Chapitre 31

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Chapitre 31.

Les craintes de Perséphone se confirmèrent quand ils empruntèrent le corridor menant à la salle du Conseil. Le sol était collant sous leurs pas et quand la jeune femme baissa les yeux pour comprendre pourquoi, elle réalisa qu'ils avançaient sur une traînée de sang. Aussitôt, elle eut envie de vomir.

Cela lui rappelait la mort de Mary qui était encore fraîche dans son esprit. Des flashs lui paraissaient en boucle et, pendant un instant, elle crut que sa robe était à nouveau tachée de son sang. Elle dut prendre un moment pour essayer de se ressaisir. Marcus qui avait remarqué qu'elle n'avançait plus, posa une main sur son épaule.

— Perséphone..., dit-il après un moment d'hésitation, vous voulez sauver votre ami, non ? Alors, il nous faut continuer.

Marcus n'essaya pas de la rassurer et elle lui en fut reconnaissante. Ils savaient tous les deux que ce qu'ils trouveraient derrière la grande porte n'allait sans doute pas leur plaire. Comme son mari avait raison, la jeune fille hocha lentement la tête et tenta d'imaginer que ce n'était pas du sang, mais tout autre chose. Mais son cerveau n'écoutait rien : et si c'était le sang de Lawrence ? Elle blêmit en s'imaginant que ce puisse être le sien.

Ils arrivèrent devant la porte et Marcus lui jeta un regard pour vérifier si elle était prête. Elle lui fit signe qu'il pouvait y aller. Il posa sa main sur la poignée et ouvrit les doubles portes.

La nausée monta à nouveau au fond de la gorge de Perséphone en découvrant l'horreur qu'elles renfermaient.

Le corps de plusieurs des gardes de la reine jonchaient le sol de la pièce, puis devant le trône, celui de Cassiopée dans une mare de sang. À ses côtés, à genoux près du corps, Lawrence se tenait à genoux, immobile. La lame de son poignard était encore plantée dans le cœur de sa mère.

Perséphone avait du mal à regarder la scène. Rien ne l'avait jamais préparée à un tel spectacle. On lui avait appris les bonnes manières, à lire, à écrire, à jouer du piano, à monter à cheval, à danser et à bien se tenir, on l'avait préparée à un jour devenir maîtresse de maison, à être polie, délicate, féminine, à ne jamais prononcer un mot plus fort qu'un autre et à être une bonne épouse, mais jamais... mais jamais on ne lui avait dit qu'elle serait un jour face à un tel carnage.

La blonde fut incapable de soutenir une telle vision et elle détourna rapidement le regard. Marcus l'attrapa et la serra contre son torse pour lui bloquer la vue.

— Je suis désolé, dit-il, une femme ne devrait jamais voir une telle chose. Vous ne devriez pas voir ça.

Elle voulait être une forte, mais cette fois... c'était au-dessus de ses forces. Après Mary, c'était la première fois qu'elle voyait la mort d'aussi près, de la plus cruelle et violente des façons. On n'avait pas voulu qu'elle voit sa mère lorsque sa santé avait commencée à se dégrader. Et son père avait tenu à ce que le cercueil soit fermé le jour de l'enterrement. « Pour garder les meilleurs souvenirs » disait-il. Alors être placée face à un massacre comme celui d'aujourd'hui... c'était au-dessus de ses forces. Son cœur avait bien du mal à le supporter.

Mais surtout... c'était Lawrence qui était à l'origine de tout ce sang ? La cruauté de ses actes annihila la joie qu'elle éprouva de le retrouver en vie. Pourrait-il un jour redevenir celui qu'il était ? Ou arrivaient-ils trop tard ?

Enfin... ils étaient déjà trop tard pour sauver tous ces gens... mais étaient-ils trop tard pour sauver Lawrence... ou ce qu'il restait de lui ?

La jeune fille prit une grande inspiration, puis elle se détacha de Marcus. Elle voulut ignorer les cadavres qui jonchaient le sol de la salle du Conseil et posa ses yeux sur Lawrence et Lawrence seul. Avec prudence, elle s'avança vers lui. Il ne bougeait toujours pas.

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⏰ Last updated: Sep 28, 2021 ⏰

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L'Esprit du printempsWhere stories live. Discover now