Chapitre 37 : Apaisement

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« Comme si tu allais le laisser faire de toute manière en tant que physio. Toi et Pyry nous assassineraient si on posait le regard ne serait-ce sur une minuscule goutte de bière ! » ricane Charles en indiquant d'un signe de tête le bar de l'hôtel.

« De un, ça serait injuste envers vous qui prenez le volant demain. De deux, je reste toujours sportif de haut niveau bien qu'à l'arrêt jusqu'à dans deux semaines. Et de trois, je ne pense pas ultra bien tenir l'alcool en ce moment ... » justifie alors Esteban en se concentrant sur sa boisson.

Bien que cette explication apporte une réponse à l'Italien, Pierre ne peut s'empêcher de remarquer à quel point ses paroles sont lourdes de sens : des grosses cernes ont fleuri sous ses yeux, ses pupilles sont un peu plus dilatées et il bâille à s'en décrocher la mâchoire. Esteban, qui est de nature corporelle certes fine et sèche, a maigri, voire a perdu en musculature. Et même si ce dernier point s'explique en partie par le manque de roulage, Pierre est loin d'être dupe. Il a vu aussi qu'il mangeait moins. Bien sûr, le Rouennais sait pertinemment que l'Ébroïcien n'a pas un monstrueux appétit, mais à ce point, ça frôle la consommation de salade à tous les repas. La fatigue cumulative marque donc le corps du jeune Français sur toutes ces coutures. Et on ne parle là que du physique. Le mental n'a pas dû être meilleur.

C'est Charles qui le coupe ainsi dans sa rêverie en déclarant : « Ces consommateurs de pseudo-boissons énergisantes dégueulasses ont tout simplement de la merde dans les yeux, Pierre. »

« Ouh ça attaque le sponsor principal, pas très subtil ça ! » ricane Esteban.

« Je m'en fous, de toute manière ça n'est pas mieux chez Mercedes ... de la Monster franchement ... c'est pas bon ! » réplique le Monégasque avec une grimace.

Son namour sera décidément toujours là pour le réconforter, même lorsque le constat semble parfois trop gros pour ne pas être réel. Pierre se pelotonne un peu contre Charles pour un bref moment doux où ils se tiennent la main, tout en suivant la conversation. Ils se trouvent encore dans un espace public, expliquant ainsi la nécessité contrainte pour le moment d'écourter ces moments ouverts de tendresse. Un jour peut-être oseront-ils ? Mais ils ne sont eux-mêmes pas encore prêts pour cela.

Et la soirée passe ainsi, elle ne dure pas longtemps puisque lui et Charles roulent demain avec les qualifications, que Andrea et Pyry ne sont pas non plus pour une soirée pyjama ; et qu'il faut aussi à tout le monde une bonne nuit de sommeil.

Mais alors que tout le monde se dirige vers les ascenseurs pour monter dans les chambres d'hôtel, Pierre se ressaisit en voyant Esteban s'arrêter un instant devant les baies vitrées, contemplant la lune scintillante.

Sa décision est alors faite : après avoir rapidement, à l'abri des regards, embrassé tendrement Charles et promis à Pyry de ne pas trop tarder pour aller dormir, le Français se dirige vers son compatriote.

« On dirait un enfant de la Lune ! »

« Crois-moi, je pense que tu as bien raison ! » renchérît l'intéressé en se posant dans un fauteuil se trouvant là.

« Ça a été la pire cette année ? » demande Pierre en faisant de même.

« Non. Mais elle fait quand même partie des années les plus rinçantes de toute ma vie ! En réalité, elle est même plus longue que ça ! »

Il prend son temps, il respire, encore bien tendu, même s'il sait que ces années stressantes arrivent à un terme. Pierre se montre attentif, l'encourage sans le forcer à continuer pour tout déballer. Il sait lui-même à quel point ça peut parfois être dur de tout faire remonter à la surface : trop de mauvais souvenirs qu'on ne souhaite pas revivre d'une quelconque manière.

Tout n'est pas perdu...[Formule 1]Where stories live. Discover now