avant d'écarquiller les yeux... oh-oh, non ! Grossière erreur, il n'avait plus touché cette rambarde depuis qu'Harry avait fêté son deuxième anniversaire dans l'indifférence la plus totale et pour cause, la malédiction de son neveu faisait de cette rampe le pire DANGER de tout l'univers : tout ce qui doit nous protéger nous envoie illico à l'hôpital. Tout le monde sait ça.

Le "crack" qui en résulta était le meilleur exemple, son corps perdit l'équilibre et il chuta d'un étage pour mieux atterrir sur les bouts de bois pointés en l'air comme des pieux qui étaient encore une rambarde quelques secondes auparavant. Il se serait certainement empalé dessus si Harry n'avait pas eu le réflexe d'utiliser la fameuse boîte de collection pour les vestiges de ses voitures afin de le protéger d'un air-bag. Le choc dégonfla la sécurité et Vernon sentit tout son corps remonter en l'air mais avant d'avoir le temps de se féliciter d'être encore en vie, sa tête heurta la porte du placard sous l'escalier et il s'écrasa de tout son poids sur le cadeau qu'Harry avait tiré un peu plus loin.

"Oh, non, pas encore..." marmonna ce dernier, déçu de voir un énième cadeau de sa part piétiné.

Chaque année, Harry fabriquait au moins une cinquantaine de cadeaux pour la fête des pères et la fête des mères... il espérait toujours en tirer au moins un entier pour l'offrir à son oncle ou à sa tante afin de les remercier de le garder malgré la Loi d'Harry. C'était arrivé trois fois et à chaque fois, ils avaient détruit eux-même ledit cadeau en beuglant qu'ils n'étaient pas ses parents et qu'il n'était qu'un parasite pouvant s'estimer heureux car la prochaine fois, le coup de marteau serait pour son crâne.

"C'EST MON ANNIVERSAIRE ! C'EST MON ANNIVERSAIRE !" cria Dudley réveillé par ce vacarme. "C'EST AUJOURD'HUI, YOUPIII !!!"

Il ouvrit sa porte en trombe, glissa sur sa petite voiture égarée dans le couloir l'an dernier, dévala les marches de l'escalier comme une boule de bowling et fit un magnifique strike en renversant ses deux parents, son cousin et des bouteilles de lait qui n'avaient rien à faire là.

"Oh non, pas lui, il va encore tout gâcher !" gémit-il en tordant son visage dans tous les sens pour pleurer.

"Ton cadeau n'est pas trop amoché, alors..." pressa Harry avant de voir ledit cadeau s'enflammer devant ses yeux et sans aucune raison. "... laisse tomber, j'ai rien dit."

"J'suis sûr qu'il était trop naze, on s'en fiche de toutes les manières. Pousse-toi."

Dudley cria en constatant qu'il n'avait que 36 paquets parce que l'an dernier, l'an dernier il y en avait 37 ! Vernon s'empressa de rajouter que certains étaient nettement plus gros que l'an dernier et Pétunia lui rappela que celui d'Harry n'avait pas DÉJÀ pris feu la dernière fois contrairement à aujourd'hui, il avait exactement le même nombre de cadeau mais son fils explosa de rage. Il en voulait plus et il le voulait maintenant !!!

"Quand nous irons au zoo, nous t'offrirons deux autres cadeaux."

"Et moi aussi, je t'en offrirai un." promis Harry. "Il faudra l'ouvrir rapidement à cause de... tu-sais-quoi mais je suis sûr qu'on y arrivera, un de ces jours !"

"Qu'est-ce qui te fait croire que nous t'amenons au zoo, t'as perdu l'esprit ?!" gronda son oncle en se servant directement dans le frigo parce que le petit-déjeuner n'était pas prêt et le serait probablement pas ce matin.

"Oh... je vais rester ici tout seul ?"

"Pour faire exploser la maison ?! Certainement pas !"

"C'est vrai que ça POURRAIT arriver, je ne peux rien garantir."

Vernon s'apprêtait à lui expliquer qu'ils avaient sorti le grand jeu, aujourd'hui : Mrs Figgs aurait dû le garder mais elle s'était DÉJÀ recassé la jambe avec cette histoire de canoë kayak alors ils avaient demandé à Marge mais elle le haïssait et à peine avait-elle énoncé ce fait qu'une enclume lui était tombé dessus. Ils avaient ensuite sécurisé la journée en demandant à toutes les maisons voisines et comme le quartier entier était soumis à la Loi d'Harry, ils avaient aussi réquisitionné les parents de tous les enfants de la classe de Dudley sans trop leur demander leur avis mais en les payant grassement.

"Fe fiens te refevoir quarante coups te fils, i'y a une éfidémie te farifelle... même fez feux qui l'ont défà attrafé, f'est un féritable tésastre." expliqua Pétunia avec une pensée émue pour sa chère et tendre dent.

"Quarante... c'est parfait, il nous en reste dix !"

"À fe propos, i'y a auffi une groffe intoficafion alimentaire... fe fais pas comment fa a pu touffer neuf perfonnes auffi éloignées mais... oh, nous ne fommes pas à une INFOHÉRENCE prêt, n'est-fe pas ?!"

"La Loi d'Harry fait de la ma... de la m... maaag..." l'oncle Vernon s'étouffa plusieurs fois en buvant un milkshake industriel directement au goulot. "... de la ma... maaa... de la... de la merde."

Ils fusillèrent Harry du regard comme si c'était de sa faute. Techniquement, ils n'avaient pas tort... heureusement qu'il leur en restait un sinon je ne donnerai pas cher de la peau de notre héros ni celle du zoo, d'ailleurs.

"JE VEUX PAS ! JE VEUX PAAAS !!!" cria Dudley qui sentait déjà la catastrophe pointer le bout de son nez.

"Enfin mon fetit Dudlynouchet, il refte de l'efpoir : tant que fe téléphone ne fonne pas..."

DRIIING sonna le téléphone, les Dursley le regardèrent comme un présage de mort.

"Harry, vas préparer ton sac-à-dos." soupira l'oncle Vernon, verdâtre à cette idée. "Nous t'emmenons au zoo."

"Hourra !"

Une tartine beurréeDonde viven las historias. Descúbrelo ahora