CHAPITRE 24

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Voilà plusieurs journées que San ne donnait plus signe de vie. Et voilà plusieurs journées que je m'enfermais dans mon tipi, avec Nashoba qui essayait de me remonter le moral pendant que le reste de la tribu essayait une fois de plus de redonner vie à notre terre.

Ma mère prenait souvent la relève, ne comprenant pas bien pourquoi j'étais autant attachée à cet homme que je n'avais pourtant pas souvent vu. Mais je pensais que rien que le fait de le voir habituellement avait créé un manque une fois ce temps passé. Sans oublier que je m'inquiétais de ce qu'il devenait.

C'était du gâchis. Un homme qui donnait tout pour la vie des autres, qui avait vécu les pires choses qu'un enfant pouvait vivre, qui prenait de son temps pour un peuple qu'il ne connaissait pas... l'accumulation de tout cela faisait que je n'arrivais pas à me dire qu'il ne s'agissait pas d'un homme bien.

Zaltana... dit ma mère en entrant dans le tipi, alors que Nashoba essayait toujours de me consoler, un bras entourant mes épaules. Tu ne veux toujours pas sortir ? Tu pourrais prendre l'air, faire une balade, Yatyeena est agité en ce moment, il a besoin de sortir...

Waneta le saurait, il le sortirait si c'était le cas.

Oui mais Waneta est débordé maintenant qu'il est seul à s'occuper de tout.

De toute façon quand t'auras décidé de me marier à Yuma ça restera ainsi non ?

Qui a dit que je voulais te marier à Yuma ?

Toi-même maman ! Tu me l'as dit ! Je m'en souviens très bien, tu m'as dit mot pour mot : "peut-être que tu devrais réfléchir à envisager quelque chose avec lui" et tu m'as rabâché qu'il était amoureux de moi !

Que se passe-t-il ici, j'entends que ça crie depuis l'extérieur, arriva Yuma.

Oh toi on t'a pas demandé de te pointer ici.

Zaltana enfin ! Yuma s'il-te-plaît, laisse-nous un peu seules. Et Nashoba, va t'occuper de Yatyeena. Zaltana s'il-te-plaît... revint-elle à moi une fois que les garçons eurent quitté le tipi. Ne pleure pas, des yeux aussi beaux ne devraient pas contenir de larmes.

Tu me dis ça à chaque fois que je pleure.

Je n'aime pas te voir pleurer.

Crois-tu que je le fais par plaisir ?

C'est fou, tu me rappelles...

Mon père je sais, l'interrompis-je d'un ton toujours aussi froid.

Je te le répète peut-être trop, mais tu as tout de lui Zaltana. Que ce soit du point de vue physique comme du point de vue comportemental. D'un côté je ne peux m'empêcher de penser qu'il serait très fier de toi.

Je baissai la tête espérant qu'elle ne vît pas les larmes couler sur mon visage. Des larmes de plus en plus lourdes et chaudes, qui mélangeaient le vague souvenir que j'avais de mon père et les moments que j'avais vécus avec San, à ce jour peut-être avaient-ils été les derniers...

Cette couleur noisette dans tes yeux... cette couleur que tu ne partages qu'avec Nashoba, que personne d'autre n'a ; il n'y avait que votre père qui les avait lorsque je l'ai connu. Ce collier que tu portes autour du cou ; c'est lui qui te l'a transmis avant son dernier combat, il l'avait lui-même fabriqué et t'avait promis qu'ainsi ton frère et ta mère seraient toujours là pour toi au travers de ces coquillages. Pour lui il était le fil qui les reliait. Et il avait raison. Il est toujours avec nous.

La Terre promise - SanDove le storie prendono vita. Scoprilo ora