Chapitre 30- Famille

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Sur l'un des balcons du palais, assis dans son fauteuil roulant, Rulius McKallan regardait l'horizon.

Debout à ses côtés, la reine s'assit dans un confortable trône. "Je pensais ne jamais vous revoir au palais, je suis ravie de constater que je m'étais trompée. Vous avez trouvé un moyen de revenir ici par l'intermédiaire de votre fille malgré votre déclassement, je suis impressionnée. Mais pourquoi ne l'avez vous pas fait plus tôt ? Cela fait bien longtemps qu'Inaya est régulièrement invitée, mais vous n'en profitez qu'aujourd'hui..."

Rulius serra les poings. "Je suis ici car elle m'a demandé de l'accompagner. Je n'utiliserais jamais ma fille pour des fins personnelles !"

La reine plissa les yeux.

Il reprit. "C'est de votre fils dont je veux vous parler. Je sais comment vous le traitez, et ça me tuait de n'avoir rien pu faire jusqu'à présent à cause de ma maladie. Maintenant que j'ai pu bénéficier de soins, je ne laisserais plus votre comportement passer."

"De quoi parlez-vous ?"

"Annaëlle, ne faites pas l'innocente. Tout Astolium est au courant que vous reniez le prince ! Vous n'avez même pas une once d'amour pour lui !"

La reine se leva. "Bien évidemment, je n'ai rien à espérer d'un héritier qui n'a jamais eu aucun talent artistique !"

Rulius baissa les yeux. "Vous souvenez-vous de mes premières années en tant que premier artiste royal, et sculpteur officiel de la cour ? Quand après mon divorce ma maladie s'est empirée ?"

"Je croyais que vous vouliez me parler de mon fils..."

"J'y viens, justement. A l'époque mon état s'aggravait de jour en jour, il m'était impossible de me concentrer sur mon travail. Et mon travail était d'enseigner les meilleures techniques artistiques au jeune prince."

La reine fit quelques pas puis se posa en face de Rulius. "Bien sûr que je m'en souviens, Ionas était tellement mauvais que cela vous a dégouté de l'avoir comme élève et vous n'êtes jamais revenu au palais ! Vous êtes le premier à avoir compris que mon fils était un incapable, et vous me reprochez de le délaisser pour ça ?"

"J'ai menti."

Annaëlle eu un mouvement de recul. "Pardon ?"

Rulius planta son regard droit celui de la femme. " Vous m'aviez refusé plusieurs fois de partir, car il est impossible pour le premier artiste de la cour de rendre son titre, c'est vu comme une trahison à la famille royale. Alors pour pouvoir retourner chez moi et être soigné, j'ai menti. J'ai prétexté que le prince n'avait aucun talent et qu'on ne pourrait jamais rien faire de lui, car il me fallait une excuse pour abandonner son enseignement."

"Vous voulez dire que..."

"Votre fils n'a jamais été un bon à rien, il avait même un excellent potentiel ! Vous l'auriez vu tout de suite si vous aviez ne serait-ce que posé les yeux sur lui, mais vous ne le regardez qu'à travers ce qu'en disent les autres !"

La reine lui tourna le dos. "Ses professeurs m'auraient dit s'il était doué, mais il n'a jamais été capable que de créer des œuvres mauvaises et ridicules. Il ne mérite pas d'être l'héritier d'Astolium."

"Il n'y a rien de mauvais en art, Annaëlle ! A cause de ce que j'ai dit vous vous êtes mise dans la tête que votre fils était un incapable et les professeurs qu'il a eu par la suite n'ont fait qu'aller dans votre sens ! Pour rien au monde Ionas ne mérite la manière dont vous le traitez ! Si je viens vous parler ce soir, c'est pour vous faire arrêter tout ça."

La reine se retourna doucement vers Rulius, un sourire malsain aux oreilles. "De quoi parlez-vous donc ?"

"Vous passez vos nerfs sur Ionas. C'est la raison pour laquelle il est si doué en maquillage."

ParallèlesWhere stories live. Discover now