Destins Reliés

22

Quand Felicity retourna dans l'aile royale, Yuki et Menma étaient partis. Elle attendit Naruto, puis on les reconduisit au palais, où Konohamaru venait d'arriver. Elle ne profita pas longtemps de la présence de son mari ; les frères se retirèrent pendant que les femmes bavardaient en arabe. Les rares fois où elles traduisaient, Hinata se sentait d'autant plus vexée qu'elles parlaient toutes un anglais impeccable. Estimant qu'elle n'avait rien à faire là, elle s'excusa et se retira. Seule dans la suite de Naruto, elle réfléchit à l'avenir, s'étonnant de l'avoir si mal compris. Sa main se posa sur son ventre qui commençait à s'arrondir. Elle aimait ce bébé avec une passion dont elle ne se serait pas crue capable.

* * *

Lorsque Naruto arriva, plus tard dans la soirée, il refusa de parler sous prétexte qu'il s'était disputé avec ses frères. Il lui ôta sa chemise de nuit et lui fit l'amour. Malgré ses inquiétudes, il l'émouvait, et elle avait du mal à croire Sakura... Cet homme qui gémissait en la serrant si fort ne pourrait pas traiter un enfant de cette façon.

— Qu'est-ce que tu espères, Naruto ? demanda-t-elle d'une voix douce après l'extase qui la laissait faible et alanguie.

— Tout. Pour notre enfant, j'espère tout. Ces mots ne la rassurèrent pas.

Naruto avait besoin de réfléchir. Ce matin, oubliant les souhaits égoïstes, il priait pour que son père vive. Pour que le temps lui soit donné d'amender le passé, de retrouver la femme qui n'avait cessé de l'aimer bien qu'elle l'ait fui. Il pria pour qu'elle obtienne son pardon, et que lui-même apprenne à faire confiance. Ses prières terminées, il s'assit sur la terrasse pour contempler l'étendue infinie des sables. Très pâle, les yeux baissés, Hinata buvait son thé. Il désirait tant la croire, et ne pas lui faire de mal ! Il allait refuser le grand honneur qui pouvait lui échoir, et l'idée du chaos qui en résulterait le rendait malade d'avance. Quand il avait parlé de ses projets à Menma, la veille, une algarade s'en était suivie. Maintenant, le désert l'appelait. Il devait retourner écouter le conseil de sa terre, se laisser guider vers la bonne décision. Pas pour lui, ni pour son pays. En regardant Hinata, il lui en voulut de l'obliger, par son existence même, à faire un tel choix. Sans elle, le devoir serait plus facile.

— Naruto... Après l'opération de ton père, y aura-t-il une cérémonie pour notre mariage ?

— Laissons passer la journée, d'abord. Je te dirai ce soir.

— Qu'est-ce que tu me diras ? Il ferma les yeux pour tenter de l'ignorer, mais en vain, et les rouvrit. Le temps passait et, quelle que soit l'issue pour son père, il lui devait la vérité.

— Je te dirai tout. Une servante entra, pour annoncer que ses frères étaient prêts à partir pour l'hôpital.

— Aujourd'hui, je dois montrer à mon pays la force de ma famille, reprit-il. Attends-moi ici.

— Je veux venir, Naruto, je veux être avec toi. Il n'avait pas envie d'affronter seul cette journée, cette douleur, et capitula.

— Très bien. Les servantes l'aidèrent à revêtir une abaya et, pendant le trajet, Hinata eut le cerveau en ébullition. Qu'avait-il à lui dire ? Sakura s'était sûrement trompée...

— Naruto? Il ne fit pas un mouvement vers elle. Plongé dans ses pensées, il laissait son regard errer par la vitre. Il l'ignora aussi en traversant l'hôpital et quand ils s'assirent dans le somptueux salon. Menma ne leva pas la tête lorsqu'ils entrèrent, et Yuki, lui sembla-t-il, évitait de la regarder. La tension était insupportable, et pas seulement à cause du roi, Hinata en était sûre. Personne ne parlait, et même Konohamaru, d'ordinaire le plus sociable, avait la tête dans ses mains. L'ambiance était si oppressante qu'elle fut tentée de se lever pour se dégourdir les jambes, de faire n'importe quoi pour briser cet affreux silence. Puis, soudain, elle sentit la main de Naruto se glisser dans la sienne. C'était si inattendu qu'elle en eut le souffle coupé. Tout ce qu'elle savait, c'était qu'elle ne pouvait pas partir aujourd'hui et ajouter à sa peine. Elle lui pressa les doigts.