CHAPITRE VI

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Vous vous rappelez de ses parents ? Non ? Eh bien elle non plus. Enfin, elle aurait aimé. Ils l'ont abandonnée, donnée à ses grands-parents paternels, qui sont morts quelques années plus tôt. De vieillesse, rassurez-vous. Même si son père n'était pas vieux quand elle est née, elle approche la trentaine et ils l'ont eu tard, pour le coup.

Depuis un an qu'elle fait son nouveau métier, elle a eu le temps de se demander ce qu'il était advenu de ses parents, et de ses grands-parents. Alors qu'elle savait que les derniers sont morts, elle se demandait s'ils avaient pu trouver leur place. Ses grands-parents avaient toujours été gentils avec elle. Ils l'ont bien traitée, nourrie, ils lui ont assuré une bonne éducation et lui ont toujours donné tout ce qu'elle voulait. Certains diront qu'ils l'ont pourri-gâtée, mais Ophélie a toujours été reconnaissante. Elle voulait vraiment savoir où ils étaient. Elle appela La Mort.

Après quelques secondes d'attente, elle senti une présence derrière elle, La Mort était arrivée.

- Est-ce que tout le monde fait comme moi ? Doit travailler ici quand il meure ?

- C'est pour ça que tu m'as appelé ?

- Réponds, s'il-te-plaît. C'est important. Je sais qu'on en avait déjà parlé, mais je me rappelles pas de tout, et j'ai vraiment besoin d'avoir les détails. Après ça, je ne t'embêterais plus, promis.

- Si tu veux. Pour madame, les morts attendront. Bon, je pense que ça tu t'en rappelles : les personnes ayant fait du mal se retrouvent dans les bas-fonds, leur âme erre pour toujours.

- Oui, mais et les autres ? Ceux qui ont toujours été gentils ?

- Ils vont au Paradis. Parfois, ceux qui sont trop jeunes se réincarnent en un nouveau bébé, une sorte de seconde chance pour faire le bien. Et il y a évidemment les anges gardiens, mais je ne vais pas tout te réexpliquer. Je t'ai déjà dit tout ça, en plus !

- Et tu as accès au Paradis ?

- Moi, oui. Toi ? non.

- Tu pourrais m'y emmener ?

- Comme je viens de te le dire, non.

- S'il te plait. J'aimerais revoir mes grands-parents, les remercier. Ils ont toujours été de bonnes personnes, et depuis que Minnie est partie ça me ferait du bien d'avoir quelqu'un à qui parler. Enfin je t'aime bien mais tu sais, ma vie d'avant me manque. Mon enfance particulièrement. Je t'en prie.

- Il faut dire que ton petit monologue est plutôt convaincant, mais les larmes sont peut-être de trop. Si tu veux les revoir, il faut cependant que je te mette en garde.

- Oui promis je serais discrète, personne n'en saura jamais rien, je garderais le secret !

- Ce n'est pas ça. Les gens ne sont pas toujours ce que l'on croit qu'ils sont.

- C'est tordu.

- Mais c'est bien trop souvent vrai. Regarde-toi.

Ophélie ne releva pas la dernière phrase. C'est vrai qu'elle continuait de faire quelques détours lorsqu'elle allait chercher une âme, mais elle se contentait seulement de le regarder. Il n'y avait aucun mal à cela.

Mettant de côté ses pensées, la jeune fille se sentait prête. La Mort la prit par le bras. Elle fut surprise, elle ne s'attendait pas à ce que sous ce long drap noir il y ait vraiment un squelette. Elle se reconcentra, et La Mort l'entraîna dans un saut vertigineux. Elle avait pris l'habitude de voyager et les filaments ne lui faisaient presque plus rien, mais pourtant une sensation de vide atroce la saisit durant ces quelques secondes. Et puis, tout s'arrêta. Ophélie ouvrit lentement les yeux, prête à découvrir un lieu merveilleux, d'une blancheur immaculée et de dorures plus resplendissantes les unes que les autres. Ce qui s'ouvrit à elle fut bien différent.

Dans Les YeuxDonde viven las historias. Descúbrelo ahora