Chapitre 25- Traitres

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Sigis était à bout de souffle. Il regrettait d'avoir arrêté d'appliquer la routine sportive des soldats d'Autarn en arrivant à Astolium, car son endurance lui permettait à peine d'aller assez rapidement pour se cacher de salle en salle sans être repéré.

Heureusement, grâce sa connaissance du palais et de ses recoins obscurs, il pouvait faire de cours trajets d'une cachette à une autre, et ainsi avancer sans se faire voir par les résidents du palais enfermés ou les soldats d'Autarn en patrouille.

S'il était découvert, c'en était fini de lui.

Sigis n'avait envoyé Nao dans les bas-quartiers que pour qu'elle puisse améliorer son style, il ne savait pas qu'elle se ferait kidnapper. Mais la reine n'avait plus confiance en lui. Elle le voyait comme un traitre du côté d'Autarn.

Seulement, pour le royaume d'Autarn, Sigis était un traitre depuis le jour où il avait quitté le pays. Son titre de Premier artiste royal d'Astolium lui conférait un statut assez puissant pour le protéger des représailles, mais puisque la reine le lui avait retiré... Plus rien n'empêchait Autarn de le réclamer comme déserteur et de le mettre à mort.

Autrement dit, quelle que soit l'issue du conflit entre Astolium et Autarn, il serait condamné.

Il ne pouvait pas se le permettre. Il n'avait jamais voulu faire de mal à personne, et surtout, il ne pouvait pas laisser sa compagne seule. Il devait survivre.

Même si cela signifiait devenir le traitre que la reine voyait en lui.

Sigis avait suivi l'entrainement des agents spéciaux d'Autarn. Détacher ses liens avait été un jeu d'enfant. La chance lui avait sourit quand Ionas avait tapé le code d'accès pour ouvrir la porte. Une fois dehors, les soldats d'Autarn l'avaient arrêté et interrogé pendant que la plupart des effectifs s'étaient jetés dans l'hôpital. Grâce à ce que lui avait raconté Ghost sur le quotidien des agents spéciaux, il avait pu donner assez d'informations pour duper les gardes et se faire passer pour un agent infiltré. Il avait ensuite profité d'un temps d'inattention pour s'enfuir avant qu'ils ne réalisent qu'il était en réalité un déserteur.

C'est ainsi qu'il se retrouvait caché dans le fond de la réserve de l'atelier de dessin, parmi les toiles inachevées et les cartons de matériel. Des gardes patrouillaient derrière la porte, sa seule sortie. Il était coincé.

Il lui fallu un instant pour que ses yeux s'habituent à l'ombre ambiante, puis un élément étrange dans la réserve attira son attention. Une toile enroulée plusieurs fois dans un grand tissu, qu'il n'avait jamais vue ici auparavant. Puisqu'il semblait qu'il allait devoir rester enfermé le temps que les gardes fassent le tour de l'atelier, il décida de jeter un œil à la toile.

Il s'agissait d'un portrait d'une femme rousse, enceinte, portant une robe bleue et souriant, dans un paysage de vagues abstraites. Bien que l'œuvre n'était pas signée, Sigis reconnu l'incroyable technique de Nao, mais il n'avait aucune idée de l'œuvre dont elle avait pu s'inspirer. Et pourquoi avait-elle jeté sa toile ici ?

Alors qu'il contemplait le tableau, la porte de la réserve s'ouvrit. Il se figea. Il était caché derrière plusieurs toiles et cartons, et à moins de chercher longtemps dans la masse d'œuvres inachevées, il était introuvable.

"Je suis passé tout à l'heure, et ces 3 dessins étaient n'étaient pas posés ici. De même pour ce carton qui a été décalé sur la gauche. Tu t'es appliqué pour ne laisser aucune trace de ton passage, mais je peux définir exactement tout ce qui tu as dû bouger pour venir te cacher là-dedans. Je sais que tu es là, alors ne perdons pas de temps. Sors d'ici."

Sigis était pétrifié. Il ne connaissait pas cette voix rauque, mais elle lui glaçait le sang. Comment cette personne avait pu voir qu'il était passé dans l'immense tas de bazar de la réserve ?

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