Bienvenue chez vous

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Le couperet tombe.

- Est-ce que vous avez déjà considéré la bipolarité ?

- Pour qui ? Ma mère?! Vous pensez vraiment qu'elle est bipolaire ? (A l'époque on, enfin je parlais beaucoup d'elle avec ma psy et donc tout diagnostique psychiatrique ne pouvait que la concerner elle)

- Euh, non, pour vous mademoiselle.

WTF ? J'ai aucune idée de ce que c'est la bipolarité, mis à part que je crois que Kanye est bipolaire, et qu'apparemment c'est pour ça qu'il est chelou.

C'est marrant parce que dans les premières secondes où on m'évoque pour la première fois la bipolarité, dans un contexte où je dois vraiment réfléchir parce qu'apparemment ça me concerne et que je suis chez ma psy, et donc je dois essayer de comprendre ce que ça veut dire (au-delà de Kanye), moi ça me fait d'abord penser à un concept mathématique. Non, aucune idée pourquoi.  Mais comme il y a quand même une ombre pas très cool qui vient avec le concept, ce serait genre une courbe sinusoïdales (je suis pas fan du sinus, je trouve que c'est une figure mathématiques hyper arrogante, tu sais du genre la nana hyper canon et bien foutue qui se la pète, surtout que son frère cosinus c'est un peu un gars un peu ballot et pas super fut fut et un peu rondouillard et dieu qu'en France on n'est pas tolérant avec les rondouillards (bon on n'est pas très tolérant avec beaucoup de monde en règle générale mais ça c'est une autre histoire)).

Bref quand elle me parle de bipolarité, je vois une courbe sinusoïdale et ça me donne mal au crâne.

Bon je me rends assez vite compte que c'est pas de ça dont elle veut parler, je m'extirpe donc du monde magique des mathématiques pour revenir à celui bien réel et en l'occurrence bien pourri du réel.

- C'est quoi la bipolarité ? Parce que oui, au-delà de cette putain de courbe sinusoïdale j'ai pas le moindre fucking clue de ce que c'est.

Je crois qu'elle commence à m'expliquer, enfin j'imagine. Mais j'aurais l'occasion d'en reparler plus. Enfin très partiellement, parce que je me souviens pas trop avoir écouté ce qu'elle m'a dit.

Ce qui lui a mis la puce a l'oreille, c'est deux choses que le lui ai dites : un, que après avoir fait une belle grosse dépression bien dégueu, tout d'un coup, comme ça, du jour au lendemain, j'allais mieux. Et deux, quand elle me demande ce qui m'a aidé, je lui dit d'abord que nos session ont vraiment été formidables, parce que je le pense un peu mais aussi surtout parce que j'ai envie de lui faire plaisir et de la motiver a continuer à faire ce qu'elle fait (si si, sans déconner), mais aussi eh bien que c'est toujours un peu comme ça chez moi, c'est cyclique.

Du coup elle décide de me faire passer un premier test, et la bim !! Banco ! Je défonce tout et réussi haut la main. Me voici dans l'antre très fermé et VIP des soupçonnés bipolaires.

Premier test de ma vie que j'aurais préféré rater.

Heureusement que ce jour-là il faisait beau et que je portais des lunettes de soleil, parce que j'ai pleuré, pleuré, pleuré sur le chemin du retour. J'ai pleuré chez moi. J'ai pleuré quand je suis allée faire des courses. J'ai pleuré quand je suis rentrée à nouveau chez moi.

Et j'ai pleuré pendant 3 semaines, au bout desquelles mon corps m'a dit qu'il ne lui restait que très peu de stock de liquide oculaire et que ce serait bien que je commence à l'utiliser avec parcimonie.

De toutes façons je me rendais bien compte qu'il fallait que je commence à me reprendre en main, et à prendre un peu de recul avec mes émotions immédiates, pour mieux comprendre ce qui a pu se passer – et surtout dessiner mon avenir.

Me voici arrivée à l'aube de mon voyage mental, prête a embarquer dans une navette dont je ne connais ni le chemin ni la destination.

Je déteste ma vie, elle est génialeWhere stories live. Discover now