Qu'il me gave !

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Camille


Pendant tout le trajet dans les transports en commun, je me suis envisagé notre entrevue. Cela dit, pas une seule fois, je n'aurais pensé être accueillie ainsi. J'étais un peu en colère contre moi, car déambuler dans les rues avec des talons était une idée stupide ! Toutefois, ne pas vérifier son GPS et sa batterie, c'est du sabordage inconscient.

J'ai réussi à être à l'heure, mais j'ai perdu tous mes moyens devant les deux hommes qui se trouvaient auprès de Lucie.

Elle est comme je l'avais imaginée : blonde, un visage ovale, mais des traits doux. Elle respire la gentillesse et la bienveillance. Des cheveux couleur miel attachés en chignon, ses yeux sont gris comme les miens, juste d'une nuance plus claire. Par contre, je n'avais pas songé qu'elle serait en tenue de sport. Son corps parfait est l'exact opposé du mien, je suis tout en chair et elle, tout en muscle. Nous sommes le jour et la nuit.

Elle m'indique le nom des deux hommes qui l'accompagnent. Maximilien est le graphiste en chef, si je comprends bien ce qu'elle m'explique.

Les cheveux attachés en une espèce de truc flou sur le haut du crâne, il est aussi grand que Harry. Je me demande si sa chemise ne va pas craquer, étant donné comment le tissu est tendu au niveau de ses biceps et de ses pectoraux. Ses yeux verts ne doivent pas laisser les filles indifférentes et les petites pattes d'oie aux abords indiquent un tempérament taquin.

Il me plaît d'office. Ce qui n'est pas le cas du souverain des royaumes de glace à ses côtés. Limite, si je ne m'attends pas à voir des canines sortir de sa bouche ou l'entendre hurler à la lune. Il est carrément flippant.

Il ne nous parle pas, il semble hermétique à notre conversation. Ses yeux vont de Lucie à Maximilien. Il ne m'a même pas dit bonjour, en fait, c'est comme si j'étais invisible. Et je suis sûre que je sais pourquoi : je suis une romancière auto-édité.

Pour certaines personnes, écrire des romances ou de la fantasy, c'est limite une perte de temps. En plus, que je sois indépendante et tout de suite, on me catégorise comme une nympho ou une attardée. Voire au mieux une ratée et ça m'énerve de plus en plus.

J'écoute d'une oreille Max qui me renseigne sur ce qu'il a prévu comme campagne publicitaire. Quant à Lucie, elle m'expose les différentes choses que nous allons devoir nous acquitter, pendant que monsieur s'en carre l'oignon de notre présence. Je me réprimande, car je sens mes nerfs bouillir et Niagara risque de sortir pour dire un tas de gros mots, si je ne fais pas attention.

L'homme est aussi grand que Max, même s'il semble moins musclé. Il n'en reste pas moins qu'il dégage de sa personne une aura de danger. Ses yeux sont clairs, bien que je n'arrive pas à en connaître l'exact coloris. Ses bras sont croisés sur sa poitrine comme s'il se protégeait de nous et de notre discussion. Il doit passer souvent chez le coiffeur afin d'entretenir sa coupe parfaite.

Pourquoi je le fixe comme ça ? On dirait qu'il m'obsède ou alors, c'est son attitude qui me perturbe... Oui, c'est sûrement cela, je suis plutôt pipelette, je ne supporte pas le silence. Je tente une approche en le désignant du menton :

Il lui arrive de s'exprimer ou c'est une statue hyper réaliste ?

Mes interlocuteurs rigolent à mon trait d'humour et Lucie l'appelle :

— Chris, tu es avec nous ?

Aucune réponse. Max nous explique qu'il a dû passer la nuit sur des dossiers importants et qu'avec les délires de la presse à scandale, leur patron ne dort pas beaucoup.

Alors comme cela, c'est le PDG de cette entreprise. Je me demande s'il se déplace souvent pour ce genre d'événement ou si j'ai le droit à un traitement de faveur, lorsqu'il s'excuse sans même me regarder.

Mon Boss, Mes Livres & Ma Famille royale.Where stories live. Discover now