XVII - À cœur ouvert

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La première réaction de Kagami, quand elle avait appris le refus de Marinette, avait été de la compassion pour Adrien. Dans un second temps, elle ressentit de la colère envers sa rivale. À quoi jouait-elle ? De quel droit repoussait-elle Adrien, qui avait rompu son précédent engagement pour elle ? Se vengeait-elle qu'il ne l'ait pas choisie en premier ?

À moins qu'il ne soit dans le caractère de Marinette de ne pas savoir saisir sa chance. Kagami l'avait, dans un premier temps, considérée comme indécise et irresponsable. N'avait-elle pas la preuve que son jugement était correct et toujours d'actualité ? Marinette s'était rapprochée d'Adrien de manière irréfléchie, avait fait évoluer ses sentiments et refusait maintenant d'en assumer les conséquences. Par son imprudence, elle avait détruit la vie sentimentale de deux personnes et, une fois son forfait accompli, prétendait n'y être pour rien.

La mère de Kagami avait raison. Il était sans intérêt de juger les gens sur ce qu'ils paraissent ou voulaient être. Toujours juger les actes, et rien d'autre. Marinette pouvait être pétrie de bons sentiments, pour finir, elle agissait comme la pire des garces. Qu'est-ce que sa gentillesse et sa bienveillance avaient apporté à Kagami et Adrien ? Rien de bon.

Kagami était reconnaissante d'avoir reçu une éducation qui lui avait appris à agir avec circonspection et responsabilité. De faire passer le devoir avant les sentiments. Elle y avait dérogé ces derniers mois et avait vu le résultat. Elle avait appris la leçon.

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Le samedi suivant, Kagami se rendit à la boulangerie Dupain-Cheng après son cours de danse. La boulangère lui sourit en la reconnaissant. Elle la fit passer par la porte de service et lui dit d'aller sonner à l'appartement, Marinette s'y trouvait. Kagami monta les deux étages et appuya sur la sonnette. Elle entendit des pas dévaler l'escalier intérieur, puis Marinette lui ouvrit. Elle parut ravie en découvrant Kagami et l'accueillit avec un grand sourire.

— Kagami ! Je suis contente de te voir. Entre donc !

Kagami pénétra dans l'appartement, laissa Marinette fermer la porte derrière elle, mais ne la suivit pas vers sa chambre. Marinette monta quelques marches avant de se rendre compte que sa visiteuse ne bougeait pas. Elle lui lança un regard interrogatif :

— Tu ne veux pas monter ? s'étonna-t-elle.

— Je ne compte pas rester longtemps, fit savoir Kagami.

Pour la première fois, Marinette sembla réaliser que ce n'était pas une simple visite amicale. Son sourire se fana et elle revint se placer devant Kagami, qui était toujours plantée devant la porte.

— D'accord, dit-elle. Je t'écoute.

— À quoi joues-tu avec Adrien ?

Le visage de Marinette se durcit, mais elle ne détourna pas les yeux comme Kagami s'y attendait. Au contraire, elle les plongea dans ceux de sa visiteuse pour déclarer :

— Ce n'est pas un jeu. Je ne peux pas répondre aux sentiments d'Adrien. Si je le pouvais, je le ferais. Je ne le fais pas souffrir par plaisir.

— Alors pourquoi l'as-tu séduit ?

— Je n'ai rien fait de tel. Tu m'as vue avec lui. Je n'ai jamais rien fait d'autre.

— Cela a suffi.

— Kagami, j'ai passé un an dans sa classe sans qu'il me remarque. Comment aurais-je pu deviner qu'il allait se décider, maintenant, après m'en avoir préféré une autre ? Je n'ai rien vu venir, sinon, j'aurais agi autrement.

Kagami savait qu'elle était sincère. Elle changea d'angle d'attaque.

— Pourquoi le repousses-tu, alors que tu l'aimes ?

La charge de gardienneOnde as histórias ganham vida. Descobre agora