Chapitre 6

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 Amy


Lorsqu'Emma est arrivée chez moi ce jour-là, j'étais recroquevillée sur moi-même, dans mon vomis, les yeux rivés sur les visages de ma mère et de mon petit-frère. Le regard vide, comme hypnotisé, je n'arrivais pas à les quitter des yeux. Je ne voulais pas les voir dans cet état, je souhaitais que tout ceci ne soit qu'un mauvais rêve, mais ce n'était pas le cas hélas... La réalité était bien présente. Je me souviens qu'Emma a crié mon nom, j'ai également entendu d'autres voix : celles des policiers ai-je compris par la suite. Ma tante s'est agenouillée près de moi, posant simplement une main sur mon épaule. Elle était à deux doigts de s'effondrer et de fondre en larmes, mais elle a tenu bon. Pour moi. Car elle savait qu'elle était désormais ma seule famille, en un bref instant elle l'a compris et a décidé d'endosser ce rôle à la seconde où elle m'a touchée l'épaule. Pour ce simple geste, je ne pourrais jamais assez la remercier.

Car si elle avait craqué comme moi, je n'aurais pas eu de port d'attache auquel m'amarrer.

— Amy... ?

Au son de sa voix, je n'ai eu aucune réaction, j'étais vidée.

— Amy... regarde-moi.

J'ai cligné des yeux, lentement avant de la fixer et d'enfin me détourner de ma mère ensanglantée. J'ignore ce qu'elle a vu dans mon regard à ce moment-là, mais son expression est brièvement passée de désespérée à choquée. Mon enfance s'était envolée, ma joie de vivre avec, emportant également ma voix.

Jamais plus je n'ai prononcé un seul mot, le dernier ayant été « mort »...


J'ouvre subitement les yeux, sortant d'un sommeil agité. Faire ce genre de rêve est courant mais je n'arrive pas à m'y habituer. Qui le pourrait ?

Je me redresse lentement, éblouie par le soleil qui passe à travers les rideaux de ma chambre. Un bref regard à mon réveil m'indique qu'il est déjà 13 heures. L'avantage des vacances d'été, c'est que je n'ai pas d'horaire. Ces derniers jours je me suis couchée très tard, d'où ma grasse matinée d'aujourd'hui. La fin de l'année scolaire est arrivée rapidement, j'étais tellement concentrée sur mon travail ou mes jeux que je n'ai prêté attention à rien d'autre. Quel bonheur de ne plus avoir besoin de sortir, je suis libre d'occuper mon temps comme je l'entends.

Emma est encore absente cette semaine, je vie donc en ermite, ne sortant que pour aller dans le hall en bas, à la boîte aux lettres. Le reste du temps, je joue. En l'espace de deux semaines, j'ai gagné dix niveaux dans le classement national de Shooting Bay, le jeu de tir en ligne. Plus ça va, et plus j'en comprends les techniques et apprécie ce jeu. Je suis encore seulement 56ème, mais je compte bien atteindre le top 10 avant la rentrée scolaire. C'est l'objectif que je me suis fixé. J'ai très envie de pouvoir affronter les meilleurs et montrer que pour une fois, je peux être forte. Cet incident du yaourt m'a suivie longtemps, même si le groupe de garçons ne m'a plus jamais embêtée après l'intervention de l'élève de terminale ce jour-là... Grâce à lui, j'ai pu terminer l'année plus ou moins tranquillement. Je ne l'ai plus recroisé ensuite, je n'ai donc pas pu aller le remercier à nouveau en étant un peu plus présentable. Tant pis.

Un long soupir de désespoir m'échappe en ouvrant le réfrigérateur et en le voyant si vide. Emma l'avait rempli avant de partir et j'avais réussir à survivre jusque là, mais je suis forcée de reconnaître que cette fois-ci, je vais devoir aller faire des courses. Cette simple idée commence déjà à m'angoisser. Je secoue la tête et vais dans ma chambre, où mon regard se pose sur mon sac en toile. Allez, courage Amy !

Je fais un détour par la salle de bain pour me brosser les cheveux rapidement et les dompter un peu. Ils ont encore poussé et atteignent désormais le bas de mon dos, il faudra que je les coupe un peu avant de retourner au lycée. Il semble faire très chaud dehors, je vais rester en tee-shirt et short et simplement enfiler des tennis blanches. Je quitte l'appartement, verrouille la porte et prends l'ascenseur. Une fois en bas et ouvrant la porte de l'immeuble, une vague de chaleur me submerge et j'ai l'impression d'être entrée dans un four. Une légère brise vient cependant adoucir la température, même si cela n'est qu'un bref soulagement.

Les Étoiles dans nos CoeursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant