Ce début de cérémonie avait déclenché une masse d'applaudissements et de cris. Ils étaient des milliers à assister à cette cérémonie.

-Ensuite, pour continuer avec les remerciements, j'aimerai mettre à l'honneur quatre invités spéciaux. Cath, Marie, Anne, Estéban, Approchez !

Nous nous levons. Je fais signifier à Alaric que nous ne sommes que trois. La foule s'agite et se précipite sur nous. L'un m'agrippait déjà la manche et l'autre nous retenait avec sa ceinture.

-Relâchez-les ! Oui, ce sont des humains. Oui, ils ont enfreint des règle que mon père avait décidé des centaines d'années auparavant. Oui, vous pensez qu'ils n'ont pas leur place ici. Pour autant, même s'ils n'en ont pas pris conscience, ils m'ont aidé à leur manière. Qu'est-ce qu'ils penseraient de vous si vous parveniez à pénétrer dans leurs villages ? Déborah ? Tu t'expliqueras mieux que moi.

Une femme s'approcha et prit la parole. Elle avait les sourcils froncés et la peau mate.

-Pour ceux qui ne me connaissent pas, je suis la femme de mon défunt mari, Gaspard. Nous formions un beau couple, mais Gaspard avait des idées saugrenues auxquelles je ne voulais pas participer. Alors j'ai décidé de fuir.

Elle hésita et se tourna vers Alaric. Il la regarda et lui fit signe de continuer.

-Ma vie a été heureuse et prospère chez les humains. Je n'ai pas été moquée, ni insultée. Personne ne me voulait de mal. Nous jugions ces êtres, depuis trop longtemps, comme des créatures mauvaises et déloyales. Ce n'est pas mon impression. Ils m'ont accueilli alors que j'errais dans ces bois que je ne connaissais pas ; J'ai un travail, là-bas. Je suis une vendeuse de fleur dans le village d'à côté. Jusqu'ici, notre vie s'était basée sur des stéréotypes incongrues, qui n'avait jamais été concrétisés. Bien que je possède une paire de yeux de plus, les humains m'ont accueilli et ont pris des dispositions, en tant que « personne en situation de handicap » c'est comme cela qu'ils justifiaient ces quatre yeux noirs que voici. Si vous prenez mon parti, je ne vous demanderais qu'une chose. Lâchez ces enfants et laissez-leur une chance de s'intégrer dans notre grande famille. Humain ou créatures, quelle différence ? Et pour couronner le tout, je les connais ces quatre enfants.

Elle se tourne vers nous et de sa voix si attendrissante, elle nous demande :

-Les enfants, me reconnaissez-vous ?

Et comment que je la reconnaissais. C'était la fleuriste du village, qui bien souvent, discutait avec moi et me parlait de sa vie, tandis que je finissais mes devoirs sur ses tables. Je me jette sur elle. Elle me serre fort contre elle et me caresse les cheveux.

La foule s'agite. Les mouvements se dissipent. Le calme revient peu après.

-Merci !

Je sursaute. Le téléphone vibre. J'aurai dû raccrocher mais non. Cette fois, c'était Este. J'accepte son appel. Je le tiens à mon oreille et m'éloigne de la foule. Je n'entends pas grand-chose à cause du bruit.

-Anne ! Enfin, tu réponds !

-Oui, je dirais plutôt : Enfin tu m'appelles ! Tu ne m'as pas appelé une seule fois depuis deux ans. Qu'est-ce que tu imaginais ? Que j'allais te courir après ?

-Oui, j'ai fait une bêtise. J'aurai dû te dire que je déménageais. Mais, tout s'est enchainé très vite, du coup j'ai changé d'environnement, de mode de vie. T'es bien la seule personne qui peut me comprendre.

-Je ne t'en veux pas vraiment pour ça, tu aurais pu me donner de tes nouvelles. Comment j'aurai pu savoir si tu allais bien ? Mais enfin puisque tu es là, comment vas-tu ?

-Je me suis fait des amis, mon lycée est super ! j'apprends à faire du snowboard. C'est génial.

-Top !

-Et toi t'es où ?

-Tu ne me croirais pas si je te le disais.

-Si, bien sûr !

-Nous sommes à la cérémonie de Alaric. Tu te souviens ? Cette aventure ?

-Comment l'oublier ? Je n'en reviens pas ? le passage n'a donc pas été banni.

-Si justement, nous avons reçu une invitation, transmise par une créature de la forêt.

-C'est fabuleux, j'aurai aimé être là. Mais vois-tu, en parlant de ça, j'ai quelque chose à te dire.

-Du genre : « je pars à l'autre bout du monde, mais on se reverra, c'est promis » ?

-Un peu. Sauf que...

-J'en étais sûre.

-Non, attends ! Je vais faire mes études à Bordeaux ! Mes parents ont loué un appartement près de chez toi.

Alors que je m'apprêtais à quitter l'appel, je me ressaisis. Il revient.

-Tu pars quand ?

-La fin de cette semaine !

-Tu comptais me le dire quand. Je n'aurai pas répondu que t'aurais fait quoi ? Tu m'auras fait une surprise ?

-Non. Je t'aurai envoyé un message.

-Ce n'est pas suffisant. Enfin bon, tu ne pars pas en Australie c'est déjà ça.

Un cri retentit !

-Anne, Alaric t'attends !

-Je dois quitter Este. On se rappelle plus tard ?

-Oui.

-Este ?

-Oui ?

-Je t'aime.

-Moi aussi.

Je raccroche. C'est bon. Je file en direction de l'estrade où nous pûmes parler du nouveau règne de notre ami. Nos dernières paroles vibraient encore dans mes oreilles. Cette aventure n'aurait pu se finir mieux. Double appel. Je décroche, c'est maman.

-Un problème ?

Elle tremblait et sa voix avait faiblie. Elle pleurait.

-Sherlock...

-Et bien quoi ?

-Il est mort.

Je regarde instinctivement mon poignet. 00:00


Pourchassés par l'énigme- [Auto Édité Sur Bookelis]Nơi câu chuyện tồn tại. Hãy khám phá bây giờ