Ma Double Vie - Livre I : Perdre l'équilibre

Chapitre 18

— Bon, là n'est pas le sujet. J'ai donc compris que tout ce que m'a dit Maud n'était pas vrai du tout. Je ne sais pas encore pourquoi elle m'a dit ça mais j'espère qu'elle me donnera une bonne explication.

— Je t'avoue que je n'ai aucune idée de ce qui l'a poussée à faire ça... À vrai dire j'ai bien remarqué qu'elle ne me portait pas vraiment dans son cœur.

— Elle ne porte personne dans son cœur !

Lorsque je raccroche, il est déjà l'heure de rentrer. Je me dirige donc vers le château tout en repensant à notre conversation.

Pourquoi est-ce que Maud serait allée raconter ce genre de choses sur moi à Eileen ? D'après la prophétie, je suis censée être la personne qui va tout changer... mais je ne suis pas au courant de grand chose...

Beaucoup trop de questions se bousculent dans ma tête. Je me dépêche d'aller au château. Plus vite j'y serais, plus vite j'aurais des réponses.

Je ne prends pas la peine de marcher, je survole les escaliers à toute allure, ce qui désempare les gardes censés me chaperonner. J'arrive alors dans le salon des rencontres sans me perdre !

— Ah, Steacy, tu tombes à pic. Jean–Philippe ne va pas tarder à arriver.

Je ne lui demande rien au sujet du MDA. Je préfère attendre l'arrivée de Jean-Philippe. Connaissant ma mère, elle essaiera de me dissuader de poser mes questions.

Celui-ci ne tarde pas à arriver.

— Bonjour mesdemoiselles. Comment allez-vous ? Je suis ravie de vous revoir Steacy.

Il s'assit en face de nous. Des feuilles dans les mains.

— Comme vous le savez, je suis ici pour vous faire un rapide point sur la descendance de la famille royale. Je vais juste aborder les points principaux. Vous avez dû aussi avoir une réunion avec l'administrateur il me semble. Cela s'est-il passé comme vous le souhaitiez ?

— Oui, parfaitement. C'était très intéressant.

— Bien, nous allons pouvoir débuter. Je vais d'abord commencer par vous présenter les objets royaux qui sont transmis de génération en génération. Ils se trouvent dans ce coffre ici présent.

Il fait signe aux serviteurs de déposer sur la table un gros coffre ambre verni.

— Nous enchaînons ensuite sur le point de la famille royale.

Tout ça me semble bien intéressant, mais il y a quelque chose d'encore plus intéressant à mon goût.

— Est-ce qu'avant de commencer, je peux vous poser une question ? un peu gênée à l'idée de bousculer son programme.

— Bien sûr, je vous écoute.

— Que s'est il passé pour que vous soyez en conflit avec les Ambrolennes ?

Je vois le visage des deux adultes pâlir d'un seul coup.

Qu'est-ce que je déteste les sujets tabous ! On devrait pouvoir parler de tout sans avoir honte ou être gêné.

Heureusement, Jean-Philippe prend en compte mon interrogation et la résout sans détour.

— Je comptais vous en parler un petit peu durant la séance mais puisque vous êtes pressée, je vais le faire tout de suite.

Parfait. Pile ce que je voulais. Vas-y Bernard, balance l'info !

— C'est une histoire qui date un petit peu, mais elle est toujours d'actualité. Depuis toujours, j'ai un frère. Il s'appelle Jérôme. Nous vivions ensemble chez nos parents, nous étions assez complices mais la plupart du temps nous nous taquinions l'un l'autre. Nos parents étaient les rois et reines du MDC. Le Monde Du Ciel. Il était décrit comme ça suite au bleu dominant. Assez paradoxal puisque nous sommes sous terre. Passons. Nous savions pertinemment que je serai l'héritier du trône en tant qu'aîné. Un jour, alors que nous étions dans notre chambre, mon frère m'a fait part de son envie d'hériter de ce royaume. Nous avions seulement quinze ans mais prenions déjà notre descendance très au sérieux. Lorsqu'il m'a expliqué qu'il aimerait pouvoir régner sur ce monde, faire de ses sujets les plus heureux, j'ai tout de suite compati et lui ai proposé qu'on le dirige à deux. Nous nous entendions bien et étions très complices. C'est pourquoi je n'ai pas hésité une seconde. À deux on est toujours plus forts ! À partir de ce jour-là, nous avons fait un pacte dans lequel nous nous engagions à toujours faire du mieux pour régler nos différends de façon à être les plus responsables durant le règne.