Chapitre 10

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Chapitre 10.

« Si elle me rejoint... elle pourra revoir sa mère. »

Les dernières paroles de Marcus ne voulaient pas quitter son esprit. Pouvait-il véritablement lui faire revoir sa mère ? Savait-il qui elle était vraiment ?

Elle n'avait opposé aucune résistance lorsque Lawrence l'avait poussé loin de Marcus. Sa tête était ailleurs. Ce type avait réussi, une fois de plus, à la déconcerter. Néanmoins, elle devait parvenir à se concentrer sur autre chose et, bientôt, les blessures de Lawrence retinrent toute son attention.

— Tu dois me laisser t'aider, le supplia-t-elle comme il refusait son aide en mâle fier et orgueilleux qu'il était, tu peux à peine bouger le bras !

— ...ça ira.

Perséphone toucha le bras de Lawrence du bout des doigts et, immédiatement, le jeune homme cria de douleur, une grimace lui déformant le visage.

— Comme tu es têtu !

Elle lui vola sa dague et, après avoir brièvement fermé les yeux, elle s'en servit pour déchirer un pan de sa robe. De toute façon, son jupon avait déjà été abîmé dans la forêt.

— Ne bouge plus, ordonna-t-elle à son ami, alors que les chevaux trottaient sur la route.

Se résignant, Lawrence transféra les rennes dans son autre main et laissa le jeune femme s'occuper de lui en détournant le regard, gêné, tandis que la blonde se penchait sur lui. Perséphone utilisa le morceau de tissu récupéré pour nouer une écharpe autour du bras du Lumos.

Lawrence pouvait sentir le parfum de la chevelure couleur blé de la jeune femme. Elle sentait les fleurs et le printemps. Il ferma les yeux quelques secondes pour s'imprégner de l'odeur.

Perséphone sentit son cœur s'accélérer. Elle déglutit avec nervosité, puis se recula, vérifiant que l'attelle était bien en place.

— Il faudra nettoyer la plaie quand nous serons à Windsor.

Le brun acquiesça silencieusement.

Plusieurs minutes s'écoulèrent avant que l'un d'eux ne reparle à nouveau. Ils étaient encore secoués par leur rencontre avec Marcus et heureux d'avoir pu lui échapper. La blonde ne parvenait pas à comprendre comment elle avait fait. Elle observait la paume de ses mains en se demandant quelle magie elles pouvaient encore receler. Quelle était l'étendue de ces pouvoirs dont elle ne maîtrisait pas encore la puissance ?

Et une question lui trottait dans la tête.

— Lawrence... pourquoi tu n'as pas utilisé ton pistolet là-bas ?

Ça lui aurait semblé si facile de tirer sur Marcus, puis de s'enfuir. Il n'aurait rien vu venir.

— Les Lumos ne se battent pas avec des armes à feu. C'est une question d'honneur. Mais aussi, les balles n'auraient pas eu d'impact sur Marcus. Les Tenebris étaient des Lumos autrefois... notre acuité visuelle est plus performante que les autres humains et nous sommes plus agiles. Les balles sont facile à éviter. La seule façon de nous blesser est aux poings et avec un poignard. Il y a un cristal d'héliolite sur le mien : c'est une pierre solaire purificatrice. Elle me protège contre les Tenebris et rend les blessures que je leur inflige plus mortelles.

Il lui montra son poignard de plus près et Perséphone put remarquer le manche sculpté avec finesse représentant un soleil avec, en son centre, un cristal jaune.

— Marcus voit en pleine nuit comme je te vois en plein jour. Il est encore plus puissant et rapide quand la lune est dans le ciel. Tenter d'utiliser mon pistolet aurait été une grave erreur. Il m'aurait sauté à la gorge et je n'aurais pas eu le temps de me défendre.

Perséphone frissonna à cette pensée. Elle refusait que Lawrence soit davantage blessé pour la protéger. La jeune fille détestait être au centre des conflits. À l'orphelinat, elle évitait sciemment les bagarres quand elle le pouvait. Elle était apprécié de ses institutrices, car elle ne désobéissait que rarement et ne s'attirait pas les problèmes comme certains autres enfants. Ces qualités avaient sans doute facilité son adoption auprès des Wood qui avaient vu en elle les qualités d'une future lady si on lui en donnait les moyens et un peu d'éducation pour rattraper le coup des dix premières années de sa vie.

— Dans tous les cas, tu es la seule à pouvoir réellement vaincre Marcus. Je ne peux que le repousser. Avec un peu d'entraînement, tu pourras définitivement l'anéantir. Tu as fait une magnifique démonstration de tes pouvoirs dans la forêt

— Je ne suis pas certaine moi-même de ce qui s'est passé là-bas.

— Ma mère t'aidera. Elle a déjà aidé plusieurs jeunes filles à contrôler l'esprit du printemps au fil des siècles...

Cela rappela à Perséphone à quel point tout cela la dépassait et à quel point Lawrence était plus âgé que ce qu'elle s'était toujours imaginé. Il avait, au moins, vécu dix autres vies avant elle. Elle n'était qu'une jeune fille de plus sur la liste et, lorsqu'elle s'éteindrait, une autre prendrait sa place et Lawrence veillerait sur elle comme il avait veillé sur Perséphone.

— ... Marcus a dit quelque chose quand nous étions dans les bois.

Elle vit les épaules de Lawrence se tendre. La blonde baissa les yeux, mais alla tout de même de l'avant avec ce qu'elle s'apprête à dire.

— ... il a dit que si j'allais avec lui... je pourrais revoir ma mère. Est-ce que cela est vrai ?

Le brun crispa la mâchoire. Il n'avait pas l'air heureux qu'elle pose la question et n'avait pas l'air enclin à lui répondre.

— ... s'il te plaît, Lawrence, dis-moi la vérité, insista-t-elle.

L'homme prit une grande inspiration.

— Eh bien..., commença-t-il, prudent, le royaume de Tenebris est celui des morts. Ce serait techniquement possible, mais il est dangereux de s'aventurer là-bas ! Les morts et les vivants ne sont pas faits pour se côtoyer et cela doit rester ainsi.

Cela lui avait arraché la langue que d'admettre que, même si c'était complètement insensé, Marcus n'avait pas menti.

— Promets-moi que tu ne chercheras pas à retrouver ta mère, ajouta-t-il en tournant la tête pour la regarder droit dans les yeux.

Pendant une fraction de secondes, Perséphone hésita. Elle pinça les lèvres, incertaines, puis finit par hocher la tête sous l'insistance du regarder de son Gardien.

— Je te le promets.

Revoir sa mère tout comme résoudre le mystère de sa naissance étaient tentants tout comme croquer la pomme interdite, mais elle comprenait l'importance de garder les morts et les vivants à leur place. Elle refusait qu'un caprice de sa part mettre le monde entier en danger.

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L'Esprit du printempsWo Geschichten leben. Entdecke jetzt