Chapitre 7

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— Tu vois cet arbre là-bas ? m'indique maman une fois que nous sommes rentrées dans le parc.

Elle me désigne un grand chêne dont le tronc est trois fois plus épais que moi. C'est un peu comme s' il s'imposait devant tous ces autres ridicules petits arbustes.

— Derrière, il y a une trappe recouverte d'herbe et de toutes sortes de choses végétales pour passer inaperçue. On va faire comme si on se promenait et s'y arrêter. C'est compris ?

C'est super excitant, j'ai l'impression de faire partie du FBI.

Je lui fais oui de la tête. L'arbre doit être à plus de cent mètres, on marche tranquillement jusqu'à l'atteindre. Il se constitue d'une zone centrale, contenant la structure de jeu pour les enfants ; toboggan, toile d'araignée, balançoires et tout ce qui va avec. Et de deux autres parties opposées, plus dans l'esprit forêt avec de grands arbres et des tables de pique-nique. C'est dans la partie de droite que le chêne se trouve.

— Maintenant, tu te caches derrière le tronc, m'ordonne-t-elle, et je vais t'expliquer comment on va faire.

Elle s'accroupit et dégage avec sa main quelques brindilles d'herbes pour laisser apparaître une grosse corde. Elle tire dessus et une trappe d'un mètre environ se soulève. En dessous, on peut distinguer une échelle. Il fait plutôt sombre en-dessous, on n'y vois pas grand-chose.

— Une échelle descend jusqu'à une plateforme. Sur cette plateforme, il y a les gardes du MDV. Tu vas descendre en première, je te rejoindrai ensuite. Vas-y.

Elle m'encourage d'un signe, et me prie de faire attention à ne pas tomber. Je m'exécute. Le noir abolu est peu rassurant. Même si je peux voler, ça ne m'est pas d'un grand réconfort. J'avale les premiers barreaux et j'avise maman, qui me suit en fermant bien la trappe derrière elle. J'en suis environ au cinquième barreau, quand je dérape. J'ai beau essayé, je n'arrive pas à remonter.

— Maman, j'ai dérapé. Je n'arrive pas à remonter. Aide-moi !

— Essaye de te servir de tes bras pour reposer ton pied sur la barre.

J'essaye de faire ce qu'elle me dit, en vain.

— Mais j'y arrive pas !

Je ne vois absolument rien de ce qui se trame en bas. Je suis encore en train de chercher un moyen un minimum intelligent pour remonter (quand je dis minimum intelligent, c'est parce que mes solutions du moment sont : soit de me lâcher dans le vide en espérant réussir à voler, soit de rester à vie comme ça) quand une lumière apparaît. Je lève la tête et vois la trappe s'ouvrir. Génial, non seulement je suis coincée mais en plus je vais faire des bouchons. Une silhouette se forme au-dessus de maman.

— Vous avez besoin d'aide mademoiselle ? me demande une voix inconnue.

— Oui, je n'arrive pas à reposer mon pied sur les barreaux, j'explique.

La silhouette lâche prise et plonge doucement dans ma direction. La pauvre se débrouille du mieux qu'elle peut, car le trou fait un mètre de large tout au plus. Je dois bien reconnaître que c'est impressionnant de voir quelqu'un voler. Et dire que je peux faire ça !

Elle (la silhouette, car je ne sais toujours pas qui c'est) saisit mon pied, qu'elle pose délicatement sur le barreau. Cinq ou six marches supplémentaires, et on atteint la terre ferme, ce doit être la plateforme dont m'a parlé maman.

Je pousse un soupir de soulagement.

Un large espace, éclairé par une tripotée de chandeliers accrochés aux murs de pierre, s'offre à moi. Deux gardes y sont postés, le cul vissé sur une chaise. J'avoue être plutôt intimidée par ses deux types, tout en muscles, les traits fermés, l'air menaçant ; en un mot, des types qui correspondent parfaitement à l'image qu'on se fait des vigiles dans les magasins. Je me détourne vers la dame qui prend la parole. Cette fameuse silhouette s'avère être un très belle jeune femme, les cheveux longs, blonds et lisses. Un visage réconfortant et qui paraît plein de sympathie. Elle plante ses deux yeux opalins sur les gardes.

Ma Double Vie - Livre I : Perdre l'équilibreWhere stories live. Discover now