Chapitre 31

10 0 0
                                    

Alors que j'avais réussi à me mettre en position assise au bord du lit, j'entends toquer à ma porte. Et avant qu'on ne puisse, ma voisine ou moi, répondre. La porte s'ouvre. Et elle s'ouvre sur Ismaïl.

Mon coeur fit comme un bond lorsque je le vis. Qu'est-ce qu'il fait là ? Je ne m'attendais évidemment pas à le voir.

Il a balayé la chambre des yeux avant que nos regards ne se croisent. Des frissons ont parcouru mon corps tout entier. Et face à cette réaction de la part de mon corps, c'est là que je comprends que oui, il me fait peur. Même si ma fierté m'empêchait de me l'avouer, la vérité est telle que je ne me sens pas du tout en sécurité en sa présence et que j'ai vraiment peur de ce qu'il pourrait me faire. Chose que je n'avais jamais ressenti par rapport à lui auparavant, ni par rapport à qui que ce soit. Je crois bien que la psychologue avait raison, il m'a bel et bien traumatisé.

Et je ressens une telle peur que, discrètement, je n'hésite pas à appuyer sur la sonnette qui permet d'appeler les soignants. En espérant que quelqu'un arrive vite.

Il me pointe du doigt en avançant vers moi le regard noir.

Ismaïl : « Toi ! »

J'essayais de garder l'air le plus impassible possible face à lui.

Ismaïl : « Je m'appelle pas Ismaïl si je te fais pas regretter ce que t'a fais ! »

Il parlait à voix basse mais très fermement.

Ismaïl : « Ce soir tu va rentrer et tu va voir ! Tu te crois plus maligne que nous ?! Tu crois que tu peux faire ce que tu veux et que tout va bien se passer pour ta gueule ?! Combien de fois j'ai dit à maman qu'elle laissait trop passer avec ta gueule ! Maintenant tu te crois sans limites ! Mais tu va voir ! Sur la tête à maman je suis pas un homme si je te fais pas regretter tout tes bails de putes ! Je vais te faire vivre comme un rat ! Comme un rat ! Y'a plus de travail, y'a plus de lycée, y'a plus de Camélia, y'a plus de gars, y'a plus rien ! Même la lumière du soleil tu va pas la voir ! »

Quand j'entends le prénom « Camélia » sortir de sa bouche, ma mâchoire se serre. D'où il se permet ? Sa vieille bouche là.
En temps normal, j'aurais plus qu'envisagé de lui cracher dessus, mais là je ne peux pas me le permettre.

Je réfléchissais à comment rétorquer quand on toqua à la porte. Cette fois ci c'était un soignant.

Le soignant : « Vous avez sonné ? »
Moi : « Euh oui oui. Je me sens pas bien, j'ai envie de vomir »

Le soignant entre et Ismaïl s'éloigne de moi.

Ismaïl : « Je t'attends en bas à l'accueil. C'est moi qui te déposera après »

Et il sort de la chambre.

Le soignant : « Vous voulez un haricot ? »

Je souffle de soulagement quand il quitte enfin ma vue. Mais c'est pas pour autant que je suis soulagée.
Il va rester à l'accueil. L'accueil par où je comptais sortir. Mon plan, que je n'ai même pas encore réellement élaboré, se retrouve encore avec une difficulté. Et une difficulté qui est de taille.
Comment je vais faire purée ? J'ai l'impression d'être dans un cauchemar sans fin.

La soignant : « Eh oh »
Moi : « Euh, si vous pouviez m'accompagner aux toilettes plutôt s'il vous plaît ? »

***

K, sois ma paixWhere stories live. Discover now