Chapitre 39

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La nuit d'Hermione fut agitée. Ses rêves, ou plutôt ses cauchemars, ne se traduisaient que par d'étranges jets de lumières, qui lui valaient à chaque fois un réveil brutal. Lorsque, pour la quatrième fois déjà, elle se réveilla en sursaut, elle se surpris à ressentir un manque, qu'elle n'avait pas ressenti les fois précédentes. Pourtant, rien n'avait changé entre son dernier réveil et celui-là, si ce n'était l'heure qui n'avait fait qu'avancer, comme habituellement. Effrayée de s'endormir une cinquième fois, la jeune fille préféra se redresser et s'appuyer contre la tête de lit, afin d'éclaircir la situation, et surtout ce manque qui venait d'apparaître. Naturellement, elle commença par observer les alentours : elle était dans une chambre. Une chambre qu'elle connaissait bien : celle de Rogue. Au lieu de la rassurer, comme cela le devrait, cela l'inquiéta : pourquoi se sentait-elle si menacée si elle était dans un environnement qu'elle avait côtoyé depuis des mois ? D'après le long et douloureux monologue de Ron, elle était heureuse de s'y trouver lorsqu'elle aimait le professeur. Est-ce que le fait de ne plus être avec lui la ferait maintenant angoisser dans cette chambre ? Non, impossible, ce n'était pas la première fois qu'elle dormait ici après le sort de Lucius, et jusque cette nuit, elle avait toujours réussi à dormir paisiblement. Alors pourquoi, par Merlin, ne se sentait-elle pas en sécurité ? Serait-ce à cause des jets de lumière de ses rêves ? Si c'était le cas, que pouvaient-ils représenter ? Ce fut la seule question à laquelle Hermione réussi à répondre aisément : elle était persuadée qu'il s'agissait du sort de l'Oubli. Maintenant bien réveillée, elle se mit à créer tout un cheminement de pensées autour de ces rêves et de ses angoisses : son inconscient aurait-il réalisé, bien avant elle, que ne plus être aux côtés du professeur lui faisait peur ? Que le sortilège de l'Oubliettes représentait à présent sa plus grande peur ? Plus elle y réfléchissait, plus cela prenait du sens à ses yeux et expliquait le manque qu'elle ressentait : celui de son professeur de potions. Et, en effet, lorsqu'elle tourna la tête et aperçut que Rogue avait dormi, une fois de plus, dans le canapé du salon, et non avec elle dans la chambre, toutes ses interrogations semblaient avoir trouvé des réponses qui s'avéraient en réalité n'être qu'une seule et même idée : Severus.

Elle ressentait le besoin de le voir, de lui parler, d'être rassurée par le simple son de sa voix. Sa présence constante auprès d'elle ces derniers mois avait fait de lui la seule personne capable de la protéger et de la comprendre aussi bien qu'elle le souhaitait. Bien qu'Hermione trouvait cela étrange de ressentir un tel manque pour un professeur, qui plus est Rogue, cela ne l'étonna pas : elle connaissait la situation. Elle se leva donc, se dirigea doucement vers le salon, et aperçu le professeur endormi sur le canapé. Il avait l'air si vulnérable, si calme. En le voyant ainsi, Hermione comprit qu'elle retomberait indéniablement dans ses bras : il ne lui restait plus qu'à savoir quand...

Maintenant qu'elle le voyait endormi ainsi, elle hésita à le réveiller. La dernière chose qu'elle voulait était bien de le déranger. Il lui semblait qu'il n'avait jamais réellement dormi depuis qu'elle avait perdu la mémoire, et elle ne voulait pas lui ôter la seule nuit de sommeil qu'il avait. Lentement, elle reparti vers la chambre, quand un pas mal placé vint faire craquer le plancher. Priant de tout son être pour ne pas avoir réveillé le professeur, Hermione se tourna doucement vers le canapé, afin de vérifier qu'il dormait toujours. Lorsque ses yeux se posèrent enfin sur Rogue, elle vit avec effroi qu'il avait les yeux ouverts, et qu'il la regardait avec consternation. 

"Hermione ?" demanda-t-il

Pour toute réponse, celle-ci rougi, ne sachant quoi faire d'autre. Malheureusement pour lui, le professeur ne vit pas son teint changer, la lumière de la Lune n'éclairant pas assez la pièce pour le lui permettre. Il continua alors, affolé :

"Que fais-tu ici ? C'est Lucius ?

