Chapitre 1

8 1 0
                                    


Amy

On m'a souvent dit de ne pas toujours écouter les autres, de parfois me rebeller ou répondre sans avoir peur de donner mon avis. Mais comment trouver le courage de parler devant tant de gens et d'exprimer mon opinion ? Comment réussir à me faire entendre lorsque moi-même je peine à exprimer des émotions ? Je ne comprends pas comment font les autres, car cela me semble être une compétence très compliquée à avoir. D'autant plus lorsque l'on est... comme moi. Les mots ont des pouvoirs. Ils blessent, détruisent et font du mal tout autant qu'ils guérissent, aident et aiment. Cela fait bien longtemps que j'ai oublier l'art de jongler avec ces outils indispensables.

À la compagnie des humains, il est bien plus facile de préférer les jeux vidéos ou les livres. Quoi de mieux que de se prélasser dans sa chambre, une manette entre les mains et de passer la soirée à jouer ? Rien, il n'y a rien de mieux à mes yeux. Pourquoi voudrais-je autre chose ? Je ne pense pas que sortir côtoyer la société et me mêler à la foule ne m'apporterait un épanouissement quelconque. Pour ce que j'en sais, la plupart des gens prônent un certain égoïsme sans s'en rendre compte. Il suffit d'observer pour le remarquer, il y a peu de personnes qui, au final, ne le soient pas. Je n'ai pas la prétention de me classer parmi eux, je suis sans aucun doute égoïste à ma manière, nous le sommes tous un jour ou l'autre.

Sans compter le stress permanent propice aux grandes villes. Ayant passé mon enfance à la campagne, j'avais pris l'habitude d'avoir un quotidien calme, joyeux et sans soucis. En ville, tout est différent. Le bruit ambiant, la pollution, le chahut ou encore cette phobie du retard. Tout un méli-mélo de sensations nouvelles qui me sont tombées dessus d'un coup, à une période de ma vie où j'avais besoin de tout sauf de ça. Cela ne s'est pas arrangé avec les années et ne m'a nullement aidé. Mais tout ça, c'est du passé... du moins, ça devrait l'être.

Ma cicatrice ne guérira jamais, je le crains.


J'étire les bras au dessus de ma tête et appuie mon dos contre le côté de mon lit. Assise à même le sol, en face de la petite télévision installée dans ma chambre, je viens de terminer un énième jeu vidéo. Je jette un œil à la jaquette, lancée négligemment sur la table basse qui me sépare de l'écran et me dis que c'était un bon achat.

— Amy, viens deux minutes s'il te plaît ! crie ma tante à mon intention.

Je ne réponds pas et me lève simplement, ajustant mes lunettes sur mon nez et sortant d'un pas léger dans le couloir. Je suppose que ma tante Emma est dans son bureau, aussi, je bifurque aussitôt dans la pièce à ma gauche.

— Ça t'embêterait d'aller me poster cette lettre s'il te plaît ? C'est assez urgent et je dois absolument terminer cet article pour ce soir, dit-elle en me tendant une enveloppe épaisse.

Je hoche la tête et lui prends des mains l'objet en question.

— Je ne sais pas à combien il faut l'affranchir, tu peux prendre de la monnaie dans mon sac au porte manteau. Merci Amy, tu me rends un grand service !

Je n'ai pas le temps d'acquiescer qu'Emma a de nouveau la tête dans ses papiers. Elle est journaliste sportive, assez connue d'ailleurs. De ce fait, elle n'est pas très souvent à la maison mais j'apprécie beaucoup sa compagnie lorsqu'elle est là. Emma est grande, élancée, très féminine et une jolie coupe au carré vient mettre son visage en valeur. Un peu tout mon contraire : je suis plutôt petite et ne fais pas vraiment attention à mon apparence. Ma longue tignasse rousse légèrement ondulée n'en fait qu'à sa tête, ma frange épaisse arrivant carrément au niveau de mes lunettes. Non pas que cela me dérange, je me fiche bien de ce que l'on peut penser de moi. Il en est ainsi depuis longtemps et ce n'est pas près de changer. Je me sens bien ainsi, en sécurité. Protégée du monde extérieur.

Les Étoiles dans nos CoeursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant