Chapitre 5

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Félix


« Claire, tu peux me filer tes cours d'Histoire de l'an dernier ? »

Je croise les doigts pour qu'elle accepte, elle n'est pas de très bonne humeur en ce moment.

— T'es vivante ?

— Quoi ?! l'entends-je s'énerver de l'autre côté de la porte.

— Tes cours ! File les moi !
— Débrouille toi !

Pour marquer le coup, elle verrouille sa chambre.

— Génial, vive l'esprit de famille, je marmonne en tournant les talons et regagnant ma tanière.

Je soupire devant mes cahiers et livres éparpillés sur le sol ne sachant par où commencer. Demain c'est lundi, et j'ai des examens toute la semaine. Si j'arrive à maintenir la moyenne à longueur d'année, je dois tout de même étudier un peu plus que d'habitude pour un marathon de ce style. Et voilà une journée de perdue où j'aurais pu jouer ! Je m'étire de tout mon soûl avant de m'asseoir à même le sol et de tenter de dépatouiller les matières. Je range d'office l'anglais dans mon sac. Pour ça, je n'ai pas besoin de réviser. Je joue régulièrement contre des anglophones et suis donc à l'aise dans cette langue aussi bien à l'écrit qu'à l'oral. C'est toujours ça en moins ! Je décide de commencer par les mathématiques, y étant moyennement bon. Ceci m'occupe une bonne partie de la journée et je maudis ce baccalauréat et ses examens blancs qui prennent du temps et ne sont pas motivants. L'enjeu, c'est quoi ? Un diplôme. Et après ? Que faire de ma vie après ça ? Je n'en ai aucune idée, je ne suis doué que pour les jeux vidéos. Devenir joueur professionnel m'a déjà vaguement traversé l'esprit, j'ai même reçu quelques offres de partenariats avec différentes marques. Mais ça ne m'intéresse pas, je joue car je n'ai que ça à faire, mais ces derniers temps je n'ai aucun but à atteindre. Je ne sais pas comment je vois ma vie dans le futur. Je n'en ai aucune idée, et ça m'effraie.

J'attrape les brochures d'orientation données par ma mère un peu plus tôt que j'avais négligemment jetées dans un coin de mon bureau. Je prends le temps de les feuilleter, au cas où un cursus intéressant se montrerait. C'est alors que la section multimédia apparaît au détour d'une page et que la filière infographie 3D me fait de l'oeil. Créer des jeux vidéos... pourquoi pas. Je pourrais enfin développer ce fameux jeu dont je parlais avec Bastien l'autre jour, où le mal l'emporterait.

L'idée me plaît et je passe l'heure suivante à glaner des informations sur internet. Il y a de nombreuses écoles, cotées ou non, et c'est à moi de séparer le bon grain de l'ivraie. Mais cette activité m'amuse plus que je ne l'aurais cru. L'école la plus proche d'ici se trouve à même pas quinze minutes de tramway, aux Chartrons, et le cursus est sur cinq ans avec spécialisation en jeux vidéos à la troisième année. Plus je parcours le site et plus ma motivation et mon intérêt grandissent. La journée portes ouvertes était il y a deux semaines, mais apparemment on peut prendre rendez-vous pour aller visiter. Je n'ai plus qu'à noter le fruit de mes recherches et attendre de voir. Je retourne à mes révisions, ayant cette fois-ci un objectif à atteindre.


En arrivant au lycée ce lundi matin et m'étant levé du mauvais pied, je suis encore plus renfrogné que d'habitude. Je gagne la salle du premier cours sans aucune motivation et laisse tomber lourdement mon sac sur mon bureau.

— Yo !

Je réponds brièvement au salut de Bastien puis remonte la fermeture éclair de mon pull de manière à camoufler le bas de mon visage.

J'ai passé une nuit affreuse et l'humeur du jour est par conséquent détestable. Inutile de parler à qui ce soit, sinon je vais être désagréable. Bastien a l'air de comprendre car il n'insiste pas, et les autres font comme d'habitude : ils m'évitent. C'est vrai, sait-on jamais, je pourrais les attaquer subitement. Je lève les yeux au ciel puis sors de quoi écrire et mon livre d'Anglais. Je ne participe presque pas en cours, dans cette matière non plus. En Anglais je pourrais, mais ce qu'on apprend est tellement basique et inutile que je m'ennuie ferme. Je le vois bien en vocal, quand je joue en ligne, c'est un tout autre vocabulaire qui est utilisé. Rien de ce que j'ai appris en classe n'a pu m'aider, à part la conjugaison peut-être. Du coup si je me mettais à parler durant le cours, ça surprendrait plus qu'autre chose et j'attirerais à nouveau l'attention sur moi. Je n'ai pas besoin de ça.

Les Étoiles dans nos CoeursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant