CHAPITRE 60

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CHAPITRE 60

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CHAPITRE 60

HEAVEN

— Je suis désolé.

La voix de Lewis me surprend et je tourne la tête dans sa direction. Nous sommes assis sur les balançoires givrées d'un parc désert. Emy vient tout juste de partir et je frissonne en me disant que ce sera peut-être pour toujours. Lewis, quant-à-lui, fixe un point imaginaire en face de lui. Je souffle.

Le couinement des chaînes quand je me balance fait malicieusement trembler le silence et je me mords la lèvre. Je me racle la gorge et réponds d'une voix enrouée par l'émotion :

— Je pense que c'est plutôt à moi de m'excuser, Lew...

— Non, il me coupe sans prendre la peine de me regarder.

Il se lève d'un bond et le bois de la balançoire lui tape les cuisses.

­— Ecoute... Je... je suis désolé. Ça fait un an qu'on se connait, et je n'ai rien vu.

J'avale ma salive avec difficulté, l'estomac noué et les mains moites.

— Que... qu'est-ce que tu veux dire ?

Mais je sais très bien de quoi il parle. Ma voix tremble, ma gorge me fait mal, mes yeux me piquent. Cela fait trop d'émotions en une seule journée. Entre la perte de ma meilleure amie et les pseudo-retrouvailles de mon ami, je ne sais plus où donner de la tête et ça me donne le tournis.

Lewis ôte son bonnet pour passer sa main dans ses cheveux désormais bruns.

— Je n'ai jamais réalisé que tu n'étais pas toi-même. Je n'ai jamais pris le temps de voir la fille blessée que tu cachais sans arrêt derrière tes sourires. Je suis un bien piètre ami.

Il sourit tristement et soupire. Un nuage blanc apparaît devant ses lèvres jointes.

— Comme quoi, ma beauté, aussi éblouissante soit-elle, ne fait pas tout.

Je ne sais pas vraiment si je dois rire ou pleurer, alors je me contente de grimacer en tortillant une mèche de mes cheveux autour de mon index.

— Lewis, tu ne pouvais pas savoir.

Je suis plutôt surprise de le voir acquiescer d'un hochement de menton.

— C'est vrai.

Il secoue la tête et mon regard rencontre ses prunelles grisâtres. Il continue.

— Mais maintenant que j'en sais un peu plus sur ce qui t'est arrivé, merci Emy, je le peux. Je peux te comprendre. T'aider. Alors je te promets que je serai dorénavant le meilleur pote que tu puisses avoir. Je vais te montrer ce que c'est d'être parfait. Tu ne seras plus jamais seule.

Les battements de mon organe vital accélèrent et je souris de toutes mes dents, les larmes perlant aux bords de mes yeux.

Je me souviens, maintenant, pourquoi j'ai un peu craqué pour Lewis à mon arrivée à la Golden Academia. Pourquoi, malgré ses allures de mauvais garçon, j'ai finalement laissé la porte de mon cœur entrebâillée pour le laisser entrer alors que je venais d'en perdre la clé. Et pourquoi, aujourd'hui, même si Emy est partie, il est toujours là auprès de moi.

Lewis n'est pas une rose. Il est un lys.

Si la rose est une reine, le lys est un roi.

— Merci.

Il m'offre le plus sincère des sourires et ébouriffe mes cheveux avec une pincée d'amitié et un zeste de fraternité.

— Tu n'as pas à me remercier ! C'est normal entre potes, non ?

Je renifle et essuie mon visage à l'aide de mes mains engourdies par le vent glacé.

— Oui, je ferai de mon mieux aussi. Mer...

— Tut, tut, tut ! Qu'est-ce que je viens de dire ? me gronde-t-il.

Je laisse échapper un petit rire gêné.

— Oui, désolée. Merci.

Il rejette la tête en arrière pour s'exclamer :

— Rahh ! T'es pas possible !

Je croise ses iris et nous éclatons de rire, heureux et soulagés de retrouver enfin notre amitié, encore plus forte qu'auparavant.

Cette année, les vents violents de mon hiver ont ramené les problèmes. Les disputes. Les remises en question. La solitude.

Les mauvais pétales.

Mais ils ont aussi écarté mes malheurs. Mes nuages d'orage. Mes mensonges. Et je ne peux m'empêcher de me réjouir de l'arrivée imminente du printemps. Du renouveau.

Des nouveaux pétales.

Peut-être que je vais enfin pouvoir éclore et devenir la plus magnifique des roses. Mais en miroir, peut-être qu'Andreas va faner pour de bon, étouffé par la beauté de mon bonheur qui ignore si bien sa souffrance profonde.

Que c'est facile de sourire quand au fond, on a juste envie de hurler.

Que c'est facile d'ignorer la douleur des autres pour ne se concentrer que sur soi-même.

Que c'est facile de laisser glisser les doigts qu'on maintient dans ses mains de toutes ses forces et de voir le corps de celui qu'on aimait tant chuter dans le vide. Le néant. La mort.

Comme c'est facile de mourir.

N'est-ce pas, Andreas ?

A suivre...

Tic, tac, 

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Tic, tac, 

l'horloge tourne.

Plic, ploc,

le sablier se vide,

et la fin de l'histoire approche. 

Vos avis ?

Vous aimez Lewis ?

Vous êtes heureux de voir Heaven évoluer ?

Kiss and ça me fait bizarre de raconter une histoire qui se passe en hiver, au beau milieu de l'été mdrr

edelina37

ERASERWhere stories live. Discover now