CHAPITRE II

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   Au loin, les cloches sonnèrent.

- Merde ! On va arriver trop tard.

- C'est pas grave, ça commence toujours en retard ces choses-là. De toute façon, je sais même pas pourquoi tu t'obstines à vouloir y aller.

- Je sais pas, j'ai l'impression que c'est un devoir. Tu sais, j'ai toujours eu une connexion importante avec les esprits, alors imagines si je n'allais pas à l'enterrement de la personne que j'ai renversé... Non, je préfère ne pas imaginer les conséquences que ça pourrait avoir.

- Et voilà, ça recommence... Hayden, t'es au courant que ça n'existe pas, les esprits ?

- Ne redis jamais ça !

Elle leva les yeux aux ciels, poussa un soupir énervé et ne détacha plus ses yeux de la route. Mortelle, l'ambiance.

Ils arrivèrent enfin près du cimetière. Olympe gara la voiture à la première place disponible du petit parking extérieur. On avait donné à Hayden les informations à la fin de son procès prouvant que c'était bien un homicide involontaire. Comme il connaissait le juge, il n'a pas eu de prison. Pratique, les relations... En revanche, il avait perdu son permis et interdiction de le repasser avant cinq ans.

Le couple franchit la grille, croisant les doigts pour ne pas être trop en retard. Hayden regarda sa montre : 10 minutes de retard. C'est passable.

Après quelques pas, ils se regardèrent, surpris. Les lieux étaient déserts. Il y avait bien des gens en train d'enterrer une personne, mais aucune cérémonie, aucun proche. Le cercueil était triste. Enfin, plus triste que ce à quoi il devrait ressembler. C'est à se demander s'il ne se casserait pas avant même d'atteindre le fond de la tombe. Ils allèrent se renseigner auprès des personnes chargées de l'enterrer.

- Excusez-moi, c'est bien ici l'enterrement d'une certaine-, il regarda la carte sur laquelle les informations étaient marquées, Ophélie Monier ?

- C'est ça. C'est marqué ici.

Il pointa une petite plaque mortuaire de fortune, sûrement financée par un proche, quoiqu'aucun n'était là, où "OPHELIE MONIER 1992-2021" était gravé grossièrement.
Il n'avait jamais vu un enterrement aussi triste de sa vie, même s'il n'en avait vu aucun. De toute façon, si ça avait été le cas, il est certain que ça resterait le pire.

- Eh bah, elle devait pas avoir beaucoup d'amis la petite. J'ai jamais vu aussi peu de monde à un enterrement d'une personne aussi jeune. C'est déprimant.

C'était sa copine qui avait dit ça, et elle, elle avait de l'expérience en enterrement. Elle avait enterré sa grand-mère deux ans auparavant, et un grand-oncle à peine quelques mois plus tôt. Bien sûr, cela faisait suite aux enterrements de son grand-père paternel, de sa mère ainsi que d'une tante. La dame des pompes funèbres lui avait même proposé une carte de fidélité sur les marbres parce que, « à ce rythme-là... ».
D'ailleurs, pour le comble de cet enterrement, il n'y avait pas un seul nuage à l'horizon. Un temps à attraper un coup de soleil malgré le froid d'automne. A croire que tout le monde s'en fichait, même le soleil, qui n'a pas eu la décence de se cacher un peu pour laisser le ciel pleurer.

- Bon, on rentre ? Il commence à faire froid et je ne me sens pas très bien.

- Attends encore un instant Olympe, je ne peux pas laisser ça comme ça, il n'y a même pas de fleurs !

- Et tu voudrais les trouver où tes fleurs, hein ? De toute façon ils ont pas fini de l'enterrer, et j'ai pas que ça à faire d'attendre.

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