Chapitre 9

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Mia vit la voiture de son père sortir du chemin de terre. Il se gara devant le muret mais tarda un peu à sortir. Avec les reflets du soleil sur la vitre elle n'arrivait pas à le voir. Et pourtant, elle n'attendait que ça, il lui manquait tant. Malgré tout, elle ne se précipita pas dehors. Bien trop effrayée par la réalité... s'il ne pouvait pas la voir, la toucher, lui parler, alors tout ça n'aurait vraiment aucun sens. Henri était anxieux également mais n'en montrait rien. Il était épuisé, peut-être trop pour laisser vivre ses émotions. Il avait vu son reflet dans le miroir, ses cernes, son teint pâle ce n'était pas beau à voir, sa mère serait très inquiète si elle le voyait comme ça. Il ressemblait au petit garçon mourant qui s'essoufflait rien qu'en sortant de son lit le matin.


- Et s'il peut me voir, qu'est-ce qu'on va faire, s'interrogea Mia à voix haute.


Alors, sans même s'en rendre compte, sans y penser, elle posa sa main sur celle d'Henri. Le jeune homme regarda ce contact et ressentit la chaleur de sa paume.


- Je le vois, murmura Mia en le regardant, son sourire était sincère mais ses yeux brillants de larmes aussi.

- Tout ira bien, la rassura Henri qui n'en savait rien.


Louis arriva jusqu'à la porte, en civile, avec sa chemise usée à carreaux décolorés. Il portait sa lourde caisse à outils et revissa sa casquette sur son crâne avant de toquer. Mais Henri ouvrit la porte rapidement, faisant sursauter son visiteur.


- Eh, ça va fils ?

- Oui, et vous ?


Mais déjà Henri regardait vers Mia près de la fenêtre. Son père ne la verrait pas, car elle avait disparu. Le jeune homme resta un moment figé à regarder le vide avant de revenir à la réalité.


- Henri, tu dors debout ? T'as mauvaise mine !

- Oh, excusez-moi Louis, je suis un peu fatigué.


Il essaya tant bien que mal de garder une voix égale. Mais que Mia ait disparu comme ça le terrifiait.


- Tu es sûr que tu peux faire les travaux avec moi ? Je peux m'en charger seul tu sais.


Henri fouillait la pièce du regard tandis que Louis ouvrait la porte du fond pour voir la chambre. Le gendarme trouvait le gosse bizarre aujourd'hui, mais il comprenait qu'il devait être fatigué à cause de son cœur.


- J'ai beaucoup pensé à notre conversation vous savez... À Mia aussi.


Henri voulait faire parler Louis.


- Moi aussi, j'y pense tous les jours. Mais ça m'a fait du bien de parler d'elle tu sais. J'ai l'impression de guérir un peu même si je ne m'en remettrais jamais. Ne pas savoir, ça tue à petit feu. Mais quelque part, me souvenir d'elle comme elle était, ça la fait revenir un peu je crois.

- Je voudrais tellement pouvoir vous aider.

- Je n'aime pas te savoir dans cette forêt, tout seul. J'ai l'impression qu'elle est dangereuse. Je ne viens plus jamais ici.

MinuitWhere stories live. Discover now