- Félicitations! C'est une fille.
Et merde...
Ce matin là, je m'étais levée avec des douleurs atroces dans le bas du ventre. J'étais incapable de me lever ou de quitter cet appartement lugubre. J'ai donc fais appel à une ambulance. Je me souviens avoir été effrayé. Qu'est-ce que ça pouvait être ?
Des douleurs si intenses en si peu de temps.
J'étais très loin d'imaginer que j'étais entrain de faire un déni de grossesse.
J'étais seule et dans l'espace d'un instant. Nous étions deux.
À 20 ans, je suis devenue mère.
Dans la vie, j'ai toujours tout affronté seule. Mon père est mort lorsque j'avais 2 ans. Ma mère m'a donc élevé seule mon grand frère et moi. Enfin si on peut appeler ça « élever »... Effectivement, ma mère était accro à l'héroïne et qui puisait elle était aussi alcoolique sur les bords.
Mon frère et moi, nous nous sommes éduqués seuls. Il m'emmenait à l'école, me faisait mes tartines et me défendait contre les autres enfants qui se moquait de nous. Il était mon pilier.
Nous étions pauvres, très pauvres. Il est arrivé que certains soirs nous ne mangions pas. J'allai à l'école avec des vêtements troué ou qu'on avait reçu par des voisins.
Ma mère ne travaillait pas et le peu d'argent qu'elle recevait passait dans la drogue.
Mon grand frère trouvait toujours une solution à nos soucis.
Pendant longtemps, j'ai pensé que mon frère et moi ne fessions qu'un. Jusqu'au jour où il a quitté la maison sans se retourner.
J'entends encore mes pleures ainsi que mes cris lorsque je l'ai supplié.
« Reste avec moi! Reste! Je t'en supplie ! »
Ce jour là, il s'était disputé avec ma mère. Ça devait être une dispute banale et quotidienne mais elle l'a mise dehors sur un coup de tête. Elle l'a tellement regretté. Après cet événement, elle a sombré un peu plus dans la drogue.
Je sais que ce n'était pas la vie qu'elle espérait pour nous et qu'elle avait juste des difficultés à se contrôler.
C'est pourquoi, je ne la déteste pas, ce n'est pas sa faute. Elle n'était plus maîtresse d'elle-même.
À 18 ans, je l'ai abandonné à mon tour. J'avais besoin de faire ma propre vie. Je ne vais là voir qu'occasionnellement, histoire de voir si elle est toujours en vie.
Mon frère quant à lui, je n'ai aucunes nouvelles depuis son départ. Il m'a abandonné à 13 ans avec une mère alcoolique et droguée.
Comment a-t-il pu ?
Je le déteste, j'avais besoin de lui. J'ai encore besoin de lui. Il est le seul être sur terre que j'ai réellement aimé.
Du moins, c'est ce que je pensais jusqu'au moment où cette petite créature est rentrée dans ma vie.
Je n'ai pas eu d'exemple de ce qu'est une bonne mère. Je ne sais même pas ce qu'est réellement un parent.
En ce qui concerne le père de Mia, il y a très peu de chose à dire sur lui. Nous nous sommes rencontrés lorsque je sortais énormément en boite de nuit. Tout comme moi, il était très jeune. C'était le fils d'un riche homme respectable de Los Angeles. Tout ce que monsieur désirait lui était servi sur un plateau d'argent. Il se faisait très peu de soucis sur la vie et il dépensait son argent sans compter.
Nous n'avions rien en commun mise appart cette attirance commune. Dès que nos regards se croisaient, je pouvais sentir le feu en moi.
Ce n'était pas de l'amour, simplement un désir incontrôlable.
Nous n'étions pas exclusifs, il faisait ce qu'il voulait et moi aussi.
Cependant, plus nous nous voyions, plus j'avais du mal à voir ou discuter avec d'autres hommes. Aucun pouvait me combler autant qu'il le faisait alors à quoi bon ?
Les mois passaient et je me suis « attachée » à lui pour ensuite découvrir dans un magazine people qu'il s'était fiancé avec un mannequin.
Nous n'avions pas le même intérêt l'un pour l'autre. J'en avait vu des hommes défilés dans la vie de ma mère, il était hors de questions que je vive la même chose. Être la maîtresse d'un homme fiancé, impossible.
J'ai donc tourné la page et je me suis promise de ne plus succomber à la tentation.
J'étais très loin d'imaginer que quelques mois plus tard, j'allais me retrouver dans un lit d'hôpital à accoucher de notre enfant.
