Chapitre 20

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— QUOIIIIII ? je m'égosille.

Je crois que je vais m'évanouir (pourtant j'ai mangé mon steak moi !).

— Mais ce n'est pas de ma faute, elle était trop grande pour moi.

Les autres, qui ont suivi notre échange, prennent (enfin) mon parti, cela commence avec Colin.

— Là tu abuses Ludmilla !

— Bah quoi ? C'est qu'une bague, tu ne vas pas sauver des vies avec non plus !

Une lueure indescriptible brille dans son regard.

Il me semble que Jules a fait une petite leçon de morale à Ludmilla mais je ne prends pas le temps de l'écouter. Je fais demi-tour et rentre dans le self. Je dégage un élève de cinquième qui s'apprête à déposer ses restes dans la poubelle. Et interpelle la dame qui s'occupe des déchets. Je veille bien à appeler la gentille car si je tombe sur l'autre mégère, je risque de me faire envoyer balader. Une dame assez ronde avec, à chaque fois, des faux ongles manucurés de couleurs super flashy (soit dit en passant, je ne comprends pas trop l'intérêt puisque elle passe sa journée les mains dans la vaisselle sale et dans les restes de poubelle).

— Un problème ma puce ? me demande-t-elle en me voyant me diriger vers elle.

— Ce serait possible de vider cette poubelle ?

Elle doit être très surprise de ma question car elle me regarde interloquée.

— Ma bague est tombée dedans. C'est une bague super importante pour moi. S'il vous plaît, on peut la chercher ?

La dame saisit le sac poubelle rempli et le remplace par un vide. Puis, elle me fait signe de passer derrière les bacs. Je saisis Ludmilla par le poignet et la traîne avec moi.

— Toi, tu vas venir m'aider.

Contre toute attente, elle me rétorque qu'il n'en est pas question.

— Ne pense pas une seule seconde que je vais mettre mes magnifiques mains dans ce sac poubelle. Même pas en rêve.

— Tu n'avais pas à faire tomber ma bague dedans. Si tu refuses, c'est ta tête que je fourre dedans.

Elle me suit à contre cœur. Non mais elle se prend pour qui ?

La scène suivante était vraiment pitoyable. Deux adolescentes, accroupies en train de fouiller dans des poubelles et tentant de trouver une bague. Enfin, je dis deux adolescentes mais c'était plutôt UNE adolescente en train de chercher une bague et une autre qui prend du bout des doigts un morceau de petit pois vert par ci et un bout de steak par là. Je tairai son nom mais il commence par «Ludmilla» et finit par «andra».

Je suis tellement énervée que je pourrai prendre le sac et le fourrer sur sa tête. Elle y verrait peut-être plus clair.

Telma, en bonne amie, se joint à nous et nous aide à fouiller la poubelle. Si je perds cette bague, Sa Majesté ne me le pardonnera jamais et sera tellement déçu qu'il ne voudra plus me céder la place de souveraine. Je pourrai en acheter une similaire. Il ne se rendra compte de rien ! Mais... ce n'est pas très honnête !

Ça fait plus d'un quart d'heure que nous sommes accroupies lorsque Ludmilla s'exclame toute guillerette :

— Je l'ai trouvée !

Je me tourne vers elle et peux constater que, en effet, elle tient la bague du bout des doigts. Je la saisis et reprends enfin ma respiration que je retiens depuis dix bonnes minutes. Je vérifie que la bague est intacte et me lève pour aller la laver dans les lavabos des toilettes. Je suis sur le point de sortir quand la dame de la plonge me hèle. Malheureusement pour moi, c'est la vieille bique qui râle sur tout le monde. Elle prend donc bien soin de me toiser d'un air narquois.

Ma Double Vie - Livre I : Perdre l'équilibreWhere stories live. Discover now