𝚂𝚒𝚡

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Bonne lecture !

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Un soir, quelqu'un toque à sa porte et Naruto se lève de son lit en imaginant sa voisine sur le palier. Ses pieds traînent sur le sol, il grimace devant le bazar de la pièce, et finit par allumer la lanterne à côté de sa table de nuit. (La plupart du temps, les lumières de la rue sont suffisantes étant donné qu'il ne ferme presque jamais ses rideaux.)

Mais quand il ouvre sa porte, ce n'est pas la vieille voisine dont les enfants sont partis depuis un moment qu'il trouve dans le couloir.

— Professeur Iruka, dit-il.

Ce dernier hausse un sourcil. D'habitude, il leur faut toujours se battre un peu pour que Naruto laisse tomber la familiarité et décide de lui offrir un peu de rester en l'appelant professeur. Mais ce soir, il est fatigué.

Il l'a été toute la semaine.

Il ne sait pas quelle heure il est, mais il s'est endormi directement en revenant des cours.

— T'étais occupé ?

— Pas vraiment.

— Je peux entrer ?

Naruto hausse les épaules, et s'écarte.

Si Iruka pense quelque chose du bazar ambiant, il n'en dit rien. Pas de commentaires, et pas de regard significatif.

Il ne s'assoit pas sur la chaise de bureau déjà tirée, alors Naruto devine que ça va être rapide. Ce n'est pas une simple visite de courtoisie, histoire de voir comment il va : il a quelque chose à dire.

— Vous voulez... de l'eau ?

Il a hésité, avant de se souvenir que c'est la seule chose qu'il reste à boire chez lui. Iruka secoue la tête.

— Nan, t'inquiète pas. En fait je... je suis passé hier soir, et t'étais pas là.

— Oh.

— T'étais où ?

Naruto fronce les sourcils.

— Je me promenais.

— À cette heure-là ?

— Je voulais prendre l'air.

Le parc est en général une bonne solution quand il veut être seul, mais pas tout à fait seul (et pas enfermé, pas ici). Il marche, s'allonge dans l'herbe, et là les étoiles sont grandes et jolies. C'est si grand. Tellement immense.

Ça le force à se sentir petit, et alors tout le reste devient petit aussi. Son sentiment de vide, la lourdeur de ses épaules, les repas pris seuls et les regards des parents.

— Tu devrais pas sortir à cette heure. Les enfants de ton âge font pas ça, tu sais ?

Cette fois, il peut à peine se retenir. Il ne dit rien, mais sa tête se tourne immédiatement vers Iruka et ses yeux doivent transmettre exactement la colère qu'il ressent car ce dernier semble regretter son commentaire.

Car ils n'ont pas le droit de s'attendre à ce que Naruto fasse comme les autres enfants, puis le laisser dans son coin en lui parlant une fois par mois pour se donner bonne conscience. Ce n'est pas juste.

— Désolé. C'est pas ça dont je venais te parler, en plus.

Il fourre ses mains dans ses poches, puis soupire.

— Tu sais que l'année se termine.

(Il en est conscient un peu plus chaque jour.)

— J'ai parlé à ta maîtresse, hier midi. Apparemment, ça va pas fort en cours ? Elle dit que tes notes sont...

Il sait très bien comment son ses notes, mais aujourd'hui il n'a vraiment pas la force. Parfois, il a l'impression que sa bouche ne va jamais retenir tous les mots qui en sortent et il parle, parle, parle, jusqu'à soûler tout le monde. Et le jour d'après, sa fatigue pèse sur ses lèvres et il peine à articuler la moindre phrase.

C'est un soir comme celui-là.

Iruka l'observe.

— C'est moi que t'auras, l'année prochaine. T'as toute l'année pour réussir l'examen, mais...

Sa bouche se tord, et Naruto sait très bien ce qu'il pense. Il y pense aussi, bien sûr (car Sasuke Uchiha est fort, connaît déjà des techniques, et lui n'arrive à rien, rien du tout).

Le multiclonage. Il essaye, souvent.

Ça ne fonctionne pas.

Il a entendu sa maîtresse demander un test de chakra, pour vérifier qu'il est possède bien, et apparemment c'est le cas. Ça vient juste de lui, alors.

— Je voulais juste voir comment tu te sentais.

— Fatigué, répond-il honnetement.

Il regrette un peu d'avoir dit ça dans la seconde, car il se rend compte que c'est presque une demande. Il ne veut pas le mettre à la porte.

Mais il ne se corrige pas.

Iruka se frotte la nuque, puis soupire.

— D'accord. Je vais te laisser dormir. Je voulais juste... si t'as besoin de moi, tu sais où me trouver.

Il ne dit rien sur le fait que Naruto fait de plus en plus de bêtise, sur le fait qu'il crée de plus en plus de problèmes. Il se content de s'approcher, de lui passer une main dans les cheveux (et c'est la première fois que quelqu'un le touche depuis un bon moment).

Naruto inspire.

Iruka sort de la pièce, et referme doucement la porte.

Il expire, puis se laisse tomber dans son lit et ferme les yeux.

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Nos vies décolorées || NarutoWhere stories live. Discover now