Chapitre 43

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Mia courut dans la nuit. Il lui parlait encore mais elle était déjà loin. Elle essayait de retrouver la cabane. Le jour allait se lever mais elle n'arrivait pas à revenir sur ses pas. Et si elle arrivait trop tard, et si elle n'arrivait pas à rejoindre Henri avant que l'autre ne l'emporte ?

Elle voulait le toucher encore, le voir, l'embrasser. Elle voulait disparaître après ça, elle priait que la magie vienne de lui ou de la forêt et qu'en quittant l'un ou l'autre elle s'efface. Qu'elle s'envole en un nuage de poussières comme les étoiles du brasier tout à l'heure, en emportant l'ultime souvenir de son amour miracle. En emportant cette courte vie incroyable, cette chance inespérée de vivre encore après avoir cessé d'être. De vivre plus qu'en vivant vraiment. C'était le souhait qu'elle envoya à ces forces inexplicables et supérieures quand elle ferma les yeux sur ses larmes, épuisée par sa course incertaine.

Et en sentant son souffle se calmer, son cœur s'apaiser, elle entendit la rivière. Ainsi elle su la trouver en quelques secondes. Ce qui lui permit de remonter jusqu'à la cabane où Henri dormait encore.

Il sentait le soleil chauffer son visage à travers la fenêtre de la chambre. Et quand elle monta doucement dans le lit et caressa son bras, remontant le long de son épaule pour finir sur son visage, il se réveilla doucement.

C'est ce qu'elle voulait emporter. Elle voulait le graver à l'intérieur de ses paupières et ne plus jamais ouvrir les yeux.


- Henri...

- Mia, tu me regardais dormir ?


Il se redressa en la voyant pleurer mais elle l'intima de la laisser parler en plaçant un doigt en travers de ses lèvres.


- Mia ?

- Il est revenu, il est dans la forêt. Il va m'emporter loin de toi, il... Je ne sais pas comment le retrouver, je n'ai pas fais attention au chemin, je suis désolée...



Henri voulu se lever en comprenant de plus en plus l'urgence de ce qu'elle disait.



- Reste avec moi on n'a plus beaucoup de temps. Je veux que ton visage soit la dernière chose que je verrais... Je n'ouvrirai plus jamais les yeux, je...

- Essaye de te souvenir, je peux l'arrêter.


Il la touchait aussi, il caressait sa peau et ses cheveux, il voulait disparaître avec elle.

- Non, Henri, je ne veux pas te perdre comme ça, il est trop dangereux, je veux te garder comme je t'ai trouvé, ici, chez nous.

- Je te retrouverai, pleura Henri, j'arrêterai jamais de te chercher, promit-il.

- J'arrêterai jamais de t'aimer.


Et quand il baissa les yeux, n'arrivant plus à retenir ses larmes, elle laissa son corps glisser contre le sien alors qu'il l'attirait pour la prendre dans ses bras. Elle déposa un long baiser salé sur ses lèvres et se laissa pleurer aussi. Ils en avaient le droit, ils s'aimaient tant mais se rendaient compte que finalement cette amour n'avait aucun pouvoir contre le mal.

Où était le goût de l'éternité maintenant ? Où serait-elle demain ?

Maxime resta de longues minutes à attendre encore un signe de sa présence. Mais rien. Et il comprit qu'elle était partie. Probablement pour le retrouver là-bas, dans cette cabane miteuse. Et s'il pensait gagner en l'emportant avec lui, il se sentit trahi en imaginant qu'elle essaye encore de lui échapper.

Pour qui se prenait-elle ?

Mia était à lui, elle n'était qu'à lui !

MinuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant