Chapitre 50 : Ethan

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— Maman, pourquoi on ne dresse pas la table dehors ?

— Il fait moins de quinze degrés, Ethan, me fait-elle remarquer. Je n'ai pas envie d'attraper une pneumonie.

Federico et moi échangeons un regard, avant d'esquisser un sourire complice. Plus frileuse que ma mère, ça n'existe pas. Pour elle, une journée à moins de vingt degrés est une journée froide. Je pousse un soupir tout en continuant de dresser la table dans la grande salle à manger.

— Besoin d'un coup de main, frangin ?

Je lève un œil vers Tom qui s'approche de moi, une bouteille de bière à la main.

— Ca va, merci, j'ai bientôt fini, je réponds, concentré sur ma tâche.

Il hoche la tête sans me quitter des yeux et je réprime un nouveau soupir, d'agacement cette fois.

— Tu n'arrêtes de me tourner autour depuis que t'es arrivé, arrête ça et dis-moi plutôt ce que tu veux.

— Moi ? s'outre faussement mon frère en posant une main sur son cœur. Je ne vois pas de quoi tu parles.

Après que j'ai posé le dernier verre de vin, je me redresse et le toise, un sourcil haussé.

— Bon, ok. Pourquoi tu n'as pas donné de nouvelles à Auriane depuis quasiment une semaine ?

— Comment sais-tu ça ? je demande en fronçant les sourcils.

— Je te rappelle qu'on est amis, dit Tom en levant les épaules avant d'avaler un trait de bière.

— Qu'est-ce qu'elle t'a dit ?

Mon frère esquisse un sourire en coin.

— Tu es mon grand frère et je t'aime, mais je ne te révélerai pas de quoi on a parlé. Si tu veux savoir ce qu'elle pense, ai une discussion avec elle.

C'est imbécile qui me sert de frère me lance un clin d'œil, toujours avec son stupide sourire sur le visage. Le problème, c'est qu'il a raison. Evidemment que j'aurais dû contacter Auriane après avoir digérer tout ce qu'elle m'a confié. J'ai eu besoin de deux jours pour que les images accompagnant ses mots s'évanouissent dans ma tête, j'en ai fait des cauchemars. Et je sais que pour elle, ça a été très dur de se livrer à moi. Mais là, ça fait cinq jours que je ne lui ai plus adressé la parole. Même au bureau, je me suis contentée de la saluer avec un hochement de tête.

J'aimerais terminer notre discussion, mais qu'y a-t-il de plus à dire ? Elle m'a raconté son enfance, qui a été encore pire que ce à quoi je m'imaginais, et je suis touché qu'elle se soit confessée à moi car notre histoire a compté pour moi. Beaucoup. Mais à quoi bon reprendre une discussion pour l'entendre me dire que notre relation ne mènera nulle part ? Ou qu'elle n'éprouve pas de sentiments aussi forts pour moi, que moi pour elle ? Et même si c'était le cas, serais-je prêt à prendre le risque qu'elle me brise le cœur, une nouvelle fois. Aujourd'hui, j'avoue, c'est moi qui suis lâche. Avec cette discussion, ça mettrait un terme définitif à un « nous » que j'ai tellement voulu et que je veux encore. Et je crois que je ne suis pas prêt à laisser Auriane partir. Pas encore.

— D'autres conseils à me donner ? je marmonne, de mauvaise humeur.

— Des tas, s'esclaffe mon frère. Mais comme ton cerveau ne peut retenir qu'un certain degré d'informations, je te les dirai petit à petit, au fil de la vie.

Je lève les yeux au ciel tandis que Tom se marre comme le gamin qu'il est. Je le dépasse pour aller voir si je peux aider ma mère en cuisine.

— Merci, chéri, mais je m'en sors très bien. Ah, tiens, tu peux aller ouvrir ? demande-t-elle lorsque la sonnette retentit.

A Taste Of EternityWhere stories live. Discover now