- No-non, dit-elle. Enfin, pas complètement.

- Explique-moi" dit-il en se redressant, laissant assez de place sur le canapé pour qu'Hermione s'y assoie. 

Hermione s'exécuta et prit place à côté du professeur. Elle lui expliqua ce qu'elle faisait réveillée, tout en essayant de ne pas l'affoler davantage. Lorsqu'elle eut fini, Rogue la rassura :

"C'est assez fréquent chez les destinataires d'un Oubliettes qui a été lancé par colère. Ca passera rapidement, ne t'en fais pas. Mais cela ne m'en dis pas plus sur ce que tu faisais ici... Tu retournais chez toi ?

- Non... En réalité, je n'ai pas ressenti que de la peur en me réveillant de ces cauchemars, commença-t-elle. Lors de mon dernier réveil, j'ai ressenti une sensation étrange, comme un manque que je devais combler. J'ai cherché à savoir ce que c'était, quand mon regard s'est porté automatiquement sur ma droite."

Hermione s'arrêta quelque secondes, prit une grande inspiration, et reprit :

"J'ai alors compris, en regardant la place vide à côté de moi, que - par Merlin, comme c'est compliqué à avouer - que c'était toi qui me manquait."

Pendant un instant, Rogue cru que son cœur venait de manquer un battement. Il ne pouvait pas croire ce qu'Hermione venait de dire, il devait être encore endormi et cela n'était qu'un rêve. Comme si cela n'était pas assez, elle venait en plus de le tutoyer de nouveau, et ça, Rogue ne pouvait pas y croire non plus. 

Incrédule, il ne pouvait faire autre chose que de la regarder avec un air hébété. Hermione, ne sachant quoi dire et quoi faire, décida de continuer son moment de confession :

"Si j'étais là, c'est parce que j'ai ressenti le besoin de te voir, de t'avoir auprès de moi. En te voyant endormi, je me suis dégonflée, et ne voulant pas te réveiller, j'ai essayé de repartir discrètement dans la chambre. La suite, tu la connais : le plancher a craqué, et nous voici. Je suis vraiment désolée d'avoir interrompu ta nuit, je sais que c'est rare que tu trouves le sommeil, je ne voulais p-"

Elle fut interrompue par une paire de lèvres qui se posa sur les siennes, entremêlée d'eau salée. Avant de ne comprendre que Severus l'embrassait, sa première réaction fut d'être touchée qu'il pleure, car alors elle avait la preuve que tout était réel : ses sentiments, le discours de Ron, la vie qu'elle menait avant le sort de Lucius... C'était comme la confirmation de tout, la fin d'un doute. 

Lorsque leurs lèvres se séparèrent, ils se sourirent, ne sachant quoi dire. Bien sûr, Hermione était soulagée de s'être confiée, et elle était ravie de la tournure que prenait la situation. Cependant, l'entièreté de ses souvenirs ne lui étaient pas revenus, elle ne pouvait se rattacher qu'à quelques bribes uniquement racontées par ses amis et Severus lui-même, et cela ne lui suffisait pas, ça ne pouvait pas suffire.

Alors qu'elle se demandait comment elle allait pouvoir le lui annoncer, Severus prit doucement sa tête entre ses mains, maintint son regard, et lui dit :

"Hermione, ne t'affoles pas, d'accord ? Ce baiser ne voulait rien dire - ou presque -. En tout cas, il ne voulait certainement pas dire que nous allions nous remettre ensemble et vivre comme si de rien était. Tu dois absolument retrouver la mémoire, c'est ta priorité, bien avant nous deux."

Hermione eu un léger rire nerveux, et ne pu s'empêcher de lui demander, un petit sourire en coin  :

"La Légilimencie, n'est-ce-pas ?

- Pas besoin, répondit Severus en riant lui aussi. Cela semblait évident."

Hermione lui adressa alors son sourire le plus sincère, et lui glissa un léger "merci", avant de se blottir contre lui. Severus l'entoura de ses bras, et, pensant que la nuit allait se finir comme cela, fut surpris d'entendre la jeune fille lui proposer :

"Tu voudrais bien passer le reste de la nuit avec moi ? Je veux dire, reprendre ta place dans ton lit..."

Severus rit un peu, avant de lui répondre :

"J'adorerais."

Pourquoi pas demain (Snamione)Where stories live. Discover now