Chapitre 17

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Nous avons risqué nos vies pour aller la chercher et elle nous annonce toute guillerette que madame a le droit d'être ici. En outre, c'est nous qui avons tort.

— Bon, dépêche toi de revenir, l'agent ne va pas attendre indéfiniment.

J'essaie de me maîtriser mais mon ton trahi mon agacement

Elle donne un coup de menton en direction du garde et prononce, sur un ton de peste :

— Je crois que c'est trop tard.

Le garde s'achemine à grandes enjambées vers nous. Apparemment, notre délai de dix secondes est dépassé.

Mais que faisaient Jules et Colin pour ne pas avoir pu nous prévenir ? On va avoir de sacrés ennuis. Ma mère m'a mise en garde, me demandant de ne rien faire de dangereux ou d'irresponsable. Si elle apprend que nous nous sommes fait remarquer deux fois de suite par des agents de sécurité, elle risque de ne plus jamais me faire confiance. Pire ! Et s'ils appelaient nos parents pour leur demander de venir nous chercher ? S'ils leur expliquaient qu'on a essayé de se faufiler dans les loges ? Je sens mon cœur s'emballer. Je panique et mets ma main derrière mon dos, caché du regard de quiconque. Je tends mon index et mon majeur et décale une bouteille vide laissée par terre juste devant les pieds du garde. Ça fait vraiment longtemps que je n'ai pas usé de mon pouvoir. À vrai dire, je n'aime pas trop l'utiliser dans le monde réel. C'est vraiment pratique de pouvoir déplacer des objets mais ça me met mal à l'aise. Je ne saurai dire pourquoi mais je n'aime pas trop ça...

Je me tourne vers Lucas et lui crie.

— Cours !

Sans en demander plus, il me suit à toute allure et ne met pas beaucoup de temps à me rattraper. Je me dirige vers l'angle du bâtiment où les garçons qui étaient censés monter la garde se trouvent. En passant, je leur ordonne de courir.

— On a des ennuis !

Je suis sur le point de tourner à l'angle, quand je sens une sensation très étrange. Un peu comme un tremblement de terre. Je ne comprends pas tout de suite ce qu'il se passe ! Dans notre région, les tremblements de terre sont très rares, même complètement inexistants.

Je me retourne et aperçois le garde qui s'est à présent relevé de sa chute s'étend une seconde fois à terre, perdant l'équilibre. Ludmilla, quant à elle, me regarde fixement, un sourire au lèvre. Pas un sourire narquoi comme elle a l'habitude de donner. Un sourire bienveillant.

Les garçons nous talonnent et je vois Lucas taper quelque chose sur son téléphone.

Je suis à bout de souffle, je crois que je vais cracher mes poumons. Le sport, ce n'est vraiment pas mon truc mais comme ma vie en dépend, je continue à éjecter tour après tour mes organes vitaux (enfin, il me semble). Après quelques secondes de course, nous sommes aux portes de sécurité. Il y a deux vigiles qui surveillent les entrées et les sorties. Je ralentis le pas et j'intime aux autres de m'imiter. J'avale une grande inspiration et passe devant les gardes de la façon la plus décontractée possible. En passant les portes, je leur fais un signe de tête, de façon à leur dire au revoir sans vraiment avoir besoin de parler pour éviter de leur montrer mon manque d'oxygène prononcé.

Telma et Jules nous rejoignent. C'est Lucas qui les avait prévenus. Puis Ludmilla arrive, décontractée devant nous.

— Vous avez l'air bien essoufflés !

Je me retiens de lui régler son compte. Une future reine sait garder son sang froid !

Les parents de Telma sont venus nous chercher plus tôt et nous avons prétexté que Jules se sentait un peu malade.

Ma Double Vie - Livre I : Perdre l'équilibreWhere stories live. Discover now