Colère et solitude

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Christophe


- Non, tu n'as pas fait ça ? me questionne Anita.

Bien entendu, les deux cafteurs ont été tout rapporter. Et encore, ils ne savent pas que je n'ai pas pu m'empêcher de lui lancer une petite pique avant de partir.

Je n'y peux rien, cette fille titille ma curiosité et en même temps, j'ai envie de... je ne suis pas capable d'exprimer ce qu'elle m'inspire exactement. Sauf que j'ai l'impression de devenir un connard arrogant complètement abruti, lorsque je suis à ses côtés. Et pour un as du contrôle comme je le suis, ce n'est pas possible.

- Tu es toujours là ?

- Tu dois être très perturbée, puisque tu ne m'as pas affublé d'un de tes surnoms débiles, soufflé-je dans le combiné, afin de noyer le poisson.

- Venga ya ! Effectivement, si j'en perds ma langue maternelle alors, c'est que je me fais du souci. Mais Lucie était à la fois en colère tout en étant triste. Quant à Max, il était carrément furieux, il a même dit que tu étais aussi borné qu'Édouard.

Ouch ! Incontestablement, il devait vraiment être en rogne. Max ne parle pas de notre grand-père. Jamais ! Pour lui, il n'existe pas.

Pour Élisa, j'ai bien compris que son état l'avait affectée et je m'en suis voulu de l'avoir amenée à la résidence. J'ai dû faire des pieds et des mains pour ne pas qu'Édouard soit au courant. Je n'avais juste pas imaginé que de la voir catatonique allait porter un tel coup à Maximilien. C'est ce qui m'a motivé pour ne pas réitérer l'expérience avec les autres.

Les jumeaux s'en fichent... Je crois, il est toujours difficile de déchiffrer ce qui les anime. Anita a bien compris que de toute façon Élisa ne reconnaît personne, même pas son mari. Les filles semblent d'ailleurs plus cartésiennes. Quant à Mathéo, il m'en veut pour tout, pour sa naissance, pour notre père, etc. Pour lui, je suis responsable de tous les maux de la Terre et de son malheur. Alors que depuis que j'ai connaissance de son existence, j'accomplis tout ce que je peux pour l'aider.

Je reviens à la conversation lorsqu'il se racle la gorge.

- Désolé, Anita, je pensais à Mathéo...

- Tsss, qu'a-t-il fait encore celui-ci ? s'énerve-t-elle.

- Toujours la même chose des petits larcins sans gravité, mais j'ai peur que cela finisse mal pour lui, murmuré-je comme s'il pouvait m'entendre.

- Écoute, Chris, on ne se connaît pas depuis longtemps tous les deux. Seulement, tu n'es pas responsable de la vie de notre père et encore moins de ses choix. Je sais que cela va t'énerver, mais tu es une victime comme nous tous.

- Je ne vais pas te répondre, nous avons déjà eu cette conversation et tu sais ce que j'en pense. J'ai tout eu et vous rien, tu pourras me dire ce que tu veux, ce n'est pas juste ! fulminé-je.

- Querido, ne tire pas sur le messager, enchaîne-t-elle. Allez, parlons d'autre chose. Je décolle demain, tu viens me chercher à l'aéroport ?

- Hein ! Te chercher où ? Pour quoi faire ? m'exclamé-je, perdu.

Je discerne le son cristallin de son rire et des bribes de conversation derrière elle.

- Je t'envoie l'heure exacte par SMS, adios.

Je reste comme une andouille à examiner le téléphone pendant que la tonalité m'indique qu'elle m'a raccroché au nez. Comment j'en suis arrivé là moi ?

Mon Boss, Mes Livres & Ma Famille royale.Where stories live. Discover now