capucine et les filles

12

Ma gorge s'est serrée. C'était con.

Bien sûr que je me souvenais. Je me souvenais de la première fois quand je l'avais vu descendre du train.
Je me souvenais que je faisais la gueule, que quand j'ai vu qu'elle était belle ça allait mieux. Je me souvenais de la valise grise qui pesait trois cent kilos, de sa peau bronzé et du moment où elle a accepté un rendez-vous avec moi.
Je me souvenais de chacun des gestes qui m'avaient séduits, de la manière dont elle s'habillait bien, mais pas trop non plus, pour faire semblant que c'était pas fait exprès. Je me souvenais de nos premiers dates, de notre première nuit, de sa peau que je découvrais, de la première fois où on s'était dit je t'aime.
Je ne voulais pas pleurer, je n'étais pas comme ça. J'ai serré les dents et me suis concentré sur la route.

-Que je préfère les garçons ou les filles c'est pas ce qui me définit Charlie. C'est pas ce que je suis.

Elle a posé sa main sur la mienne. J'ai finalement regardé son visage. Deux larmes coulaient dessus.
Je m'en suis voulu. Mes mains se sont resserrées autour du volant.
-J'suis désolé. J'ai dit.

J'ai essuyé rapidement la larme qui commençait à couler sur ma joue.
-Pleure pas. A-t-elle dit en essuyant ses larmes.
-Moi? J'ai ricané. Je pleure pas. Jamais.

Elle a pouffé. Il y a eu un silence.
-Si il y a bien un truc qui change pas c'est que je t'aime. Même si t'es désagréable comme mec.
-Moi aussi je t'aime tu sais. J'ai dit.

J'ai chassé une nouvelle larme de ma joue, en toute discrétion. Cette scène était la plus niaise du monde.
Capucine m'aimait. Et moi aussi.