CHAPITRE 15

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Le soir j'étais dans l'enclos avec Tekoa, caressant chacun nos chevaux. Nous n'avions pas eu ce moment tous les deux depuis l'invasion étrangère, et il fallut croire que cela nous avait manqué puisque nous y restions jusque tard dans la nuit. Mon ami le plus proche me proposa de monter derrière lui sur son alezan crins lavés pour que nous fissions une petite trotte jusqu'au fleuve. J'acceptai, Tekoa partit prévenir Tyee et nous partîmes quelques instants plus tard.

Nous arrivâmes au bord du fleuve où il arrêta sa monture puis descendit, mais il remarqua mon absence de courte durée. Je lui dis alors que je voulus que nous allassions un peu plus loin, sans pour le moment lui préciser que ce lui était celui où je rencontrais San tous les jours ou presque. Il accepta, remonta devant moi et repartit jusqu'à ce que je lui disse que nous pûmes descendre.

Nous nous assîmes au bord du même fleuve au pied d'une montagne, lui regarda les étoiles, le lointain pendant que je triturai des cailloux.

Tu voulais que nous parlions ? me demanda-t-il.

C'était toi qui voulais me dire un secret.

J'aimerais que tu commences. Tu étais bizarre quand tu n'as pas voulu descendre de Moka. Il y a quelque chose dont tu aimerais me parler ?

Oui, en fait je... je rencontre un étranger.

Un étranger ? Tu veux dire... ces hommes qui ont voulu nous tuer ?

Entre-autre oui. Mais lui est différent. Et... disons que cet endroit où nous allons tous les deux, j'aimerais bien qu'il reste cet endroit où je vais avec lui uniquement.

Je te comprends. Pour être tout à fait honnête avec toi, je connais ce sentiment avec Magena.

Comment ça ? Tu me caches des choses dis-moi ! criai-je avec un grand sourire.

Déjà avant que les étrangers arrivent, nous nous étions beaucoup rapprochés. Et là, avec les évènements, nous avons vu la chance que nous avions d'être encore en vie, alors nous avons voulu faire au plus vite. Nous étions tous les deux sûrs alors nous avons commencé à nous voir en dehors du camp et depuis plusieurs journées nous sommes ensemble.

Oh je suis si contente pour toi ! m'écriai-je en lui bataillant les cheveux, puis en enchaînant avec une étreinte. Alors si j'ai bien compris, vous allez vous marier ?

Cela ne serait pas impossible. Cependant nous avons encore le temps d'y réfléchir. Il faudrait déjà que nous en parlions avec les autres.

Et si un jour vous vous mariez, vous allez vivre dans le même tipi ? Et vous aurez des enfants ?

Oui, c'est possible. Je dirais même que c'est logique.

Alors tu es amou... reux ? C'est ça ?

Tu as tout compris. Et toi alors, avec l'étranger ?

Euh... rien. Nous ne faisons que parler, il m'apprend beaucoup de choses qui viennent d'Europe. Et moi j'essaie de lui apprendre aussi certaines choses que nous faisons ici.

Tu as de la chance d'être tombée sur lui ; il doit être le seul étranger dont j'entends du bien.

Disons que ce qu'il m'a dit sur lui m'a permis de comprendre pourquoi il est différent. Enfin, y a-t-il quelque chose qui t'a poussé à nous amener ici ?

Ça faisait juste longtemps qu'on ne s'était pas retrouvé tous les deux. Je pense qu'un peu de temps entre amis très proches ne fait pas de mal.

C'est vrai.

Il ouvrit ses bras pour que je me rapprochasse de lui et je m'installai tout contre lui, admirant les étoiles. Nous restâmes ainsi, allongés sur ce sol rude jusqu'à ce que je sentisse la fatigue s'emparer de mon âme et l'emporter loin de mon corps.

La Terre promise - SanWhere stories live. Discover now