Chapitre 25

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Chapitre 25.

La petite chapelle des Wood se trouvait non-loin du manoir au sommet d'une colline discrète. Le bâtiment en pierres avait une forme rectangulaire et une arche en marquait l'entrée. Il y faisait sombre, mais on avait allumé plusieurs bougies pour éclairer l'allée. Les grandes portes étaient déjà ouvertes lorsque Perséphone arriva devant elles.

C'était le moment.

Devant l'autel, la première chose qu'elle aperçut fut le regard bleu de Marcus qui perçait l'obscurité. Il la détailla du regard sans rien dire. Au premier rang se trouvait son père, Madame Trelway et quelques servantes. Le vieux prêtre avait enfilé sa soutane en vitesse et il semblait un peu fatigué. Tout le monde la regardait.

Perséphone traversa l'allée, posant un pied devant l'autre. Elle sentait que l'esprit du printemps était avec elle et qu'il l'accompagnait jusqu'à l'autel.

— Magnifique, la complimenta Marcus à voix basse quand elle fut à sa hauteur.

Le prêtre commença à réciter son discours et fit la lecture consécutive de plusieurs textes sacrés que la jeune fille n'écouta que d'une oreille distraite. Elle ne pouvait penser qu'à l'homme qui se trouvait devant elle... et à Lawrence. Arriverait-elle à temps pour le sauver ? Son sacrifice ne devait pas être vain.

— Prendrez-vous cette femme pour votre épouse pour vivre ensemble selon les commandements sacrés du mariage ? Jurez-vous de l'aimer, de l'honorer, de la protéger et de la garder auprès de vous dans la santé comme dans la maladie ? Promettez-vous fidélité jusqu'à ce que la mort vous sépare ?

Marcus n'hésita pas.

— Je le jure.

Le prêtre se tourna ensuite vers elle.

— Prendrez-vous cet homme pour mari pour vivre ensemble selon les commandements sacrés du mariage ? Jurez-vous de lui obéir et de le servir, de l'aimer et de l'honorer, de rester auprès de lui dans la santé comme dans la maladie ? Promettez-vous fidélité jusqu'à ce que la mort vous sépare ?

Perséphone leva les yeux sur Marcus. Elle savait ce qu'elle devait faire, mais ce n'était pas pour autant que c'était facile.

— Je le jure.

Marcus souleva sa main droite dans la sienne. Marcus fut le premier à réciter ses vœux. Il répéta les paroles du prêtre et jura de l'aimer dans la richesse et la pauvreté, dans la maladie et la santé jusqu'à ce que la mort survienne. Telle une automate, Perséphone l'attrapa par la main gauche et elle répéta les vœux à son tour, lui jurant obéissance tant qu'ils vivraient tous les deux.

Marcus glissa ensuite un anneau doré à son annulaire. Traditionnellement, la bague devait être gravée de leurs noms et de la date de leur mariage, mais dans la précipitation, l'or était resté vierge.

Le prêtre récita ensuite leurs devoirs maritaux, rappelant à Marcus qu'il devait aimer sa femme comme il s'aimait soi-même, puis à Perséphone qu'elle devait se soumettre à son mari selon la volonté des textes sacrés. Puis, enfin, on les déclara époux et ils purent sortir de la chapelle.

Perséphone se sentit étrange en regardant l'anneau à son quatrième doigt. Elle était mariée à présent. Elle ne s'appartenait plus. Dorénavant, elle était Lady Blackstone et rien d'autre.

À la sortie de la chapelle Wood, Marcus se tourna vers elle et souleva son voile pour découvrir son visage. Son cœur battit follement dans sa poitrine.

— Vous êtes mienne à présent, déclara-t-il avec un éclat victorieux au fond du regard.

Elle frissonna, alors qu'il touchait sa joue.

— J'ai fait ce que vous vouliez. Il est maintenant temps de sauver Lawrence.

— Laissez-moi voler un baiser à mon épouse d'abord.

Le baiser de Marcus fut exactement comme elle avait pensé qu'il serait. Son mari était insistant et sa langue demandait une entière soumission. C'était la première fois qu'un homme l'embrassait. Pendant un bref instant, elle eut l'impression d'être complète. Le lien qu'elle partageait avec Marcus était puissant. Elle sentit la présence de Laura ; l'esprit du printemps la guidait. Le chemin se dessinait clairement sous ses yeux.

Lorsque leurs lèvres se séparèrent, ils durent accepter les courtes félicitations du petit comité ayant assisté à la cérémonie. Perséphone s'impatientait. Elle avait la sensation que Lawrence s'éloignait d'elle. Elle le sentait tout au fond de son être.

— Marcus, nous devons y aller... ou il sera trop tard.

Le jeune homme fit de son mieux pour expédier les discussions et insista sur le fait qu'ils devaient vraiment partir, car on les attendait à Blackstone Hill avant le lever du jour. Perséphone ne fut soulagée que lorsqu'on les laissa partir. Elle retira son voile et se dépêcha d'enfiler une robe moins encombrante avant de rejoindre Marcus.

Quitter son père fut plus difficile que la dernière fois où elle n'avait pas pu lui dire aurevoir. À présent, elle se sentait coupable de le laisser seul. Que resterait-il à ce vieil homme quand elle serait loin ?

— Tu vas venir me rendre visite, n'est-ce pas ?

— Dès que je le pourrai, l'assura-t-elle sans savoir, au fond, si elle pourrait tenir promesse.

Marcus observa leurs échanges un peu en retrait. Elle savait qu'il pensait la même chose qu'elle. Le futur était encore trop incertain pour qu'ils se prononcent. Les vœux qu'ils avaient échangés dans cette chapelle représentaient tant de choses...

Après avoir fait ses adieux à son père, elle s'engouffra à nouveau dans l'obscurité en serrant la main que lui tendait Marcus. Le couple se dirigea vers les bois et Perséphone n'osa pas se retourner pour regarder derrière. Elle était effrayée d'avoir trop envie de revenir si elle le faisait. Alors, elle se contenta d'écraser les doigts de son mari avec les siens. Marcus ne s'en plaignit pas.

— Vous avez tout ce que vous voulez à présent, n'est-ce pas ? le questionna-t-elle.

— J'ai épousé la plus jolie fille de tout l'Angleterre, que pourrais-je vouloir de plus ?

Elle fronça les sourcils. Pourquoi devait-il tourner cela à la blague ?

— Je ne plaisantais pas.

— Moi non plus.

Soulagée que l'obscurité cache le rougissement de ses joues, elle détourna le regard et reprit avec plus de sérieux :

— Je parlais de l'esprit du printemps. Je vous ai épousé, alors je vous appartiens, tout comme l'esprit.

— Vous pouvez être mienne, Perséphone, mais l'esprit du printemps est libre, vous n'êtes que son réceptacle. Cela dit, je suis, en effet, très content de la tournure des événements. Je savais que je pourrais vous convaincre. Cependant, je ne serai vraiment satisfait que lorsque vous aurez mis l'esprit du printemps au service de mon royaume et qu'il sera aussi verdoyant qu'il devrait l'être pour ceux qui l'habitent.

— Je le ferai, c'est ce que je vous ai promis, mais avant... occupez-vous de Lawrence.

— En espérant qu'il ne soit pas déjà trop tard...

À ces mots, Perséphone sentit un frisson remonter le long de son échine et ses doigts serrèrent la main de Marcus encore plus fort si c'était possible. 

 

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L'Esprit du printempsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant