23:20 - 11/06/19

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Chez moi
11/06/19

23:20
On pensait avoir fini, tous les deux, on pensait s'être déjà tout dit. Maintenant deux ans que je te garde là, sur moi, en permanence, dans ma main ou dans la poche arrière de mon jean, ou contre moi avant de m'endormir. Dire que nous sommes paisibles serait mentir.  Tu ne m'as rien appris, on ne se connaît pas, nous deux, et mes yeux sont affaiblis en te regardant, à croire que toutes les âmes solitaires se retrouvent dans la nuit, en bas, dans un buisson ou dans un nuage. Tu n'es qu'une illusion, un bout de tissu arraché à mon passé, un drapeau blanc que je ne cesse d'agiter, mais c'est bien plus complexe que de se dire que je suis seule. Là, je me moque des codes et de leurs effets stylistiques, mais partout où je vais, me suit à la trace, l'ombre de mes doutes. Non loin de toi, je porte ce bagage, lourd, très lourd, dans lequel sont entassés des gargouilles, des démons et des insectes, puis après tout si je ne les écoute pas, c'est que je veux le garder, ce bagage. Pour eux tout n'est qu'un costume, une mise en scène où je suis la figure du voyageur étranger à cette vie. Tu ne comprends pas, et moi non plus. Tous ont vu cette malle, certains ont tenté de l'ouvrir, de la forcer, d'autres de la noyer, de l'incinérer, de la jeter, mais elle revient toujours à moi, elle me suit vainement, m'attend partout où je vais et où je ne suis pas. Tous ont abandonné, et je porte encore ce fardeau des horreurs, traînant d'un pas las ces erreurs et ces regrets. Puis toi, tu m'observes d'un œil attentif, silencieux, tu me regardes évoluer dans des tourments que j'apprivoise si mal. Tu me vois, et je m'observe grandir. Deux ans.

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