Puis-je lui faire confiance ? ➖04

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Je pense immédiatement à mon harceleur et m'approche doucement de la porte, avant de coller silencieusement mon oeil contre le judas.

« Ulyss ! s'écrie une croix de crécelle. Je sais que t'es là ! »

Ouf...Ce ne sont que Kimlee et Tsuki.

J'ouvre la porte et m'accroupis, prêt à câliner Nibbler.

« Pourquoi tu ne réponds ni aux textos, ni aux appels ? me réprimande la jeune Kang. On s'est inquiétés !
Je pouffe de rire : Il ne fallait pas. J'avais besoin de me déconnecter, c'est tout.
T'es bizarre en moment, lance Tsuki, en s'affalant sur le canapé.
Ouais ! confirme sa sœur. Est-ce que c'est à cause de ton nouveau copain ?
Quoi ? je m'étonne. Pas du tout, je n'ai jamais rencontré quelqu'un d'aussi adorable !

Les Kang restent silencieux, et je comprends que j'ai gaffé.

Je balbutie, gêné : Enfin...Après Tomi.
T'inquiètes, sourit la benjamine. Mais t'as pas peur que votre histoire soit trop belle pour être vraie ?
Hein ?
Elle joue avec le bout de sa longue tresse noire et me raconte : Je dis ça parce qu'une de mes copines a vécu un vrai conte de fée avec un mec, jusqu'à ce qu'ils emménagent ensemble. Elle a quitté la maison de ses parents pour aller vivre avec lui et il s'est mis à la traiter comme de la merde avant de commencer à la cogner. Elle s'est enfuie pendant qu'il dormait, mais je peux te dire qu'elle n'est pas prête de s'en remettre...
T'es chiante Kimlee, soupire Tsuki. Tous les mecs ne sont pas comme ce connard. Shun a vraiment l'air d'un mec bien.
Eh ! râle sa soeur. J'ai jamais dit le contraire ! Mais on se sait jamais ce que pensent vraiment les gens, et ils peuvent changer du jour au lendemain !
Je ricane : Merci pour ta mise en garde, maman ».

Après avoir bien ri, les Kang repartent, en me faisant promettre de ne plus les laisser sans nouvelles.
Depuis la fenêtre de la cuisine, je les regarde monter dans la Pical 800 de Tsuki.

A chaque fois que je la vois, mon coeur se serre. C'était la voiture de Tomi. Même s'il l'a vite donnée à son frère, préférant sa moto, j'ai beaucoup de bons souvenirs liés à elle. Avant que je ne passe le permis de conduire et que je n'achète ma propre voiture, il venait souvent me chercher, à bord de cette pépite. Nous avons fait des balades et des cinés-car, couché ensemble et dormi dedans. Je l'aime beaucoup, et je suis très heureux que Tsuki en prenne soin. Elle est toujours immaculée.

La voiture quitte mon champs de vision et je ferme la fenêtre, nostalgique.
J'avale un bol de flocons d'avoine et vais me coucher.

Contrairement à la plupart des gens, j'adore le lundi. Sûrement parce que j'aime mon travail.
La lettre de recommandation de mon ancien responsable m'a permis d'obtenir ce poste, sans avoir fait les études nécessaires pour l'exercer.
J'ai surpris des subordonnés me surnommer « le pistonné », mais je ne leur en tiens pas rigueur.
Je l'aurais aussi vécu comme une injustice.
Heureusement, j'ai rapidement prouvé que l'absence de diplôme ne fait pas de moi un incapable.

C'est avec le sourire que je traverse le hall lumineux de Witpad Industries, jusque l'ascenseur.

« Bonjour Monsieur Jacob, me salue gaiement une stagiaire.
Je pouffe de rire : Aïko, je suis à peine plus âgé que toi, combien de fois vais-je te dire de m'appeler par mon prénom ?
La jeune femme rougit en regardant le jardin, à travers l'ascenseur en verre, qui ne tarde pas à arriver à son étage.
B...Bonne journée, Ulyss ! » dit-elle en s'enfuyant.

Je souris bêtement.

Je suis d'une humeur particulièrement bonne ce matin. J'ai bien dormi.
Pas de message de « Tomi » pour me perturber.
J'ai repris l'utilisation habituelle de mon téléphone, et l'ai glissé dans la poche intérieure de ma veste de costume. Je souhaite vraiment le pire à celui qui m'a fait cette blague. C'est inhumain.

Messages d'un MirageWhere stories live. Discover now