CHAPITRE 8

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Deux jours plus tard j'étais partie seule à la chasse, Waneta étant resté pour soigner son alezan, blessé lors de notre dernière excursion.

Yatyeena galopait avec mon poids sur le dos, je l'accompagnais par des mouvements de bassin comme Waneta me l'avait appris pour aller plus vite.

Je cherchais partout autour de moi des bisons avec l'espoir d'en ramener un à ma tribu pour montrer que je pouvais me débrouiller toute seule.

Après une longue course je vis quatre bisons fuir vers les montagnes et me mis à les poursuivre. J'armai mon arc et après quelques foulées nécessaires pour me rapprocher et m'organiser, lâchai la flèche qui atteignit ma cible. Les trois autres bêtes continuèrent leur route pendant que j'attendis à bonne distance, avant de trouver un moyen de récupérer l'animal que je voulus tout de suite ramener.

Mais je me trouvai en grande difficulté quand je me plaçai devant l'animal allongé par terre, et que je me rendis compte que ce ne serait qu'une grosse masse impossible à soulever.

Auriez-vous besoin d'une aide quelconque ? entendis-je derrière moi.

Je me retournai, surprise. Je n'avais entendu personne s'approcher et cette voix m'était parfaitement inconnue.

Je manquai de pousser un cri lorsque je vis qu'il s'agissait de l'homme qui nous avait poursuivi avec tous les autres le jour où nous avions dû quitter notre camp. Avec ses cheveux alezans et ses yeux sombres.

Je me sentis pâlir. J'eus un coup de chaud, puis un coup de froid. Puis je me sentis partir. Je l'entendis vaguement courir sur moi et placer ses bras de façon à amortir ma chute.

Je ne vous ferai aucun mal, compris-je tout aussi vaguement. Laissez-moi vous aider.

Vous... dis-je d'une petite voix. Vous êtes celui qui... vous nous poursuiviez...

Vous n'êtes pas en état. Relevez-vous, je vais vous faire monter derrière moi.

Non. Je veux récupérer le bison.

Je m'en doute bien, vous vous êtes admirablement débrouillée.

Ce n'est pas bien compliqué. Allez, fis-je en me relevant difficilement. Vous avez l'air bien gentil mais maintenant, si vous voulez me tuer...

Pourquoi voudrais-je vous tuer ? me demanda-t-il, surpris.

C'est une question que je trouve bien déplacée. Vous riez ? Vous me demandez pourquoi me tuer alors que vous n'avez eu aucun scrupule à tuer ma tribu presque entière ?

Non. Je n'ai tué personne.

Bon. J'abandonne.

Non, écoutez-moi avant de repartir ! cria-t-il en retenant mon bras.

Lâchez-moi vous... vous me faîtes peur.

Je vous en prie.

Il me lâcha en baissant le regard et je crus apercevoir une pointe d'honnêteté qui me toucha. Mon cœur sembla s'accélérer. Je décidai alors de l'écouter.

Il rapprocha Yatyeena et me tendit la corde qui me servait à le diriger, puis il m'aida à me remettre dessus. Il monta à son tour sur son cheval, noir et plus imposant que le mien. À ce moment-là je remarquai que ce qu'il portait était bien différent des peaux de bêtes auxquelles j'étais habituée. Cela paraissait plus fin, cela lui tenait plus au corps. Le bleu du haut comme du bas était plus sombre que celui du ciel et ornés de choses dont j'ignorais le nom qui l'habillaient mieux et le rendaient plus chic. Même ses cheveux étaient bizarres, organisés et arrangés en arrière.

Suivez-moi, me dit-il simplement.

Je m'exécutais. Nous traversions les plaines jusqu'à atteindre le fleuve qui semblait être le même que celui qui passait à côté du camp. Là il descendit de son cheval et m'incita à faire de même.

Nous nous asseyions à quelques pas du fleuve, je le regardais et voyais tous ses faits et gestes que dans la tribu personne ne faisait. Peut-être des gestes que les étrangers faisaient habituellement.

Je vous écoute, vous vouliez me dire quoi ? l'interrogeai-je.

Je ne veux pas vous faire peur avec cette première information mais ma troupe s'est rapprochée du campement que vous avez bâti. Nous sommes cachés derrière une montagne.

Vous avez bien du culot pour m'avouer cela. Comment suis-je censée le prendre ?

Évitez de mal le prendre. Vous auriez le droit en effet, parce que mon colonel m'a demandé de vous poursuivre et de ne plus vous lâcher, mais j'estime que vous ne méritez pas ce qui s'est passé. Et vous ne méritez pas non plus ce qu'il veut que nous vous fassions.

Quelle est cette chose ?

Il veut s'emparer du camp par surprise. Conquérir tous les territoires d'Amérique. Mais pour cela il ne doit pas avoir d'obstacle.

Alors pourquoi venez-vous me le dire ?

Parce que je n'ai pas envie que cela vous arrivez, et surtout à vous.

La Terre promise - SanTahanan ng mga kuwento. Tumuklas ngayon