La milice

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Quelques jours s'étaient écoulés et je n'avais aucune nouvelle de Lola.

J'avais tellement à faire qu'il était facile de moins penser à elle. Je tentais de faire profil bas et de n'avoir aucun problème avec qui que ce soit au lycée. Mais, avec mon tempérament, ce n'était pas toujours facile. J'étais une assez bonne élève, mais j'avais des problèmes de discipline et d'autorité. Le sport m'avait aidé à me canaliser et à être organisé.

Je devais arriver à gérer cette année importante pour mon avenir. C'est pourquoi j'avais vite compris que déléguer était important. Au club, on était une équipe, donc tout le monde avait un rôle là-dedans. Le club était une raison pour s'amuser et se détendre et nous ne voulions pas que cela devienne une contrainte. Côté sport, je n'avais plus que la danse sur glace et un seul cours de danse. Restait le lycée et là, c'était un peu plus compliqué. J'avais quand même réussi à trouver un équilibre entre tout ça. J'avais même du temps pour être avec mes amis et mon petit ami.

Depuis mars, on sortait ensemble avec Lucas, et c'était notre secret. Nous ne pouvions pas être en couple et patiner ensemble, c'était contre les règles du club de patinage, nous devions garder le secret même à l'extérieur de la patinoire pour éviter les ennuis.


L'une des responsabilités du président d'un club était d'être actif dans la milice du lycée. C'était, pour moi, une façon de rendre justice et d'aider les étudiants. Nous étions comme des défenseurs des droits des étudiants. Souvent, ce n'étaient que des bagarres entre lycéens, mais parfois, c'était plus compliqué. Nous résolvions nos problèmes entre nous, sans les adultes, mais il nous était déjà arrivé de leur demander de l'aide. La milice n'était pas officielle, c'était la face cachée du conseil des élèves.

Si les adultes et le personnel du lycée apprenaient l'existence de la milice, nous aurions des ennuis. Je trouvais que faire partie de cette milice c'était intéressant et cool. Nous ne voulions pas être des adultes, et en même temps, nous aimions faire semblant de l'être. D'une certaine manière, la milice était comme un jeu d'apprentissage des responsabilités. Nous prenions notre rôle très à cœur.

Cet après-midi-là, nous avions une réunion dans une salle à côté de mon club. La salle n'était pas souvent utilisée, et nous en profitions pour y organiser nos réunions avec la milice.


J'arrivais juste à temps pour notre séance.

— Bonjour tout le monde, dis-je en entrant dans la pièce.

— Bonjour, ont répondu Lizzie, Stephen, Stéphanie, Oliver et Callie.

Nous discutions pendant quelques minutes en attendant que tout le monde soit là.

Le dossier du jour était simple : le vol d'un devoir pour un concours de poésie.

Nous avions vu trop de séries policières et la milice servait de tribunal pour régler nos histoires.

Nous avions trouvé la coupable. Nous voulions avoir sa version des faits avant de la punir.

—Je vois que tout le monde est là, lança Lizzie. — Nous pouvons donc commencer la réunion. Victoria nous a parlé du vol de son poème. Nous avons retrouvé celui-ci dans le casier de Courtney. Nous allons entendre la version de Courtney, puis nous déciderons de la suite à donner à cette affaire. Courtney, nous t'écoutons.

— Merci, pendant notre cours de littérature, je me suis assise à la même table que Victoria, Paige et Judy. On a dû travailler ensemble. Je suppose que j'ai pris par erreur son poème. Je ne voulais pas lui voler.

— Mais, pourquoi tu ne lui as pas rendu son poème ? demanda Stephen.

— Parce que je ne l'ai pas vu avant. J'étais absente, je peux le prouver, j'ai le mot de mon médecin.

— Donc, c'était involontaire ? Tu ne voulais pas prendre son poème et l'utiliser pour le concours ? demandais-je.

— Non, surtout que je ne participe plus au concours. J'ai préféré m'inscrire au concours de nouvelles.

— D'accord, je pense que des excuses suffiront, déclara Lizzie.

Courtney s'excusa et l'affaire fut classée.

Nous aimions ce genre de cas. C'était facile et les adultes pouvaient rester en dehors de ça.


Ce n'était pas toujours le cas. Nous avions failli être découverts plusieurs fois. Nous espérions que la proviseure ne soit pas au courant, elle n'avait jamais fait de remarques là-dessus, et nous souhaitions que cela reste secret.

La milice fonctionnait bien et nous n'avions eu que quelques problèmes. Quelques représailles après des sanctions, rien de grave. Nous étions nombreux, ce qui aidait à résoudre les conflits.

Nous étions encore quelques-uns à discuter dans la salle, quand un pion nous vit et nous demanda ce qu'on faisait là.

— On voulait un endroit tranquille pour discuter avant nos activités, répondit Lizzie.

Le pion soupira en nous regardant et parti sans dire un mot.

Nous avions souvent ce genre de relation avec les surveillants. Il nous arrivait d'organiser nos réunions à l'extérieur du lycée, mais ce n'était pas toujours possible.


Avant de rejoindre mon club, je devais parler à Lizzie.

— Lizzie, j'aimerais avoir ton avis sur la milice. J'ai eu quelques problèmes avec la proviseure et la police. Est-ce que je peux déléguer mon poste à Roman ? Je dois faire gaffe et éviter d'attirer l'attention.

— Mmm..., dit Lizzie en réfléchissant. — Je suppose que oui, c'est arrivé dans le passé, et j'avoue que j'y ai déjà pensé. Faut juste me prévenir avant, que je ne sois pas surprise. J'espère que tu resteras dans la milice et que tu ne t'absenteras pas longtemps. Roman peut prendre ta place. Avec ton club, on a pu régler plein de problèmes, mais c'est surtout grâce à toi. Tu sais comment gérer dans certaines situations par rapport à certains d'entre nous.

— Merci, ok, je verrai comment ça évolue dans les prochains jours.

— Ça marche, on se tient au courant.

Je quittai Lizzie pour aller dans un de mes endroits préférés, mon club.


J'avais des choses à voir pour les prochains évènements et activités de prévus.

Hormis les choses obligatoires que l'on devait faire au sein du club, le reste de nos activités était libre. J'aimais cette liberté. C'était notre cocon où personne ne pouvait nous déranger. Ce petit havre de paix était le bienvenu pour oublier les soucis de la vie.

L'année prochaine, ce ne serait plus pareil. Ce serait la vie d'étudiant avec plus de responsabilités.


J'avais des projets. Je voulais être danseuse ou patineuse professionnelle. Je ne savais pas quoi faire d'autre. J'avais déjà préparé quelques dossiers d'inscription dans des écoles et facs. Je savais que si je voulais être accepté dans ces programmes, je devais avoir des bonnes notes au lycée, avoir un bon classement en sport et avoir comportement irréprochable.

Ça n'allait pas être évident, mais je n'avais pas d'autres choix. Il fallait que j'évite les problèmes et tout irait bien. J'étais optimiste.

Faux semblantWhere stories live. Discover now