Parallèles

Chapitre 8- Inaya McKallan

Inaya McKallan avait toujours vécu comme une véritable princesse. Née parmi la prestigieuse famille McKallan, sa place parmi la fine fleur de l'aristocratie avait été une évidence. Elle possédait la richesse et la noblesse, mais les dieux avaient décidé de la doter également d'une beauté à couper le souffle. Sa peau noire, ses cheveux crépus et ses yeux gris faisaient tourner les têtes de tous les artistes d'Astolium qui se battaient pour la chance de pouvoir l'avoir comme modèle.

Les œuvres à son effigie se comptaient par centaines, mais aucun auteur n'en était jamais satisfait, car la perfection d'Inaya semblait impossible à capter. A 14 ans, elle était déjà la modèle la plus célèbre du pays et possédait un fan club immense.

Etre au centre de l'attention et admirée de tous avait toujours été son passe-temps favori. Elle ne ratait pas une soirée mondaine si elle savait qu'elle y serait sous le feu des projecteurs. Sa célébrité était tout ce qui comptait pour elle.

Son modèle était sa mère, l'actrice de génie Flormilla, dont la réputation dépassait les frontières. Inaya connaissait très peu cette dernière, qui n'avait jamais eu le temps de s'occuper d'elle.

Ses vêtements, ses sorties, ses amis, tout était calculé pour qu'Inaya gagne en célébrité. Elle ne laissait rien au hasard.

Elle espérait que si elle devenait assez populaire, sa mère reviendrait la chercher et l'emmener loin de l'enfer où elle vivait désormais.

Car depuis un an, la famille McKallan avait été déclassée.

Le père d'Inaya avait toujours eu la santé fragile, et avait passé sa vie à être surveillé et soigné par une médecin. Il était tellement dépendant de sa médecin qu'il se croyait amoureux d'elle, et cette dernière avait sauté sur l'occasion.

Inaya avait méprisé cette femme dès qu'elle l'avait rencontré, à 5 ans. Venant de la basse bourgeoisie, celle-ci avait décidé de suivre des études de médecine et de recherches. Si elle avait été meilleure de ses mains elle aurait eu les capacités pour tenter une petite école d'art, mais elle avait préféré rester une femme sans ambition et apprendre des sujets inutiles comme les sciences... Avec un tel métier elle était vouée à rester toute sa vie dans les moyen-quartiers.

Alors elle avait profité du fait que son père soit faible et loin de son vrai amour, Flormilla, pour lui faire croire qu'elle pourrait remplacer la mère d'Inaya. Elle avait emménagé avec son fils chez les McKallan, et squattait leur manoir depuis 10 ans.

Quand la maladie du père d'Inaya s'était mise à empirer, sa médecin l'avait convaincu de l'épouser. Elle avait probablement espéré que leur union pourrait lui permettre de rejoindre l'aristocratie, puis qu'il lui aurait suffit d'empoisonner son mari pour se retrouver héritière de tous ses biens.

Cependant, les choses s'étaient passées autrement. Leur mariage n'avait pas permis à cette femme de monter en grade, mais avait forcé monsieur McKallan à descendre jusqu'à la même classe sociale que son épouse. Et avec lui, sa fille.

Inaya avait du abandonner son manoir, ses bijoux et ses tenues de stylistes pour venir vivre dans une ridicule maison, avec un seul étage et une seule salle de bain. La déchéance avait été très difficile à vivre pour elle, privée de tout ce qui faisait d'elle une star.

La jeune fille, du haut de ses 15 ans, avait déjà vécu une carrière de modèle époustouflante, et avait décidé de prendre sa retraite. Elle recevait chaque jour des propositions et des offres pour poser dans des magazines, des clips, des films, pour des peintres, des sculpteurs... Mais elle n'acceptait plus rien depuis un an. Elle refusait également toute sortie mondaine, qui étaient pourtant ses soirées préférées, et à vrai dire les seuls bons souvenirs qu'il lui restaient désormais...