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Ce qu'ils venaient d'accomplir ensemble aurait dû les rapprocher. Naruto avait été sur le point de lui faire l'amour avant cette interruption, Hinata en était certaine. Néanmoins, alors que, pour la première fois de sa vie, il se préparait son bain tout seul, son silence était assourdissant. Quand elle se remit au lit un peu plus tard après avoir pris un bain elle aussi, il fit semblant de dormir pour éviter ses questions.

— Naruto ? dit-elle, s'adressant à ses larges épaules. C'était formidable, ce que tu as fait... Oui, il faisait semblant de dormir. Au lieu de lui répondre, il se mit à ronfler ; ce qu'il ne faisait jamais. C'était pire que s'il lui avait demandé de se taire.

* * *

Hinata persista dans son refus de céder. Pas question de considérer comme son mari un homme qui ne lui faisait pas confiance, et pas question non plus de vivre dans ce silence. Pendant que les jours se traînaient, Lucy n'étant plus là pour la distraire, elle bavarda gaiement, la plupart du temps toute seule.

— Oh ! Je me suis coupée ! Assise sur les coussins, elle lisait une revue. La minuscule coupure provoquée par la tranche du papier ne nécessitait aucun soin : elle avait juste envie de parler.

— Je me demande s'il y a des pansements...

Naruto ne leva même pas la tête du gros livre à la couverture noire dans lequel il était plongé.

— Je sais ! s'exclama-t-elle. Il doit y en avoir dans le 4x4 équipé. Je vais aller jeter un coup d'œil... Lorsqu'elle passa devant lui, il ébaucha un sourire.

— Non, Naruto, ne te dérange pas pour moi, je me débrouille. Il lui saisit la cheville, lui sourit pour de bon et, soudain, ce fut comme si le soleil avait pénétré sous la tente. Torride, chaleureux et étincelant.

— Tu parles trop. Il la tenait toujours.

— Et toi, pas assez.

— Assieds-toi. Lui lâchant la cheville, il tapota les coussins à côté de lui, mais elle résista. Il poussa un grand soupir.

— Hinata ! Pourquoi ne pas t'asseoir un moment pour que nous puissions parler? Elle eut l'impression de se retrouver au restaurant le premier soir : ce fut conventionnel et embarrassant au début. Ils évitèrent les sujets brûlants comme le sexe et les enfants, et comme il n'existait pas grand-chose d'autre entre eux, ils évoquèrent le seul lien qui les unissait, leur métier.

— Je crois que j'ai toujours voulu être sage-femme, répondit-elle lorsqu'il lui posa la question. Je suis née comme ça. J'adore les femmes enceintes et les nouveau-nés. Zut ! On en revenait aux bébés... Le problème se reposait à chaque détour de la conversation. Impossible de parler de ses espoirs de travailler dans un centre d'accouchement naturel quand elle rentrerait en Angleterre, car ce rêve s'était bel et bien envolé, à présent. Ni de sa famille, de son père et de l'héritage que son alcoolisme lui avait laissé... elle ne lui faisait pas assez confiance. Pour finir, après quelques tentatives avortées, Naruto lui fit part de ses propres aspirations, ce qui n'arrangea rien. A mesure qu'il se dévoilait, elle l'appréciait davantage, et sa perplexité augmentait.

— Tu fais de la médecine, ici ?

— Avec l'aide de Lucy. C'était sans doute le syndrome de Stockholm, se dit-elle, songeant qu'elle tombait amoureuse de son ravisseur. Non, à la vérité, son amour datait de bien avant, et Naruto l'intriguait de plus en plus.

— C'est une sorte d'hôpital mobile. Je ne peux plus exercer à Konoha, c'est incompatible avec mon rôle.

— Mais tu as fait des études pour ça, et tu es chirurgien.

Destins ReliésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant