Parallèles

Chapitre 1- Nao

Nao posa son pinceau.

Elle venait de terminer sa dernière toile, il ne manquait plus que sa signature. Alors qu'elle remettait du noir sur sa palette, elle fit quelques pas en arrière pour contempler son œuvre. Devant elle se trouvait le portrait d'une riche famille en tenue de soirée. Nao jeta un œil vers la fenêtre à sa droite et observa son propre reflet. Avec son débardeur orange et son pantalon noir tachés de peinture, elle était loin d'avoir un centième de la classe de ses modèles. Néanmoins, elle était très heureuse d'avoir osé se teindre les cheveux en bleu ciel, bien que si ceux-ci soient presque toujours serré dans un chignon à l'arrière de sa tête pour éviter de les salir.

Son regard se reporta sur le tableau. Cette commande l'avait ravie: elle avait toujours adoré représenter des familles. Elle sorti son téléphone de sa poche et comparât son œuvre avec la photographie de référence. Un demi-sourire se dessina au coin de ses lèvres. Sa peinture avait bien plus de couleurs, mais surtout les sourires semblaient plus sincères.

Son commanditaire, un de ses clients régulier, allait l'apprécier ! Elle ne l'avait jamais rencontré en personne, mais il lui adressait ses félicitations par message à chaque nouvelle œuvre. Elle n'avait jamais rencontré aucun de ses clients d'ailleurs, et il fallait croire que le mystère plaisait puisqu'elle recevait de plus en plus de commandes chaque jour.

Elle préférait rester anonyme le plus possible, car si l'on découvrait que la peintre Nao était en réalité une jeune fille d'à peine 17 ans vivant dans les bas-quartiers, peignant avec un matériel usé depuis des années dans un atelier miteux à moitié en ruine, sa carrière risquait de s'arrêter net.

Elle vivait dans cet endroit sale et bruyant depuis toujours. Les enfants couraient en criant dans tous les sens, jouant dans les jambes des adultes qui travaillaient à transporter les marchandises du vieux port vers les hauts-quartiers, devant les anciens qui soupiraient au soleil, relatant leur souvenirs à qui voulait bien les écouter... Le calme n'était qu'une notion vague, car même la nuit l'agitation ne s'estompait pas.

Il était impossible pour Nao de se concentrer pleinement dans le bruit ambiant de la ville, mais elle n'avait jamais souhaité partir, car ici tous portaient des sourires les plus radieux qu'elle ai jamais vus. Elle était profondément attachée à son quartier et ses habitants, et partageait avec eux les revenus de ses ventes.

En parlant de ventes, il fallait prévenir son client que le portrait était terminé ! Elle en prit une photo, la rangea dans un dossier au nom du commanditaire et lui envoya le dossier en question. Elle avait prit pour habitude de photographier chaque étape de la création d'une peinture, de la toile vierge jusqu'au produit final.

En revisionnant les clichés, le 3e attira son attention. C'était celui du premier croquis, que l'on esquisse rapidement pour vérifier les positions des personnages. Les visages qu'elle avait croqués ne ressemblaient en rien à ceux de la référence. Elle zooma sur chacun des visages, puis après un temps de réflexion créa une copie de l'image qu'elle rangea dans un dossier nommé "?".

Ce dossier regroupait une multitude de croquis des nombreux portraits de famille qu'elle ai pu réaliser. Les mêmes visages inconnus revenaient en boucle.

Alors qu'elle rangeait son téléphone et s'approchait du tableau pour y poser sa signature, elle sentit une piqûre à l'arrière de son bras. Les insectes n'étaient pas rares ici, mais il valait mieux s'en méfier. Elle tourna la tête, et découvrit derrière elle un groupe d'individus masqués entièrement vêtus de noir, dont le plus proche venait de lui enfoncer une seringue dans la peau.

Sa vision se brouilla immédiatement et elle s'effondra au sol.

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