XXIII - Savoir ce qu'est une famille

200 19 14
                                    


Marinette monta les escaliers qui menaient à sa chambre sous les yeux soucieux de ses parents. Elle prit son téléphone et se demanda comment faire pour rompre, tout en faisant comprendre à son amoureux qu'elle ne le faisait pas volontairement. Elle était certaine que le message serait lu par le styliste ou par Nathalie, avant de parvenir à son destinataire. Lui avait-on confisqué son téléphone ? C'était probable, vu qu'Adrien n'avait écrit à personne depuis le matin.

Soudain, le contrecoup de la diatribe de Monsieur Agreste la frappa. Quelle humiliation ! Que le créateur qu'elle admirait le plus, dont elle avait étudié avec éblouissement chaque modèle, lui parle comme à la dernière des dernières ! Il pensait qu'elle séduisait son fils dans les placards à balai, la menaçait de l'empêcher de percer dans le métier dont elle rêvait depuis des années ! Elle se sentait profondément humiliée.

Quel père détestable il faisait ! Il ne se demandait pas ce que ressentait Adrien. Il envisageait de le couper de tous ses amis. Il utilisait son pouvoir pour l'éloigner de celle dont il était amoureux. Mais pourquoi faisait-il tout pour rendre Adrien malheureux ? Ne se rendait-il pas compte de tout ce que son fils faisait pour lui ? Ne réalisait-il pas combien Adrien l'aimait ?

— Marinette ! cria soudain Tikki.

Trop tard ! La jeune fille vit, impuissante, le papillon violet se fondre dans son téléphone.

— Cœur Brisé, je suis le Papillon. Je peux t'aider à te venger de ce père abusif et te permettre de garder ton Adrien. En échange...

Le premier effroi passé, Marinette se souvint de Chloé, qui, par deux fois, avait repoussé l'offre de leur ennemi. C'était l'occasion de voir si elle en était capable, elle aussi.

— Va-t'en, dit-elle brutalement. Je n'ai pas besoin de ton aide.

— Tu ne veux pas te venger ? Rendre la monnaie de sa pièce à celui qui t'a insultée ?

— Gabriel Agreste est un père déplorable et abusif, mais son fils l'aime. Adrien ne voudrait pas que je lui fasse du mal. Savez-vous au moins ce qu'est une famille !

Elle sentit la stupéfaction du Papillon et l'emprise qu'il avait sur elle vacilla. Elle jeta son téléphone par terre et pensa le plus fort possible « Va-t'en, va-t'en ! ». Le papillon parut comme éjecté de son support. Il se glissa par la fente de la trappe qui menait à l'étage inférieur et disparut.

Non, songea Marinette. Pas mes parents !

Elle bondit sur la trappe, l'ouvrit et cria :

— Refusez l'akuma ! Je ne veux faire de mal à personne !

Elle dégringola l'escalier et vit le papillon maléfique au-dessus de son père.

— Papa, on va trouver une solution, dit-elle d'une voix qu'elle espérait apaisante. Adrien et moi nous aimons assez pour surmonter ça. On ne veut pas se venger. Adrien aime son père, il ne veut pas que tu t'en prennes à lui !

— Elle a raison, Tom. Tu ne dois pas faire ça, renchérit Sabine, très pâle, plus loin dans la pièce. Nous allons les aider, mais sans violence.

Elle rejoignit son mari et posa la main sur son bras. Marinette en fit autant.

— Papa, refuse-le, c'est possible.

Le boulanger entoura sa femme et sa fille d'une grande étreinte. Ils formaient désormais un groupe compact.

— Il ne faut pas avoir peur, dit doucement Marinette. Il ne peut rien contre nous, si on se fait confiance.

Effectivement, le papillon s'éloigna de la famille et tournoya dans la pièce, cherchant une issue, espérant trouver une autre victime. Il se dirigea vers la fenêtre de la cuisine où il se posa, arrêté par la vitre.

La charge de gardienneWhere stories live. Discover now