Chapitre 18 : Ben

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Le lendemain, lors de ma pause du matin, je me dirige vers le Jardin afin d'aider les Sarcleurs. Zart me demande de ramasser les tomates avec lui.
À côté de moi, Newt est assailli de questions par Thomas. Ou plutôt, assailli d'idées pour quitter le Bloc. Malheureusement, toutes ont déjà été essayées et n'ont pas abouti. Et cela fait bien rire le Maton des Sarcleurs. Meme s'il essaie de le cacher.
Le Co-leader, lui, semble à bout de nerfs.

"Bon, rend toi utile, s'te plaît. Va chercher du fumier."

Dès que le brun part, l'air déconfis, le premier blond éclate de rire.
Quand au suivant, il semble épuisé.
Je me joins à l'hilarité de mon camarade.

"- J'espère que quelqu'un voudra de lui parce que je pense pas être capable de le supporter si il devient Torcheur.
- J'en peux plus. Il s'arrête jamais. On dirait qu'il pense qu'il va nous sauver la vie. Qui veut s'en occuper ?
- Ça ira, merci."

Nous continuons de travailler en nous moquant de Newt. Jusqu'au moment où des cris retentissent.
Nous voyons Thomas sortir du bois, courant et appelant à l'aide. Il est suivit par un énième blond.
Ben.
Celui-ci est au Bloc car les Coureurs ne sont pas obligés d'aller dans le labyrinthe le lendemain d'une fête.
Tout le monde accoure pour voir ce qu'il se passe.
Ben se jette sur le brun et commence à l'étrangler.

"Arrête ça !"

Ben lève les yeux vers Newt qui essaie de l'éloigner avec sa fourche.
Ses yeux sont d'un noir d'encre effrayant.
Il semble fou.
Il répète les même mots en boucle.

"C'est de sa faute. Tout est de sa faute."

Thomas arrive enfin a se libérer de son emprise.
Il a une quinte de toux assez violente.
Alby se tourne vers lui.

"- Qu'est-ce qu'il s'est passé ?
- Je ne sais pas ! Il s'est jeté sur moi d'un coup !
- C'est de ta faute ! Tu nous as tous condamnés !
- Non... Ça ne peux pas être ça...
- Soulevez son t-shirt !"

Une grande plaie d'où part de grosses veines noires est apparue sur son torse.
Le silence se fait autour de moi.
Seul Ben hurle encore contre Thomas.
Je ne comprend pas.
Qu'est-ce qu'il se passe ?
Qu'est-ce qu'est cette plaie ?
Qu'est-ce qui arrive à Ben ?
C'est Gally qui m'apporte le réponse, même si je ne la comprend pas.

"- Il a été piqué... En plein jour...
- Je vais bien ! C'est de sa faute !
- Enfermez-le au Gnouf. Sa sentence aura lieu ce soir.
- Non ! Je vous en pris ! Ne faites pas ça ! C'est de sa faute ! Newt ! Alby ! Non !"
- Coffreurs !"

Le Coureur est embarqué de force.
Je ne comprend pas.
Je me tourne vers Zart, en quête d'informations.

"- Il a été piqué.
- C'est à dire ?
- Il faut le bannir.
- Le bannir ?
- Il va être enfermé dans le labyrinthe au moment de la fermeture des portes, ce soir.
- Quoi ?!! Mais il va mourir !
- C'est soit ça, soit il nous contamine tous. De toutes façons, il finirait par mourir.
- C'est horrible...
- On a pas le choix. Retournez travailler."

Je suis horrifiée par ce que j'ai entendu.
Tous semblent si peu touchés.
Mais je sais bien que ce n'est pas le cas.

Lors du déjeuner, personne ne mange avec appétit. Nous finissons presque tous notre assiette, mais seulement pour ne rien gâcher.
Une ambiance lourde pèse sur tout le Bloc.

Lorsque Minho revient, il est immédiatement accosté par Alby qui lui explique la situation.
Quelques minutes après, tout est prêt.
L'ensemble des Blocards est rassemblé autour de la porte Nord et tous les Matons ainsi que qu'Alby ont une longue perche à la main.

"File Chuck. Retourne à la Ferme. Tu n'as pas à voir ça."

Je regarde mon petit camarade partir, les larmes aux yeux.
Je veux le protéger encore un peu.

Les deux Coffreurs amènent Ben.
Celui-ci se débat, suppliant qu'on lui laisse la vie sauve.
Alby jette un sac dans le labyrinthe, comme pour donner un espoir de survie à notre ami.
Les larmes coulent sur mes joues.

Toutes les perches se tournent vers lui, le forçant à reculer.
Il supplie.
La porte s'ébranle.
Les larmes dévalent ses joues, sortant de ses yeux couleur de nuit.

Nicolas se tourne afin de cacher ses larmes et sa douleur.
Le piqué se tourne vers son Maton, plantant son regard dans le sien.

"Je t'en pris, Minho.. Je t'en pris..."

Ce sont ces derniers mots.
Il est poussé dans le labyrinthe qui se referme sur lui dans un grand fracas.
Nicolas s'écroule.
Minho tourne la tête et pince les lèvres, refusant de pleurer.
Mes joues sont baignées de larmes. Je hoquète.

Il va mourir.
Il va mourir tué par un Griffeur.
Plus jamais je ne ferai de blagues sur ce sujet.

Je me dirige vers le rouquin qui sanglote, les genoux contre la poitrine.
Il a perdu son meilleur ami.
Je me positionne derrière lui et l'entoure de mes bras. Il tourne la tête vers moi mais je fixe un point au loin, pour respecter sa tristesse.

"Je suis désolée.."

Ses hoquets reprènent, plus forts et plus nombreux.
Je reste ainsi de longues minutes, jusqu'à se qu'il se calme.
Puis, ensemble, nous nous dirigeons vers la Ferme.
Je le laisse à son hamac.

Je vais retrouver Chuck devant "notre" arbre.
Celui-ci pleure également.
Je le prend dans mes bras et lui caresse la tête jusqu'à ce que ses sanglots se calment.

Ensuite, je décide de l'amener dans ma chambre afin qu'il puisse dormir plus longtemps le lendemain.
Je tire le rideau et m'allonge à côté de lui, sur la couverture.

Sa respiration ralentit au bout de quelques minutes.
Je reste à ces côtés un petit bout de temps.

Mais, au bout d'un moment, je quitte la chambre silencieusement.
Je marche sans but dans le Bloc.
Brailleur arrive et se colle à mes jambes. Je m'assois à terre et enfouis ma tête dans ses poils. Lorsque je commence à pleurer, il me lèche le visage et me regarde avec des yeux tristes.

Quelques minutes plus tard, je le quitte et me dirige vers la Tour. Je m'allonge sur le bois et regarde le ciel. Les points lumineux qui y brillent sonnent comme une lueur d'espoir.

Je veux partir.
Il est hors de question que d'autres de mes amis ne vivent ça.
Il est hors de question que Chuck meurt à son âge.
Il est hors de question qu'un autre Blocard soit banni à cause d'une maladie inconnue.
Je suivrai la personne qui nous sortira d'ici.
Ou alors, je la deviendrai.
Pour mes amis.
Pour moi.
Pour notre vie.
Pour notre passé et notre futur.

Après ces pensées, je m'endors à la lueur des étoiles.

À la recherche de la libertéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant