Chapitre 27⭐

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Alors qu'elle remuait les cendres, Cath m'écoutait parler pour ne rien dire. Elle ne me le signifia pas. Pourtant, je ne parle qu'en bout de mots, en syllabes, pas une seule phrase complète. J'avais toujours des questions à propos de ce qui venait de se passer. Reverrais-je bientôt Este ou non ? Est-ce qu'il dit la vérité, à propos du « on se reverra, je pense à toi » ? Etais-ce une parole pour me faire plaisir ? Je n'aurai pu répondre à ses questions sans un minimum de réponses. Il parlait vaguement, je n'avais compris la moitié de ce qu'il disait. Il parlait d'organisation, pourtant je n'ai jamais vu sa mère aussi organisée. Il parlait des montagnes, mais il n'a jamais skié de sa vie, il n'a pas de famille là-bas. Nous sommes quasiment nés en même temps, je sais tout de lui. Pourtant je ne connais pas la réponse à de questions aussi simple.

-Anne, tu m'as l'air perturbée !

-Plutôt oui, c'est à propos d'Este.

-Tu le reverras, c'est une évidence.

-Il déménage cet été ! Qu'est-ce que j'en sais moi ?

-Fais-lui confiance !

-Comment peux-tu être aussi sûre de toi ?

-J'ai vu le papier, il reviendra, tu as ma parole.

Non, justement je ne l'ai pas. Elle sera temporaire. Il faut que j'aille de l'avant, que je passe à autre chose. Mais comment pourrais-je être aussi calme ? Je suis en train de perdre un ami. C'est comme un frère. A la maternelle, il m'arrivait de faire des parties de cache-cache dans le parc municipal. On slalomait entre les personnes âgées et rien ne nous dérangeait. Je songe à nos belles aventures. J'espère qu'elles n'en finiront pas là. Il m'a embrassé il y maintenant trois heures, vingt-six minutes et quarante-quatre secondes, il ne peut pas repartir et faire comme si de rien n'était. Il y a au fond de moi, une présence qui me dit qu'il reviendra me voir, si c'est ici mais même à Bordeaux ! Qui sait ?

J'aborde un nouveau sujet et m'installe entre mes deux cousines. On discute de pas mal de choses et on en revient au sujet principal. On parlait des souvenirs matériels qu'il aurait pu nous rester de notre aventure. Carte, sable, coquillage, tout le reste !

- J'ai toujours mes photos !

- Ah oui, fais-voir, on les trie et on les imprimera après. J'ai de la place et quelques encadrements de trop qui ne demande qu'à être utilisé.

Je sursaute une seconde et pioche dans mon sac mon téléphone, je l'ouvre. Il vibre. Quelqu'un m'appelle. Je regarde. C'est Este. Plus tard, ce n'est pas le moment. J'atteins ma galerie. Elle est vide. Je n'ai plus rien. Toutes mes photos sont noires, toutes celles que j'ai faites dans notre aventure sont encendrés et réduites au néant.

-Et bien il y a mes souvenirs, dit Cath.

Ces objets sont réduits en poussière et thermites de souterrains. On aurait dit que quelqu'un ne voulait pas qu'il nous reste des traces de notre découverte. Sûrement pour protéger les mondes. Encore ce sorcier !

La journée se termine tranquillement.

Je m'allonge sur mon lit. J'avais les yeux rivés sur mon dernier objectif de la journée : Mon étagère et ses fabuleux livres. En partant de la gauche, il y avait « cinq semaines en ballon », de Jules verne. J'envisageais, quand j'étais plus jeune, de partir pour un long voyage dans les continents encore inexplorés. Je rêvassais une fois de plus. Et puis, je passais au second : « Le petit Prince » de Saint Exupéry. Ce message et non seulement une magnifique histoire qui mérite le succès du monde entier, mais aussi un merveilleux message à retenir de la vie, de ses hauts et ses bas. Le troisième concerne la saga de J.K Rowling : Harry Potter. Ici, il s'agissait du second tome de la saga. La forêt interdite m'a toujours fasciné. Et puis, je passai les suivants : Charlie et la chocolaterie, vingt mille lieues sous les mers, Le Seigneur des anneaux, Hotel transylavanie.

Chaque page, chaque lignes de chaque paragraphes, j'en revenait à la conclusion suivante : les livres sont un défi, chaque histoire une énigme à résoudre.

Dans ma tête, j'étais prête à tourner la page de cette belle aventure. Qu'est ce qui nous est arrivé ? Jusqu'ici, tout va bien : quelques égratignures, un bleu ou deux, rien de bien méchant. Este aurait encore un peu mal au bras pendant un certain temps. Il arrive parfois que Cath perde quelques plumes. Marie portera toujours ces os en trop dans son corps. Mais qu'est ce qui changerait dans notre vie. ? Cette aventure nous l'avons vécu ensemble, et nous sommes tous vivants. C'est comme dans un livre. L'histoire se termine.

J'entends des grincements, du brouhaha depuis ma chambre. Je me lève d'un bond et me glisse à pas de loup vers le grenier. Marie en mettait du temps à trouver son chargeur ! Ou bien, c'était un excuse pour faire autre chose de bien différent. Je glisse sur le parquet et suis des yeux Marie.

Elle fouinait dans le grenier parmi la paperasse et les bibelots de la famille. Je l'observe. Elle tenait un petit carnet dans sa main gauche. Son journal de bord. Elle l'avait donc gardé. Il y avait tout dedans. Des cartes, des illustration ? Tout ce qu'il nous est arrivé se résume dans ce bout de papier. Elle ouvre un tiroir et le glisse à l'intérieur. Elle y ajoute quelques objets pour qu'il se fonde dans le décor. Elle fait demi-tour. Je me cache dans les toilettes. Elle repart dans la chambre. Je fais mine de tirer la chasse d'eau. Je savais tout. Les filles ne savaient rien. Mais en réalité, n'étais-ce pas la bonne solution ? Oublier ces êtres et ces paysages, ces mondes et ces trésors. Oui, on les mettrait tous en danger. Je garderai le silence.

Pourchassés par l'énigme- [Auto Édité Sur Bookelis]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant