IX- Faire sa promotion

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Un matin de novembre, Marinette respira profondément pour se donner du courage et entra dans la classe d'Adrien. Elle fit un salut de la main en direction de la table où se trouvait le mannequin et Sundar, puis dirigea son attention vers celle qu'elle était venue voir. Chloé était en train de faire admirer ce qui était sans doute une nouvelle bague à son amie Sabrina. Marinette se concentra sur le serre-tête rose qui tranchait sur les cheveux blonds de la fille du maire. La principale raison de sa visite ce matin-là.

— Bon anniversaire, Chloé, dit-elle quand elle arriva devant celle qui avait longtemps été sa pire ennemie.

L'interpellée ne tenta même pas de cacher sa stupéfaction.

— Depuis quand tu me fêtes mon anniversaire, Dupain-Cheng, interrogea-t-elle d'un ton hautain.

Marinette s'enjoignit à la patience.

— Pourquoi ne pas enterrer la hache de guerre ? demanda-t-elle. Nous avons des amis communs.

— Tu parles d'Adrien ? interrogea Chloé. Il t'intéresse toujours ?

Marinette tenta de positiver en notant que son interlocutrice avait modulé sa voix de manière à ne pas être entendue au-delà du trio qu'elles formaient avec Sabrina. C'était une vraie question, pas un moyen de l'embarrasser.

— Plus maintenant, répondit-elle avec franchise.

— Tant mieux, je préfère qu'il soit avec Kagami, lui fit savoir Chloé.

— Tout va bien, alors, fit remarquer Marinette en posant un paquet sur la table.

Constatant que Chloé regardait l'offrande avec circonspection, elle précisa :

— Ça s'appelle un cadeau. L'usage veut qu'on retire le papier autour pour voir ce que c'est.

Cela eut le mérite de faire pouffer Sabrina qui dissimula son rire dans une fausse toux. Chloé lança à Marinette un regard scrutateur avant de prendre le paquet et de le soupeser. Puis, après un petit haussement d'épaules, elle déchira l'emballage d'un geste vif. L'objet qui s'y trouvait tomba sur la table. D'un geste méfiant, Chloé déroula ce qui s'avéra être une ceinture en cuir tressé. L'ensemble déclinait tout un camaïeu de rose, avec un fermoir clinquant, représentant une tête de lion. Sans qu'elle s'en rende compte, les coins de sa bouche se relevèrent en un sourire ravi.

— Comme tu sembles beaucoup aimer ton serre-tête, expliqua Marinette, j'ai pensé que tu apprécierais d'avoir un accessoire assorti.

Chloé s'était ressaisie et son expression était redevenue neutre.

— Je suppose que je dois te dire merci, fit-elle comme si c'était une corvée.

— Seulement si tu veux être polie, répondit sèchement Marinette.

— C'est toi qui l'as faite ? interrogea Sabrina, qui ne cachait pas son approbation.

— En grande partie. J'ai demandé à un cordonnier d'ajuster certaines attaches. Je n'ai pas de matériel pour travailler le cuir.

— Je ne savais pas que tu faisais aussi des ceintures, fit Adrien, qui s'était rapproché pendant que Chloé découvrait son cadeau.

— Je suis encore limitée par mon manque de pratique et d'outils adéquats, répondit Marinette avec modestie.

— Qu'est-ce que tu attends pour l'essayer ? demanda Adrien à son amie d'enfance.

Chloé ne se fit pas davantage prier. Elle ôta la ficelle dorée qui décorait son pantalon de coutil blanc et la remplaça par sa nouvelle acquisition. Le rose qui tranchait sur le blanc et la tête de lion attirait les regards sur sa taille fine. Cela lui allait indubitablement très bien.

La charge de gardienneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant