Chapitre 7

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Félix


Quelle chaleur insoutenable, elle donne tout sauf envie de sortir de chez soi. Il a bien fallu que je le fasse cependant afin de récupérer ma nouvelle carte d'abonnement de bus et tram, aux Quinconces. La rentrée se profile déjà à l'horizon, la semaine prochaine à la même heure j'entamerai mon nouveau cursus d'infographie 3D. Enfin fini l'ennui du lycée, libre à moi d'étudier quelque chose qui m'intéresse réellement ! Mais avant de retrouver le bonheur des salles climatisées, je suis dans la fournaise citadine à tenter de survivre. Quelle idée d'avoir perdu ma carte aussi.

Être en ville en été est tout sauf un privilège. J'envie ces gens vivant à la campagne, avec des lacs et des rivières à proximité afin de se rafraîchir. Ici, ce n'est qu'odeur de bitume chaud, pollution décuplée et sueur. La population cherche l'ombre et la moindre source de fraîcheur afin de se soulager des rayons du soleil. Les parents se plaignent toujours de voir leurs enfants rester à l'intérieur par un « si beau temps », mais qui voudrait sortir avec cette canicule ? Moi le premier, si j'avais pu je serais resté chez moi. Surtout que ce soir j'ai un tournoi de Shooting Bay à commenter, je ne pourrai rien faire d'autre de la soirée. En rentrant, je finirai de lire un des manuels demandé par l'école, afin de m'avancer. Ces livres ont coûté une fortune, autant les rentabiliser au maximum. Heureusement que je me fais un peu d'argent grâce à Shooting Bay, c'est une des choses qui me motive à rester en haut de la liste des joueurs populaires. On me paie pour commenter les tournois ou participer à des salons et jouer en live sur scène avec d'autres joueurs pros. Je peux ainsi m'offrir de nouvelles pièces pour mon ordinateur ou, ici en l'occurrence, des manuels scolaires au prix exorbitant.



Au gré de mes déambulations et de la chaleur qui m'assomme, j'arrive devant la boutique d'un ancien camarade de lycée de mon père. Souhaitant profiter d'une pause à l'ombre, j'entre dans le magasin, la clochette au-dessus de la porte vitrée tintant lorsque je l'ouvre.

— Yo Clyde ! dis-je en m'approchant du comptoir.

Le propriétaire des lieux lève le nez d'un cahier où il écrivait et me salue à son tour :

— Tiens, si ce n'est pas notre vedette nationale ! Comment tu vas garnement ?

Toujours le même, il ne changera jamais celui-là.

— À part me liquéfier et fondre au soleil, pas grand-chose. Et toi, ça marche les affaires ?

— Plutôt bien, il faut croire que le temps m'est bénéfique, les jeunes ne veulent pas sortir de chez eux et restent à l'intérieur pour jouer, parfait pour moi !

Comme je les comprends. J'aurais fait de même tout l'après-midi si je n'avais pas dû mettre le nez dehors.

— Alors, c'est bientôt la rentrée pour toi ? me demande Clyde.

— La semaine prochaine oui, je suis curieux de voir ce que ça va donner. Mais ça ne devrait pas me déplaire et ça sera toujours plus intéressant que d'apprendre à décortiquer un texte de Philo ou de savoir ce qui est arrivé à telle ou telle date dans l'Histoire.

— Ah ces jeunes, toujours à dénigrer le passé ! C'est important tu sais, le devoir de mémoire.

— Je ne dis pas le contraire, réponds-je en levant les yeux au ciel. Mais le fait d'apprendre des dates par cœur va-t-il changer le passé ou ressusciter ceux qui ne sont plus là ? Je suis d'accord pour en parler, mais pas pour étudier des détails qui ne me serviront à rien. Enfin bon. À part ça quoi de...

Je suis interrompu par un frottement contre ma jambe droite qui me fait sursauter. Deux boules de poils jouant avec mes lacets se trémoussent à mes pieds.

Les Étoiles dans nos CoeursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant