Réapprendre à aimer : Mila ( Histoire terminée)

Chapitre 30

    Je me suis levé tôt et j'ai appelé ma fille pour savoir si elle avait un moment à me consacrer dans la journée puis j'ai occupé ma journée en réfléchissant à comment tourner mon annonce avant de la retrouver chez elle vers 18 heures. Après un café et un échange de nouvelles variées, je lui ai proposé d'appeler Jules en visio. Bien évidement il n'était pas super dispo mais après lui avoir dit de prendre cinq minutes il s'est isolé de ses potes et je leur ai annoncé calmement que je voyais quelqu'un depuis quelques temps et que c'était plutôt sérieux.

     Ils sont d'abord restés stoïques et même si je ne craignais pas leurs réactions je me suis inquiété. Puis Jules a ri n'y croyant pas, Camille m'a demandé si c'était vrai avec des étoiles dans les yeux et je me suis souvenu qu'ils ne m'avaient vu avec personne depuis leur mère. Bon ils n'étaient pas dupe non plus ils savaient que j'avais des coups d'un soir.

     — C'est vrai, confirmé-je.

     — Comment elle s'appelle ? Elle a des enfants ? Elle fait quoi dans la vie ? Elle a quel âge ?

     J'ai éclaté de rire devant l'avalanche de questions de ma fille et le regard interrogateur de son jumeau. Ce sont de chouettes gamins, je ne voulais pas qu'ils se sentent mis de côté mais je ne veux pas non plus trop leur en dire pour le moment.

     — Tout ce que je peux vous dire pour l'instant c'est qu'elle a mon âge, qu'elle a trois enfants, que je suis heureux et que j'espère que ça va durer.

     — C'est génial papa, me complimente Jules.

     — Oui papa, on est content pour toi. Tu nous la présente quand ?

     — Pas pour l'instant, m'esclaffé-je. Je voulais que vous soyez au courant mais on avance doucement.

     Ils essayent quand même de me tirer les vers du nez mais comme je suis heureux et que c'est le plus important pour eux ils se contentent de mes pauvres renseignements.

     Malheureusement pour Mila les choses ont été plus compliqué. Elle m'a appelé dimanche soir vers 21 heures et dès ses premiers mots j'ai deviné que quelque chose n'allait pas. Très vite elle a laissé ses sanglots éclatés tout en m'expliquant d'une voix hachée la réaction de ses enfants. Ils lui ont reproché de remplacer leur père trop tôt alors que ça fait plus de deux ans qu'il est mort. Ce n'est quand même pas si tôt que ça. Elle leur a dit qu'elle était encore jeune et qu'elle avait bien droit à un peu de bonheur, que quand ils seraient tous partit elle se retrouverait seule. Il s'en est suivi une discussion houleuse sur leur vie de famille, sur leur père. Les enfants ont tendance à idéaliser leur famille, leurs parents, à faire l'impasse sur certaines choses et c'est vraisemblablement ce qu'il s'est passé. En colère et frustrée, elle a lâché quelques infos, sans tout leur dire non plus et leur a parlé de son besoin de suivre une thérapie. Elle a vidé son sac entre cris et larmes et a mal vécu l'incompréhension de ses enfants. Elle ne s'attendait pas à ça, elle qui était si heureuse quand on en a parlé vendredi soir.

     Les deux aînés sont partis en claquant la porte avant même la fin du repas et la plus jeune n'a rien dit se bornant à s'enfermer dans sa chambre pour ne plus en ressortir, même pas pour dîner. Le soir tout était encore à vif, j'ai fait ce que j'ai pu pour la consoler et la réconforter à distance. Nous sommes restés  longtemps au téléphone, discutant de choses plus gaies pour lui changer les idées. Au moment de raccrocher elle s'est excusée du comportement de ses enfants comme si elle en était responsable. Elle regrette tellement qu'on ne puisse pas les faire se rencontrer.

     J'ai l'impression que maintenant qu'elle se projette réellement dans notre relation et que tout ne se passe pas comme elle l'imaginait ça devient compliqué à gérer pour elle. Je lui assure que ce n'est pas grave, que ce sera pour plus tard, qu'ils changeront sûrement d'avis et que quoi qu'il arrive je serai là. Je tente de la rassurer par tous les moyens mais c'est difficile.